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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/225

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MIGNOT


Michaud, Biographie universelle, t. x.wm, p. 280-281 ; Hocfer, Biographie générale, t. xx.w, col. 493-494 ; Quérard, La France littéraire, t. VI, p. 120-127 ; Feller, Biographie universelle, (dit. Pérennès, 1842, t. viii, p. 380 ; Cliandon et Delandine, Dictionnaire universel, historique, critique et bibliographique, 5° édit., 1810, t. xi, p. 530-532 ; Ilébrail-Guyot-LuportP, La France littéraire, 1709, t. ii, p. 338 ; Desessarts, Les siècles littéraires, 7 vol., in-12, Paris, 18001803, t. iv. p. 370-377 ; Picot, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique pendant le a Vllîe siècle, ' vol., in-8°, Paris, 1853-1857, t. IV, p. 409-471 ; Éloge de Mignot, par Lebean dans le Recueil des Mémoires de l’Académie îles Inscriptions, t. xxxviii, p. 248 sq.j Féret, La Faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres, Époque moderne, t. vii, 1910, p. 45-55.

J. CaRREYRE.

    1. MIGNOT##


2. MIGNOT, Eudoxe-lrénée (1842-1918), archevêque d’Albi. — I. Vie. II. Œuvres. 111. Doctrine.

I. Vie.

Né le 20 septembre 1842 à Brancourt

(Aisne), au diocèse de Soissous ; fils unique de l’instituteur do cette localité. Élevé au petit séminaire Saint-Léger à Soissons et au grand séminaire de Saint-Sulpice à Issy et à Paris. Disciple de.M. Le Hir, qui lui inspire le goût des études scripturaires, et de M. Hogan qui lui révèle la théorie du développement doctrinal de Newman ; condisciple et ami de M. Vigouroux, à la prière duquel il écrira la préface du Dictionnaire de lu Bible (1893) et celle de la Bible polyglotte (1899). Ordonné prêtre en 1865, il ne fait que traverser la carrière du professorat au petit séminaire de Notre-Dame de Liesse ; vicaire à Saint-Quentin pendant la guerre franco-allemande de 1870, subit l’occupation. Successivement, curé de Deaurevoir, à l'époque de son voyage en Terre sainte (1875), doyen de Coucy, puis de La Fère où il compose ses Études morales sur l'Évangile, inédites, vicaire général de Mgr Thibaudier, évêque de Soissons ; évêque de Fréjus, le G juin 1890 ; archevêque d’Albi, le 7 décembre 1899 ; décédé à Albi, le 18 mars 1918.

IL Œuvres. — 1° Caractère général. — Ayant fait sa carrière dans le ministère pastoral et non dans l’enseignement, Mgr Mignot ne s’est cantonné dans aucune branche des sciences profanes et sacrées. Il s’est intéressé à toutes, notamment aux sciences naturelles, à l’histoire et à l’Ecriture sainte qui fut spécialement de sa compétence. Même en cette matière, il s’appliqua surtout aux questions générales. Des notes sur l’inspiration, sur la doctrine des prophètes, sur le développement religieux d’Israël, qui auraient pu compter dans l’histoire du mouvement biblique, n’ont malheureusement jamais vu le jour. Un commentaire des Psaumes, qu’il a écrit en 1910 et qui n’a pas élé publié, n’a d’original que les réflexions morales dont il accompagne la glose littérale. Curieux de tous les problèmes, ouvert à toutes lis choses de l’esprit, il lit les exégètes catholiques de toutes les écoles, mais aussi les critiques libres penseurs ou protestants libéraux, notamment et en premier lieu Ernest Renan el Auguste Sabatier. Il entre en contact direct avec les Anglais, tels que Driver, Kirkpatrick et d’autres dont la modération éclairée convient à son propre tempérament intellectuel. Ensuite de quoi il traduit pour son usage privé l’anglican Frédéric William Farrar, emprunte des arguments et des méthodes d’apologétique à Lyddon et à Bruce, se nourrit habituellement de Newman. Il ne connaîl les Allemands et les Hollandais qu'à travers les Anglais et les Français.

