Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/252

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

1797

MINUCIUS FELIX — MIRACLE

1798

d’adhérents ; elle se heurte à cette difficulté majeure qu’il ne s’est conservé aucune trace de la fameuse source commune. Pour dirimer la question de l’antériorité de l’un ou de l’autre écrivain, on a fait appel soit à des témoignages extrinsèques, soit à l’étude même des textes qui leur sont communs.

Les témoignages de saint Jérôme sont, en général, favorables à l’antériorité de Tertullien ; et il semble bien que, dans le De viris tout au moins, où la notice de Tertullien figure avant celle de Minucius, Jérôme se préoccupe de l’ordre chronologique des auteurs qu’il décrit. Lactance, au contraire, assigne la première place à Minucius, mais c’est peut-être qu’il considère l’ordre de mérite des écrivains. Il reste donc qu’on ne peut faire fond sur ces données pour trancher la question, et que, seule, l’étude des textes permettrait de résoudre le problème ; mais, on sait combien les considérations subjectives ont de place en pareille matière.

On ne saurait donc s’étonner des fluctuations de la critique. Jusqu’aux environs de 1868, tout le monde ou à peu près admettait la priorité de Tertullien, que Minucius se serait contenté d’habiller en langage cicéronien. Depuis la dissertation publiée par Ebert sur ce point spécial, les philologues allemands, dans l’ensemble, ont admis l’antériorité de VOctavius (Ebert, Bonwetzsch, W. Moeller, Bàhrens, Reck, Schanz, Norden, Ehrard, Bardenhewer) ; J. P. Waltzing de Louvain, qui s’est fait une spécialité des études sur Minucius, a fait pencher, par son intervention, la balance dans ce sens ; et plus récemment son disciple G. Hinnisdæls a voulu corroborer encore les preuves données par son maître. Nos compatriotes en général ontincliné vers l’antériorité de Tertullien, c’est le cas de G. Boissier, Massebieau, P. Monceaux, qui se rencontrent d’ailleurs avec A. Harnack et, plus récemment, R. Heinze. Il nous paraît, pour notre compte, que cette dernière solution tient compte davantage de toutes les données du problème. Si l’on songe que Minucius est en perpétuelle dépendance de la pensée d’autrui (rien de plus suggestif à ce point de vue que le relevé des sources de Minucius dans l’édition de Waltzing), on ne peut guère échapper à la conclusion que, là où il se rencontre avec Tertullien, c’est qu’il a pillé Tertullien, comme il dépend de Cicéron partout où il se rencontre avec lui.

D’ailleurs, comme le fait très justement obser%’er A. Harnack, les indications fournies par VOctavius, indépendamment de toute comparaison avec Tertullien, invitent à placer le livre à une époque de calme relatif pour les chrétiens, à une date où la nouvelle religion pénètre plus qu’elle n’avait fait jusque-là dans les hautes classes de la société, où elle ne rencontre plus devant elle que des préjugés extérieurs. Tout cela nous reporterait au mieux à l’époque d’Alexandre-Sévère, au premier tiers du m c siècle.

A vrai dire, ce débat a passionné davantage les philologues que les théologiens ; aussi bien l’étude de Minucius n’apporte qu’une très modeste contribution à l’histoire de l’apologétique chrétienne. De ce que dit VOctavius il n’est rien qui ne se retrouve dans les autres apologistes antérieurs ou postérieurs.

La bibliographie très complète de Minucius Félix est faite au mieux par J. -P. Waltzing, M. Minuci Felicis Octavius, Louvain, 1003, et dans Studio Min uciana, 1906 ; les compléments se trouveront dans J. Révay, article du Musée belge, 1912, t. xvi, p. 121-126, et dans G. Hinnisdæls, L’Octavius de Minucius Félix et l’Apologétique de Tertullien, Bruxelles, 1924 (Extrait des Mémoires publiés peul’Acad. roy. de Belgique. Classe des lettres, collect. in-8°, II’série, t. xix). Nous citerons seulement ici les principales éditions, et les travaux auxquels il a été fait allusion dans l’article.

I. Éditions.

L’editio princeps c t celle de F. Sabeo de Brescia, Arnobii dispuiationum adv. gentes libri VIII, Rome, 1543 ; celle de Fr. Baudoin, M. Minucii Felicis Octavius, Heidelberg, 1560, Paris, 1589, a le mérite de restituer le livre à son auteur (les prolégomènes sont reproduits dans P. L., t. iii, col. 199-218) ; plusieurs éditions au xvii c siècle ; importante, au xviiie siècle, celle de J. G. Lindner, Langensalza, 1760, au xix », celle de E. de Muralto, Zurich, 1836, qui énumère les éditions et travaux antérieurs ; la première édition vraiment critique est celle de C. Halm, dans le Corpus de Vienne, t. ii, 1867, mais il faut tenir compte aussi des deux éditions Teubner d’Emile Bàhrens, 1886 (texte très conjectural) et de H. Boenig, 1903, et de celle de A. Schone, Leipzig, 1913. Celle de P. I… t. iii, p. 239 sq., Paris, 1844, donne un texte médiocre, mais d’abondantes notes variorum. La meilleure édition reste celle de Waltzing, op. cit.

