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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/206

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MICHEL DE LA FUENTE — MICHEL GLYKAS


de leur mortification et de la pratique des vertus, ainsi que de cette oraison discursive où l’imagination joue un grand rôle ; enfin des visions corporelles et imaginatives. Dans le t. II, il traite surtout de l’oraison discursive et affective, qui finit par l’oraison de recueillement, où il admet la contemplation acquise, sans cependant se servir de cette expression ; enfin il y parle des visions, paroles et révélations intellectuelles. Le 1. III traite des oraisons et unions strictement mystiques. — 2° Compendio historial de Nueslra Sefwra del Carmen, Madrid, Rodriguez, 1619, in-4°, fol. x-288-24. Puis quelques opuscules à l’usage des membres de ses confréries. Alègre de Casanate et Louis Jacob lui attribuent encore quelques autres ouvrages.

Nicolas Antoine, Bibliolheca hispana nova, t. ii, p. 107 ; J.-B. de Lezana, Annales, Rome, 1645-1656, t. iii, p. 525, n. 29 ; Daniel de la V. -Marie, Vinea Carmeli, Anvers, 1662, p. 516, n. 923 ; Spéculum carmelHanum, Anvers, 1680, t. ii, p. 988 b et 1078 fc-1079’a, n. 3464 et 3782 ; Pierre de Oxea, S. J., Vida del vénérable pénitente, el Padre 1-ray Miguel de la Fuente, Saragosse, 1674 ; Jacques de la Passion, De stralen uan de sonne van den II. Vader en Propheet Elias desc loopende eeiuve, verspreydl doore de Koningh-rycken van Spagnien, Liège, 1684, p. 43-78, oii il y a. son portrait, ainsi qu’un abrégé de la vie écrite par le P. Pierre de Oxea ; la notice du P. Jean de S. -Ange dans l’édition 1710 du Libro de las 1res vidas ; notice qui a été omise dans l’édition de 1887 ; Cosine de Villiers, Bibliolheca carmelilana, Orléans, 1752, t. ii, col. 453-455, n. 150.

P. Anastase de Saint-Paul.

6. MICHEL GLYKAS (seconde moitié du

xu° siècle), connu comme historien byzantin, mérite de l’être encore davantage comme théologien.

I. La personne.

Né à Corfou, d’après une note de copiste, dans le premier tiers du xiie siècle, il fut secrétaire à la cour impériale. Impliqué dans un procès de sorcellerie, il fut jeté en prison par ordre de l’empereur Manuel Comnène et condamné à l’aveuglement. Il subit ce supplice sous une forme mitigée qui ne le priva pas entièrement de la vue. Devenu ensuite moine, il prit part à la controverse théologique autour du Pater major me est, où il tint pour l’interprétation orthodoxe. Mais il suscita d’autre part une querelle doctrinale qui agita fort les derniers lustres du siècle. Il soutenait que le corps de Jésus-Christ dans l’eucharistie se trouve dans un état passible et corruptible, et ne passe à l’état incorruptible qu’immédiatement après la communion. Voir ci-dessus, col. 1339. Il fondait son opinion d’une part sur le fait que le corps du Seigneur, dans la réception du sacrement, est rompu et broyé, ce qui ne saurait convenir à un corps incorruptible, et d’autre part sur l’exemple et le précepte du Christ, qui, ayant donné à ses disciples son corps à l’état passible, leur commanda de faire de même en mémoire de lui. Sur l’ordre de l’empereur, un concile se réunit pour condamner la nouveauté, mais la mauvaise volonté du patriarche Jean X Camateros (1198-1206) l’empêcha de sortir tout son effet. La querelle tomba sans doute d’elle-même quand Byzance fut prise par les Latins. La mort de Glykas précéda de peu cet événement.

Cette querelle sur l’eucharistie nous est rapportée par Nicétas Chômâtes dans son Histoire, 1. III du règne d’Alexis Comnène, P. G., t. cxxix, col. 893-897, et dans le c. xxvii de son Trésor de l’orthodoxie, texte publié par S. Eustratiadès dans les Prolegomena aux KeçxXoax de Glykas. Mais le Michel dont parle Nicétas et qu’il dit. être l’auteur de l’opinion susdite a nom Sikiditès. Le problème s’est posé de savoir s’il fallait ou non identifier les deux personnages. Tous deux on* vécu sous Manuel Comnène, tous deux ont été aveuglés par ordre impérial et tout deux sous la forme mitigée. Tous deux ont dans la suite écrit sur des

