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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/17

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MESSE EN ORIENT, NESTORIENS ET MONOP H YSITES


rial de cet unique et salutaire sacrifice, comme nous l’a ordonné le Seigneur lui-même : Faites ceci en mémoire de moi ; afin que par la méditation nous fassions revivre en notre souvenir la représentation des souffrances endurées pour nous, et que nous excitions en notre cœur la flamme de l’amour envers notre bienfaiteur, attendant la jouissance des biens futurs, oûx âL/7]v -uvà 6uaîav 7tpoacpspo}i.£v, àXXà xîqc, ! i.tà ; èxelwjç v.y.X aa>r/)ptou tt ; v (xv^[i, 7 ; v hni-zkQx>Lzv.., . ïva Tir, 9s<ùpîa tov tûttov tcôv ûreèp rj[i.ôiv yeysv^pLSvcov &va[JLi[iV7](TX<î>[xe9a 7C » 07j(xàTû>v. » In Hebr., ix, P. G., t. lxxxii, col. 736 B.

Terminons par ce passage du traité d’Euloge d’Alexandrie que nous a conservé Photius, Bibliotheca, cod. cclxxx, P. G., t. civ, col. 340-341 : après avoir affirmé l’unité du sacrifice de la Nouvelle Alliance cet auteur ajoute : « Le redoutable mystère du corps du Christ que nous célébrons n’est pas l’offrande de sacrifices différents, mais le rappel du sacrifice offert une seule fois ; le Seigneur a dit, en effet : Faites ceci en mémoire de moi, où Ouaiôiv Ictti 81x<p6pcov TZ’tG7.yu>yi], àXXà ttjç kkixJE, 7rpoævY)vsy[xévy]ç GuaExç àvâ[i.vT)<nç. »

Les fins du sacrifice.


Il n’y a pas lieu de s’arrêter longuement à l’enseignement des Pères sur les fins et l’efficacité du sacrifice de la messe. Ils répètent ce qui est clairement marqué dans les liturgies orientales. C’est, la plupart du temps, en faisant allusion aux prières rituelles qu’ils parlent du sujet.

La messe est avant tout pour eux un sacrifice de louange et d’action de grâces pour les immenses bienfaits de Dieu et spécialement celui de la rédemption. Ils insistent sur l’action de grâces, et c’est tout naturel, puisque ce sacrifice s’appelle l’eucharistie. Voir, par exemple, Eusèbe, Demonst. evang., t. I, c. x, P. G., t. xxii, col. 92 B ; saint Cyrille de Jérusalem, Catech. mysl., v, 5, t. xxxiii, col. 1113 sq. ; saint Jean Chrysostome, In Matth., hom. xxv, 13, t. lvii, col. 331, où il explique le mot eùxapia-uoc ; In I Cor., hom. xxiv, 1, 4, t. lxi, col. 199.

Ils signalent aussi le caractère propitiatoire de ce sacrifice. Saint Cyrille de Jérusalem, toc. cit., 8, col. 1116 A, lui donne le nom de 6ucna tou lXaa[Lo5 et dit que nous offrons le Christ immolé pour nos péchés, XpiOTÔv ea7ayi.aa[iivov ÛTrèp Y)[i.eTepcov à(xocpTTj ; j.âTwv 7tpoaçépo[j.sv. Col. 1117. Cette propitiation vise non seulement les péchés des vivants mais aussi les péchés des morts, et les morts en reçoivent soulagement, ibid., col. 1117 ; cf. saint Jean Chrysostome, De sacerd., vi, 4, t. xlvii, col. 680 ; In Philip., hom. iii, 4, t. lxii, col. 203 ; In I Corinlh., hom. xli, 5, t. lxi, col. 361. Ce n’est pas, du reste, ici le lieu d’examiner cette question de la prière pour les morts, qui sera traitée à l’article Purgatoire.

Pour ce qui est de la prière de demande pour les vivants, les Pères se plaisent à rappeler aux fidèles dans leurs homélies les magnifiques prières des liturgies orientales où les différents membres de l'Église sont nommés, et les diverses catégories d’affligés et de malheureux, expressément mentionnées ; où toute grâce est demandée, où aucun membre de la famille humaine n’est oublié.


