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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/145

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bêtes de toute sorte, même de poissons et de mollusques, ibid., 92 ab. Platon ne parle pas comme Empédocle d’une réincarnation dans les plantes, mais, sous cet le réserve, il énonce la doctrine de la palingénésie, dans sa forme la plus générale et les corps de tous les animaux, sans exception, paraissent susceptibles de recevoir les âmes humaines déchues.

Cette affirmation semble en contradiction avec plusieurs textes du Phèdre et de la République. Cf. A. Hivaud, Tintée, Paris, 1925. D’après Phèdre, 249 b c, une âme animale, au sens propre du terme et qui n’a jamais contemplé la vérité, ne peut pas subsister dans un corps humain. Ne faut-il pas admettre, inversement, qu’une âme humaine, même déchue, ne peut pas davantage exister dans un corps d’animal ? D’ailleurs, ce qui caractérise proprement l’homme, c’est la présence de l’âme supérieure, 8aîtLcov, que le démiurge a façonnée pour lui, du génie, de la fyuyj) et du Xéyoç. Or cette faculté proprement humaine manque chez les bêtes. République, iv, 4-Il a b. Pourtant, si la réincarnation sous une forme animale est un châtiment, ce châtiment ne peut atteindre que le voûç. Et comment l’intellect, étranger entièrement à la nature animale, pourrait-il habiter en elle, ne fût-ce qu’un instant ?

Les disciples de Platon, Proclus nous l’apprend, In Tim., 42 bc, édit. Diehl, t. iii, p. 294, avaient vu Cette difficulté, sans parvenir à trouver une solution satisfaisante.

Certains avaient soutenu que l’âme spirituelle, partout identique, n’est pas toujours active et consciente au même degré, qu’elle se dégrade et s’endort parfois, jusqu’à ne plus pouvoir animer un corps d’homme (Aétius, Doxoqr., 432 a, 15). Telle était peut-être la pensée de Platon, mais nulle part, il ne l’exprime avec précision.

E. Hohde a suggéré une autre hypothèse. D’après lui, Platon, vers la fin de sa vie, aurait ramené tout le contenu de l’âme à la faculté intellectuelle et rejeté dans le corps toutes les autres fonctions psychologiques. Mais alors il était forcé de renoncer à la palingénésie. Il ne l’aurait plus conservée dans le Timée, que par une fidélité instinctive aux opinions des orphiques et d’Empédocle, et aussi en raison de ses avantages pratiques et de l’appui que cette doctrine peut apporter aux vérités morales. — Mais c’est méconnaître l’esprit du platonisme que de réduire ainsi l’importance de la croyance aux métempsycoses. Quelle que soit la valeur du mythe, par lequel il la traduit en images, la foi en un progrès ou en une déchéance possible des âmes, la confiance en l’effort de la raison pour maîtriser les instincts inférieurs est un élément caractéristique et permanent de la philosophie de Platon. Ce qui est vrai, comme E. Hohde l’a noté, c’est que la doctrine platonicienne de l’âme fait place à des données d’origine et de nature différente. Platon amalgame en un tout l’ancienne croyance orphique ou pythagoricienne et la conception plus moderne de l’âme, principe des fonctions corporelles. Le Timée nous offre en ce sens la première ébauche, déjà très complète, de toutes les doctrines de l’âme humaine, qui dominèrent la philosophie, depuis Aristote jusqu’à Descartes, Spinoza et Leibnitz. Cf. Gaye, The Platonic conception <>/ immortality and ils connexion with Ihe theory ofideas, Londres, 1901.

Ce sciait d’ailleurs se méprendre sur la pensée de Platon que de prendre à la lettre tout ce qu’il décril si minutieusement dans ses mythes. Car, d’après lui, le mythe est un mensonge, mais qui renferme de la vérité. République, ii, 377 a. L’emploi du mythe est comme un aveu d’impuissance ; on y a recours pour expliquer d’une façon quelconque les problèmes que la raison se pose, sans pouvoir les résoudre, et dont

l’homme demande une solution telle quelle. République ii, 382 d. Ce sont peut-être des contes de vieilles femmes, mais comment les mépriser si nous n’avons rien de mieux, rien de plus exact à dire, (iorgias, 527 a ; cf. The Myths oj Plato, Iranslated by J. A. Steward, Londres, 1905, p. 108-302 ; Brochard. J.cs mythes de Platon, Études de philos, anc. et mod., Paris, 1912.