sujets théologiques. Ces coïncidences avaient suffi à Boivin pour ne faire qu’un même Michel de Glykas et de Sikiditès : il en avait même conclu que le nom de Sikiliotès qui est joint à celui de Glykas en tête des Annales est une fausse transcription pour Sikiditès (on trouve aussi dans les manuscrits SixuSîttjç et ZixuSiwttjç). Krumbacher s’est montré plus difficile, et son opinion négative s’est imposée partout jusqu’à la publication intégrale des KeçàXcucx par S. Eustratiadès en 1906-1912. Le byzantiniste bavarois savait pourtant d’après Migne qu’un des chapitres de Glykas (alors inédit) a pour titre : « "Eti xai toûto Y)7r6pY)Tat. eïzs cpQapTY) hall 7) àyîa toû Xpiaroû fj.eTâA7)(J ; iç, eïxs xal acpôaproç, mais il ne doutait point, vu sa présence dans le recueil, que la solution n’en fût orthodoxe. Or, non seulement l’opinion de Glykas est identique à celle de Sikiditès, mais encore l’intitulé d’un autre chapitre beaucoup plus développé sur le même sujet insinue clairement que Glykas est l’auteur de cette nouveauté : ’A ; roXoyy)T[.xov èx (lépouç repôç tov fxovayôv sxen-ov tov àTcoxocXsaaTa xaxo-SôÇouç f ( [iâcç, ÈTCiSr, Xéyo[J.sv Ôti ô TÎjç TrpoGiosoç <5tpTOç toioûtoç êcm xorrà cpùatv, ônoîa vjv r) àyîa toû XpiCTxoû aàpÇ, ï) ini toû [zoaTixoû SetTrvou toïç |i.a67]Touç eiç Ppâxiiv Soôsïaa. Ajoutez à cela que les mêmes opinions attribuées par Nicétas Chômâtes à Sikiditès sur la condition des premiers parents se retrouvent développées dans Glykas, que le même Nicétas nous apprend que Sikiditès fut secrétaire à la cour, toïç pocat.Xi.xote Ù7roypacpeûo-i xaTeiXsytxsvoç, ce qui concorde avec le titre de ypa[i.u, omxûç qui se trouve apposé au nom de Glykas dans la suscription de ses xecpâXaia, et enfin que Sikiditès, au témoignage du même Nicétas, s’est occupé d’expliquer les paroles ttjç 7rpea6uTépaç rpacprjç, ce qui peut s’entendre et de ses xeçàXaia et du premier livre de ses Annales qui n’est qu’un long commentaire de la Genèse. Il n’y a donc plus lieu d’hésiter : il faut voir en Sikiditès et en Glykas un seul et même Michel, et la suggestion de Boivin demeure rccevable qui attribue à une fausse transcription la leçon Sikiliotès au lieu de Sikiditès en tète de la Xpovix-/) de Glykas.

IL Les œuvkes. — 1° La plus connue est sa Xpovix-r) ou Annales, P. G., t. clviii (voir autres éditions dans Krumbacher, Geschiahte (1er byzantin. Literatur. p. 384). Cette histoire s’étend de la création du monde à la mort de l’empereur Alexis Comnène (1118). Elle est divisée en quatre livres dont le premier est un commentaire de l’œuvre des six jours, le second comprend la période d’Adam à César, le troisième celle de César à Constantin, et le dernier traite des empereurs de Constantinople depuis Constantin. L’ouvrage est écrit dans le genre parénétique. Les dissertations théologiques ou morales n’y sont pas rares, et c’est ce qui fait la particulière originalité de cet historien, ami du singulier et du curieux.

2° L’autre ouvrage capital de Glykas est une collection de lettres et de dissertations sur les sujets les plus divers intitulée : Eîç Taç cOTOpîocç -rrjç Fpaçyjç x£’fdcXai.a, éditée intégralement pour la première fois par S. Eustratiadès, t. 1, Athènes, 1910, et t. 11, Alexandrie, 1912. Cette édition n’est pas définitive, car d’excellents mss. n’ont pas été utilisés, et d’importants problèmes de critique littéraire nécessaires pour l’établissement du texte n’ont pas été élucidés. Les chapitres sont au nombre de 95, car il ne faut pas compter les deux premiers introduits dans la série par l’éditeur, et qui sont des pièces étrangères à l’ouvrage. L’ordre suivi n’est ni celui des matières, ni celui des destinataires ; s’il y en a un, il ne peut être que chronologique, c’est-à-dire que les dissertations sont réunies dans le recueil dans l’ordre où elles ont été composées. Bien n’est plus vané que les questions