De ses médit al ions et lectures il n’est sorti aucune

œuvre achevée. Celles qu’il a publiées, au reste d'étendue restreinte, sont des écrits de circonstance : articles de revue, lettres pastorales et mandements, discours cl oraiso is funèbres, elles tendent toutes à repousser les plus modernes attaques dirigées contre les prétentions de la religion chrétienne à une origine surnal nielle.

Quant à la forme littéraire, on ne peut manquer de s’apercevoir que l’auteur s’affranchit trop souvent, dans sa composition, des règles classiques. Son exposition, coupée de digressions, tourne habituellement à la libre causerie. L’est un penseur qui exprime des vues personnelles, plutôt qu’un logicien soucieux de conclure. Il n'écrit que des essais. Au reste, sa plume sait s’adapter aux exigences du grand public et son souille s'élève sans effort jusqu'à l'éloquence.

Publications principales.

1. Contre le protestantisme

libéral. — Le nom de l'évêque de Fréjus s’imposa à l’attention du monde éclairé dès la publication par le Correspondant (10 avril 1897) d’un article intitulé : L'ét’olutionnisme religieux, consacré à l’examen du fameux manifeste du libéralisme protestant : Esquisse d’une philosophie de la religion, d’après lu psychologie et l’histoire (1897) par Auguste Sabatier. Le critique, passant en revue les bases psychologiques de la religion, la révélation, le miracle, la prophétie, le Christ, les dogmes, montrait que le système de Sabatier, renouvelé de Schleiermacher et des récents théologiens d’outre-Rhin, constituait un « épuisement méthodique de tout le contenu de la révélation judéo-chrétienne » et concluait à « une identification du christianisme à une philosophie naturelle de la plus haute inspiration, mais vide de ce qui a constitué historiquement le mystère propre de Jésus ». fin même temps, il y esquissait, çà et là, l’exposé de ses propres vues sur la manière d’aborder aujourd’hui ces problèmes. Deux qualités rares frappèrent les esprits dans cette étude : une intelligence pénétrante de la crise religieuse contemporaine, le ton de respect et de courtoisie dans la polémique. Cette publication, qui témoignait de la longue préparation antérieure de Mgr Mignot, lit sa réputation auprès des hétérodoxes et dans les milieux cultivés : elle lui attira des relations de choix.

2. Au sujet des éludes ecclésiastiques.

Transféré

peu après sur le siège métropolitain d’Albi, le prélat adressa à son clergé une série de cinq Lettres sur les études ecclésiastiques (1900-1901), qui furent aussitôt reproduites dans la. Revue du clergé /tançais. A la même époque, il prononçait à l’Institut catholique de Toulouse, le 13 novembre 1901, un discours sur « la méthode de la théologie », qui fut remarqué en France et au dehors. Pour l’Angleterre, voir une controverse avec M. Herbert Williams du Weekly Hcgister : réponse de Mgr Mignot insérée en note dans l'édition du discours. Une traduction en l’ut donnée en alternai d par les soins de R. Eucken dans V Allgemeine Zeilttng de Munich.

L’occasion de ces Ici 1res était l’encyclique du 8 septembre 1899 sur ce même sujet, adressée par Léon XIII à l'épiscopat de France. La matière étail partiellement empruntée aux Clérical sludies de M. Hogan, dont la traduction française avait reçu de lui une préface. Il avait par là l’occasion de toucher par les sommets à toutes les branches du savoir ecclésiastique. Qu’il s’agisse des « éludes littéraires et scientifiques », de « la philosophie », de « l’apologétique contemporaine », de « l’histoire », de « l’apologétique et la critique biblique », c’est à peu près toujours le thème de l’accord de la raison et de la foi qui revient sous ses diverses laces. L’auteur part de ce postulat qu’entre la foi catholique, dûment interprétée, et les acquisitions des sciences modernes sévèrement contrôlées, il ne peut pas y avoir de cou llit profond et durable. .Mais pour que l’accord se manifeste, il faut empêcher que des murs s'élèvent entre les diverses disciplines, ci. si l’on ne peut obtenir que les savants et les critiques étudient la théologie, il faut amener les théologiens à devenir des scientifiques et des historiens.

.">. Au moment du modernisme. 11 élail surtout