Mais l’iaton, sans attacher le même importance à tous les détails de ses mythes, considère la réincarnation comme une doctrine philosophique dont il prétend nous donner les preuves dans le Phédon. La première est tirée de l’ordre général de la nature, la nature est gouvernée par la loi des contraires ; par cela seul doncque nous voyons dans son sein la mort succédant à la vie, nous sommes obligés de croire que la vie succède à la mort. D’ailleurs, rien ne pouvant naître de rien, si les êtres que nous voyons mourir ne devaient jamais revenir à la vie, tout finirait par s’absorber dans la mort, et la nature deviendrait un jour semblable à Endymion.

Une preuve plus précise est tirée du prêter. du fait de la réminiscence. Apprendre n’est pas autre chose que se souvenir. Or si notre âme se souvient d’avoir déjà vécu avant de descendre dans ce corps, pourquoi ne croirions-nous pas qu’en le quittant elle en pourra animer successivement plusieurs autres ? Entre deux vies, s’il ne se présente pas sur-le-champ un corps préparé pour elle, elle va aux enfers. Dans le livre X de la République, Platon fixe à mille ans l’intervalle qui sépare deux incarnations successives.

Il y a une fin possible à ces incarnations successives. Si l’âme se retire pure, sans conserver aucune souillure du corps, comme n’ayant eu volontairement avec lui aucun commerce, mais, au contraire, comme l’ayant toujours fui et s’étant toujours recueillie en elle-même en méditant toujours, c’est-à-dire en philosophant avec vérité et en apprenant effectivement à mourir (car la philosophie n’est-ce pas une préparation à la mort ?) ; si l’âme se retire, dis-je, en cet état, elle va à un être semblable à lui, à un être divin, immortel et plein de sagesse, dans lequel elle jouit d’une merveilleuse félicité, délivrée de ses erreurs, de son ignorance, de ses craintes, de ses amours qui la tyrannisaient et de tous les autres maux attachés à la nature humaine ; et, comme ou le dit de ceux qui sont initiés aux saints mystères, elle passe véritablement avec les dieux toute l’éternité.

6. Aristote.

Certains ont voulu interpréter dans le sens de la métempsycose le fameux texte du De generatione animalium, t. VI, c. iii, 73(> b, 27, mais c’est bien à tort, car la vraie traduction semble être : L’âme humaine n’est pas tirée de la midière, elle vient du dehors, c’est-à-dire de Dieu, et ainsi elle peut être appelée divine. C’est ce qui résulte du dédain avec lequel. De anima, t. I, c. iii, 407 b, Aristote parle des » fables pythagoriciennes », ne pouvant admettre que « n’importe quelle âme puisse entrer dans n’importe quel corps » — ce qui paraît d’ailleurs bien impossible si l’on admet que l’âme est la forme ou l’acte du corps. Ailleurs, Métaphysique, t. XI, c. iii, 1070 a, 21 sq., il déclare que la forme substantielle n’est produite qu’avec le compose.

8° Romains. Les anciens Romains croyaient à la survivance, comme le prouve le culte envers les Mânes, les Larves et les Lémures, que l’on honorait avec une piété louchante ou que l’on conjurai ! comme des hôtes importuns et nuisibles.

Ils héritèrent de la métempsycose par Ennius, poète de Calabre. Dans ses Annales, il raconte avoir vu en songe Homère, qui lui a déclaré que la même âme qui a animé les deux poètes, avait nul refois appartenu à un paon. Cf. I Iorace, Épîlres, 1. 1 1. 1 : l’erse..S’aL, vi, 9 ; Lucrèce, I. I, v. 121. On admet que l’Rpicharmus d’En-