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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/12

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DICTIONNAIRE

DE

THÉOLOGIE CATHOLIQUE

Séparateur

M

(suite)


MESSE.

VI. LA MESSE EN ORIENT DU IV » AU IX* SIÈCLE.


I. La doctrine des Pères orthodoxes.
II. La messe chez les nestoriens et les monophysites (col. 1327).
III. La doctrine sur le sacrifice de la messe et le développement des rites liturgiques (col. 1329).

I. La doctrine des pères orthodoxes.

On retrouve chez les Pères du ive siècle et des siècles suivants les affirmations des Pères anténicéens sur le caractère sacrificiel de l’eucharistie, la relation de ce sacrifice non sanglant avec le sacrifice sanglant de la croix, son efficacité salutaire pour les vivants et pour les morts, son quadruple caractère latreutique, eucharistique, propitiatoire et impétratoire, qui en fait la substitution parfaite des sacrifices multiples de l’Ancienne Loi. La foi de l’Église sur ces divers points ne subit ni éclipse ni variation. Leur ensemble est maintenu dans la piété chrétienne par l’oblation quotidienne du sacrifice, suivant un rituel qui, sous la variété des formules et les divergences de détail, reste le même en ses lignes essentielles dans toutes les Églises. Il y a dès lors peu d’intérêt à passer en revue la série chronologique des Pères et des écrivains ecclésiastiques pour recueillir sur leurs lèvres les simples affirmations déjà rencontrées chez les premiers témoins. Mieux vaut s’arrêter à quelques passages bien choisis de certains d’entre eux qui accusent un certain progrès dans l’explication du dogme, et éclairent de quelque lumière l’une ou l’autre des thèses classiques de la théologie actuelle.

Il ne faut pas, du reste, nous attendre à trouver chez les Pères des conceptions systématiques soit sur la nature du sacrifice en général ou l’essence du sacrifice de la messe en particulier, soit sur les relations de celui-ci avec le sacrifice de la croix ou avec ce que certains nomment le sacrifice céleste. Ces synthèses sont d’un autre âge, et quiconque veut monopoliser au profit de son système les données patristiques risque fort de faire fausse route et de prêter aux anciens des idées étrangères à leur perspective.

Ces considérations nous déterminent à suivre, dans l’exposé de la doctrine des Pères orientaux, l’ordre synthétique plutôt que l’ordre chronologique. Nous allons donc mettre sous les yeux du lecteur quelques textes de valeur sur chacune des thèses classiques du traité de la messe :
1° Jésus-Christ, à la dernière cène, en instituant l’eucharistie, a offert un vrai sacrifice ;
2° La messe est un vrai sacrifice et la reproduction du sacrifice de la cène ;
3° La consécration du pain et du vin et leur changement au corps et au sang de Jésus-Christ constitue l’acte central et principal du sacrifice eucharistique ;
4° La messe représente et reproduit mystiquement le sacrifice de la croix ;
5° La messe remplit les quatre fins du sacrifice.

Jésus-Christ, à la dernière cène, a offert un vrai sacrifice.

Que Jésus-Christ, à la dernière cène, en instituant l’eucharistie, ait offert à Dieu un vrai sacrifice et se soit manifesté par là prêtre à la manière de Melchisédech, conformément à la prophétie du psaume cix ; que dans ce sacrifice il y ait eu une certaine immolation de la victime qui était lui-même, immolation non sanglante, mais simplement symbolique et mystique : c’est ce qu’enseignent communément les Pères grecs à partir du iv siècle. Les témoignages abondent. Rapportons-en quelques-uns des plus explicites.

Voici d’abord l’affirmation d’Eusèbe de Césarée, Dcmonst. evangel., l. V, c. iii, P. G., t. xxii, col. 365 D : « De même que Melchisédech, qui était prêtre des Gentils, n’est présenté nulle part comme ayant offert des victimes d’animaux, mais seulement du pain et du vin, lorsqu’il bénit Abraham ; de même Notre-Seigneur et Sauveur lui-même d’abord te premier, puis tous les autres prêtres établis par lui et dispersés parmi toutes les nations, lorsqu’ils célèbrent le sacrifice spirituel selon les règles ecclésiastiques, r » ]V ~vsu[.i.aTt, XY]V èmTSAoGvTSÇ xarà toùç ÊxxA7)aioccrn.xoù< ; Geapioùç îepoupyîav, représentent mystérieusement, oùvîttovtoci, par du pain et du vin le sacrement de son corps et de son sang salutaire. » Même affirmation chez saint Athanase ou l’auteur, quel qu’il soit, du Sermo major de fide, 29, P. G., t. xxvi, col. 1284 C : « C’est par son corps que le Christ est devenu et a été appelé pontife par le sacrement qu’il nous a transmis en disant : Ceci est mon corps pour vous, et : Ceci est mon sang, sang de la Nouvelle Alliance, non de l’Ancienne, qui est répandu pour vous. Cf. Théodoret, Dial. contra heeres., ii, P. G., t. î.xxxiii, col. 180, qui cite le même passage sous le nom de saint Athanase.

Dans son premier discours In Christi resurrectionem, P. G., t. xlvi, col. 612 CD, saint Grégoire de Nysse