Les travaux de détail sur le texte sont innombrables, VOctavius ayant eu la bonne fortune d’intéresser grandement les philologues laïques. Signalons au moins la démonstration de Waltzing sur l’interversion de deux feuillets dans l’Octavius, qui explique la confusion qui régnait jusqu’à Halm dans l ; s chapitres xxi-xxiii et qui n’a pas été complètement supprimée par ce dernier (cf. Musée belge, 1906, t. x, p. 83-100) ; cette lumineuse correction est utilisée dans la petite édition Waltzing, publiée dans la collection Teubner, 1912.

IL Travaux. — Outre les préfaces des divers éditeurs, il faut signaler au xviie siècle la dissertation de don » N. Le Nourry, publiée au t. n de son Apparalus, reproduite dans P. L., t. iii, col. 371-652 ; au xviiie une Epistola de Daniel van Hoven publiée dans l’édit. Lindner, et revendiquant la priorité de Minucius sur Tertidlien. Quant aux travauxplus récents, voici ceux dont nous avons signalé les auteurs.

1° Source commune. — W. Hartel, Patristiche Studien, dans Sitzungsbcr. der Wiener Acad., 1890, t. cxxi, p. 18-20 ; F. Wilhelm, De Minucii Felicis Octavio et Tertulliani Apologetico, dissert. inaug., Brcs ! au, 1887 ; R. Agahd, M. T. Varronis antiquitolum rerum divin., I. I, XIV, XV, XVI, Prœmissæ sunt quæstiones" Varronianæ, dans Jahrbùcher fur klass. Philologie, xxiv, Supplementband, 1898, p. 1-220, voir surtout p. 40-71.

Antériorité de Minucius.

A. Ebert, Tcrlullians

Verluiltniss zu Min. Félix, Leipzig, 1868 ; N. Bonwetzsch, Die Scbriften des Terlullians nach Zeit ihrer Abfassung, Bonn, 1878 ; W. Moeller, Zu Min. Félix, dans Jahrbùcher fur protest. Iheol., 1881, t. vii, p. 577 sq. ; E. Bàhrens préface de son édit., p. V sq. ; F. X. Reck, Afin. Félix unit Terlullian, dans Theol. Quarlalschrift, 1886, t. lxvitj, p. 64114 ; M. Schanz, Die Abfassungszeil des Octavius, dans Rhein. Muséum fur Philologie, 1895, t. L, p. 1U-136, et dans Gesch. der rôm. IJlteratur, t. iii, § 656 ; E. Norden, De Minucii Felicis ictate, Greifswald, 1897 ; A. Ehrhard, Die allchrist. Litter. und ihre Er/orschung von 1884-1900, Fribourg-en-B., 1900, p. 281-292 ; O. Bardenhewer, Altkirchl. Littcratur, t. i ; mais plus réservé dans la 2e édit., 1913, que dans la l re, 1902 ; W.-A. Bàl.rens, dans Zeiisch. fur N.T. Wissenschaft, 1924, t. xxiii, p. 110-122.

Antériorité de Tertullien.

G. Boissier, L’Octavius,

dans Journal des Savants, 1883, p. 436-453, et La fin d i paganisme, t. i, 1891, p. 307 ; L. Massebieau, L’Apologétique de Tertullien et l’Octavius de M. Félix, dans Hevue de l’hisl. des religions, 1887, t. xv, p. 316-346 ; P. Monceaux, Histoire litt. de l’Afrique chrétienne, t. i, 1901, p. 463-508 ; A. Harnack, Altchrist. Litteratur, Die Chronologie, t. ii, 1905, p. 324-330 ; R. Heinze, Terlullians Apologeticum, dans Berichle iiber die Verhandlungen der k. sàchsischen Gesellsch. der Wissensch., 1910, t. i.xii, fasc. 10, p. 281-488.

É. Amann.


MINUTOLO Louis, frère prêcheur sicilien, né et mort à Messine (1600-1675). Confesseur et directeur fameux, il a publié une : Brevis notitia eorum qua> pertinent ad justifiant commutativam et ad probilitates opinionum, Venise, 1665, avec Additioncs, ibid., 1667.

Quétif-Echard, Scriptores ordinis prædicalorum, l. ii, p. 561 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iv, col. 295.

M. -M. GORCÉ.


MIRACLE. — L’étude du miracle relève de la théologie, en tant que le miracle démontre la crédibilité de la révélation chrétienne. Cꝟ. 3- proposition souscrite par Bautain ; concile du Vatican, sess. m.