II. La messe chez les nestoriens et les monophysites. —

Les controverses christologiques du v° siècle, qui amenèrent la création des Églises nestorienne et monophysite, ne furent pas sans avoir une certaine répercussion sur la théologie eucharistique, spécialement à propos de la transsubstantiation (voir article Kuciiamstie, t. v, col. 1166 sq.) ; mais elles laissèrent intacte la croyance au sacrifice de la messe. Aussi trouve-t-on sur cette question chez les théologiens nestoriens et monophysites une doctrine équivalente à celle des Pères orthodoxes. Quelques citations suffiront à le prouver.

Dans une de ses homélies, Nestorius met bien en relief l’idée du sacrifice eucharistique, reproduction symbolique du sacrifice de la croix : ^ Aux fidèles comme à des soldats est offerte la solde royale que sont les saints mystères ; mais l’armée des fidèles, on ne la voit nulle part ; comme une paille légère, le vent de la négligence les a emportés avec les catéchumènes. Le Christ est symboliquement crucifié, immolé par le glaive de la prière sacerdotale ; mais, comme aux jours de la passion, ses disciples ont pris la fuite, xal CTTa’jpo’jTa'. (Asv xxrà tov t’jttov XpiaTOç, t ?) ttjç ispaTix^ç e’J/rjç jjiaxaîpqe ocpaTT6 ; j.evoç. » Loofs, Nestoriana, Halle, 1905, p. 241. On trouve dans ces paroles un écho de celles de saint Grégoire de Nazianze rapportées plus haut ; elles^montrent en la consécration l’acte central du sacrifice, par lequel la victime, qui est Jésus-Christ, est immolée. On peut seulement se demander si, en parlant de la prière sacerdotale, Nestorius fait allusion aux paroles du Seigneur ou à celles de l'épiclèse.

En fait, il semble que la doctrine sur la forme de l’eucharistie se soit obscurcie très vite chez les nestoriens. Déjà sur la fin du v° siècle, Narsaï, un de leurs docteurs, paraît bien faire du Saint-Esprit le prêtre principal du sacrifice et lui attribue le rôle que saint Jean Chrysostome reconnaît à Jésus. Expliquant dans une de ses homélies les prières et les rites de la messe, il dit en propres termes : « Le Saint-Esprit descend à la demande du prêtre et il célèbre les mystères par la médiation du prêtre, qu’il a consacré. Ce n’est pas la puissance du prêtre qui célèbre les adorables mystères, mais c’est le Saint-Esprit qui les célèbre par sa mystérieuse présence. » Il ajoute qu’après les trois signes de croix faits au moment de l'épiclèse, le sacrifice est accompli. Homil., xvii, Expositio myster., publiée par Connolly, Theliturgical homilies of Narsaï, dans Texts and Studies, t. viii, 1909, p. 21, 22. Voir aussi Hom., xxi, De baptismo, p. 58, Hom., xxxii, De sacerdotio, p. 66-67. C’est peut-être sous l’influence de cette doctrine sur l'épiclèse que l'Église nestorienne, déjà depuis plusieurs siècles, a supprimé le récit de la cène avec les paroles du Seigneur dans la messe dite des Apôtres, qui est la plus usitée.

On peut cependant recueillir chez d’autres théologiens nestoriens des textes favorables à la doctrine catholique. C’est ainsi qu’Ebed Jésu, au xive siècle, dans le court chapitre qu’il a consacré à la messe, dans son ouvrage : De la vérité de la religion chrétienne, traduit en latin et édité par Mai, Scriptorum veterum nova collectio, t. x b, p. 358-359, après avoir rapporté les paroles dominicales ajoute : Hoc itaque prsecepto dominico mulatur panis in sanctum ejus corpus, et vinum in pretiosum ejus sanguinem, et fiunt in remissioncm peccatorum, et in emundationem et illuminationem et propitiationem. Il faut ajouter que, dans les deux autres messes nestoriennes, dites de Théodore de Mopsueste et de Nestorius, l'épiclèse est séparée des paroles du Seigneur par de longues prières, et paraît de ce fait perdre de son importance, la présence réelle étant déjà supposée par ces prières.

Chez les docteurs monophysites, la doctrine traditionnelle est bien conservée. Le pseudo-Dcnys (qui est peut-être Sévère d’Antioche) enseigne clairement non seulement que l’eucharistie est un sacrifice, mais que la consécration en constitue l’essence : Après la préface, le pontife « procède à la célébration mystique du sacrifice en la manière que Dieu a instituée… Il s'écrie au Seigneur : « Vous l’avez dit : Faites ceci en mémoire de moi. » Puis il demande la grâce de n'être pas indigne de ce ministère par lequel l’homme imite un Dieu, et de retracer Jésus-Christ dans la célébration