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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/273

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1839

    1. MIRACLE##


MIRACLE, CONSTATATION DU FAIT

1840

En réalité, la question n’est pas aussi simple, tant à cause des objections que soulèvent les adversaires du miracle qu’à cause des difficultés inhérentes à l’observation même de certains faits.

1. Les objections.

— a) D’après les critiques libéraux, la constatation de la simple matérialité du fait présumé miraculeux n’est pas possible. Pour eux, en effet, le miracle n’est qu’une forme religieuse subjective imposée aux phénomènes, une manifestation intérieure de Dieu à l’âme à propos des événements. Objectivement, il n’y a rien de plus dans le miracle que dans le moindre des faits ordinaires ; il n’y a rien de moins dans le plus ordinaire des faits que dans le miracle. Voir col. 1814.

il faudrait reprendre ici tout le système par sa base : une métaphysique erronée est au principe de ces négations. Cette métaphysique, d’ailleurs, est en contradiction telle avec les données de l’expérience, que son caractère foncièrement agnostique et subjectif la condamne près des esprits non prévenus : « Le premier caractère du miracle est d’être une réalité extra-subjective, de s’extérioriser non pas seulement par la libre volonté de l’agent, mais par lui-même, par sa matière. » A. de Poulpiquet, Le miracle et ses suppléances, Paris, 1914, p. 199. Le miracle est un fait ; appartenant au monde sensible, il est sensible en lui-même, dans sa matière et souvent dans la personne qui l’opère, dans les circonstances qui l’entourent, dans les moyens d’action qui fréquemment accompagnent sa réalisation. L’aspect purement intérieur et subjectif que lui fait revêtir la thèse libérale est donc en contradiction avec la nature des choses.

b) Plus sérieuse est l’objection formulée au nom du déterminisme scientifique. Elle revêt plusieurs formes. On dit que, la fixité des lois naturelles ne permettant pas d’envisager l’hypothèse d’exceptions, le miracle doit être rejeté quels que soient les témoignages qui l’appuient. Cf. Langlois et Seignobos, Introduction aux études historiques, Paris, 1898, p. 176-179. Mais cette fin de non-recevoir radicale ne tient pas compte que la lixité des lois de la nature permet cependant d’envisager la possibilité d’exceptions dues à l’intervention d’une cause supérieure. Que le témoignage apporté en faveur du miracle soit contrôlé très sérieusement, c’est sagesse : mais que tout témoignage soit déclaré irrecevable a priori, on ne le saurait admettre.

Lue deuxième forme de l’objection proclame l’impossibilité de constater un miracle, en raison non de son impossibilité, mais de son improbabilité, l’ne erreur dans le témoignage humain est toujours plus probable qu’une exception surnaturelle aux lois de la nature. Il est plus probable d’admettre l’erreur de mille témoins que la réalité d’un miracle. D’où, impossibilité de constater le miracle. Hume, Essays and treaiises on several subjects… sect. x, Of miracles, Œuvres, éd. d’Edimbourg, 1809, t. ii, p. 121, 122. L’objection ne tient pas compte des circonstances concrètes dans lesquelles le miracle est produit et constaté. Il s’agit d’un fait exceptionnel, qu’on examine i en tenant compte des circonstances qui le particularisent et des témoignages qui l’appuient. Si, dans l’espèce, les témoignage sont indiscutables et si les circonstances mollirent la possibilité ou du moins la non-répugnance d’une intervention divine », on ne voit pas pourquoi, pour ce cas spécial, l’erreur serait plus probable que la réalité du miracle : « C’est une chose invraisemblable, un vrai prodige moral, que des témoins, sains de sens et d’esprit, compétents, sincères, et bien en mesure d’observer, se trompent. Cela est inexp cable : auci ne raison ne se présente pour éclairer ef rendre inadmissible une pareille hypothèse. C’est l’absurde réalisé. » D’autre part, si,

abstraction faite des conditions concrètes dans lesquelles se présente le miracle, celui-ci a priori paraît impossible, cependant, dans telles circonstances données, pour tel cas examiné, l’improbabilité du miracle n’apparaît plus ; et même, le miracle apparaît beaucoup plus probable que l’erreur. Cf..1. de Tonquédec. op. cit., p. 277. En d’autres termes, dit cet auteur. « nous ne devrons conclure au miracle que si, toutes circonstances pesées, l’erreur devient, non seulement moins probable que le miracle, mais tout à fait improbable ». Ibid. Et il est bien entendu que la probabilité du miracle tient compte non seulement de la valeur des témoignages, mais encore de la probabilité du fait lui-même. La thèse générale de la possibilité du miracle ne doit pas, en effet, nous faire perdre de vue la possibilité intrinsèque, la vraisemblance, la probabilité objective des événements. Voir l’application de ces règles dans.1. de Tonquédec, op. cit.. p. 283 sq. : « jugements de probabilité jugements de possibilité. »

2. Les difficultés inhérentes à l’observation.

Il faut, avant tout, déterminer sur quoi doit porter notre observation. Il serait facile de proclamer l’impossibilité de toute observation en arguant que le miracle étant un phénomène surnaturel, l’expérience du surnaturel comme tel est impossible. Il ne s’agit encore, dans la constatation du fait réel, que de l’observation de la matérialité du fait, sans aucun jugement sur sa cause et son caractère surnaturel.

Il y a d’abord des faits tellement évidents que le simple bon sens suffit pour en faire une constatation suffisante, même indépendamment des méthodes rigoureuses du laboratoire. Singulièrement exagérée est la prétention de Renan, de vouloir qu’une résurrection de mort ne puisse être constatée que par une commission de savants, et dans des conditions extraordinaires de garanties scientifiques. Vie de Jésus. Introduction, p. xgvi-xcvii. Un mort, qui, comme Lazare, jam (cetet, est bien mort et saint Augustin ne demande, pour constater la résurrection de ce mort, que des yeux pour voir. Serm., xcviii, 1, P. I… t. xxxviii, col. 591. Toutefois, il faut convenir que même en ces cas d’ordinaire évidence, il peut se présenter parfois des raisons de douter. Il n’est pas toujours facile de s’assurer du fait de la mort : il y a des cas où le médecin lui-même ne peut discerner la mort apparente de la mort réelle. Benoît XIV a noté cette difficulté qu’il a soigneusement traitée.

C’est dans le cas des guérisons miraculeuses que s’impose une très grande circonspection dans la constatation du fait même simplement matériel. Il est inutile ici de développer les questions qui se peuvent poser tant sur le fait matériel de la maladie que sur celui de la guérison. Si des simulations habiles ou des dissimulations inconscientes, dues à des étals nerveux pathologiques, sont possibles, il ne convient pas cependant de vouloir expliquer ainsi toutes les guérisons : sur ce point l’ouvrage de P. Saintyves, La simulation du merveilleux, Paris. 1912. est certainement tendancieux et erroné.

î. En résumé on ne nie pas les cas difficiles. Lorsqu’il

s’agit du contrôle des témoignages, il faut une prudence et une exigence extrêmes, et cela d’autant plus que le fait est plus extraordinaire et. par conséquent, indépendamment de l’hypothèse du miracle, en soi moins probable. L’enquête scientifique sur le /ait matériel du miracle ne sera nécessaire que poulies faits dont il est particulièrement difficile de constater la réalité, spécialenient pour les faits de guéri sons. Lu examen rigoureux, portant sur les détails d’un phénomène merveilleux et satisfaisant aux exigences raisonnables, ne sera jamais sans une grande ut ilil é. Sur le second point. on I rouvera dans le