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1969
1970
MISSIONS, PROPAGANDE EN LEUR FAVEUR


doir réagir, pour l’éclairer, sur le travail des ouvriers. De là ce qu’on appelle aujourd’hui la missiologie.

1° Le mouvement est parti d’Allemagne. Le prince Louis de Lôwenstein, au congrès des catholiques tenu à Breslau en 1909, sur les missions, étudia le moyen de créer un institut de recherches scientifiques dans ce domaine jusque-là laissé aux initiatives privées. Il fut créé à Berlin le 4 mai 1922, Das internationale Institut fur missiansmissenscha/lliche Forsehungen. Deux sections le composent : l’une décide des travaux à entreprendre, l’autre détermine l’emploi des cotisations. Alors fut fondée laZeitschriftfùr Missionswissenschaft, dont le programme comportait l’histoire, la statistique, la géographie, la théorie des missions. En même temps furent inaugurées des publications préparées avec soin, parmi lesquelles il suffit de signaler la Bibliolheca missionum du P. R. Streit. Enfin des cours de missiologie furent ouverts par le professeur Schmidlin, à Cologne, puis à Munster. D’autres cours et conférences se font encore en d’autres villes.

2° Vers le même temps se fondaient les Semaines d’ethnologie. L’ethnologie et la linguistique étant à l’ordre du jour, ayant leur importance marquée dans l’apologétique chrétienne, et par ailleurs les n.issionnaires étant mieux placés que quiconque pour pousser loin ces études, dont ils sont les premiers à profiter, le P. W. Schmidt, S. V. D., en 1906, avait fondé la revue Anthropos, qui prit tout de suite l’allure d’une publication scientifique de premier ordre. Une bibliothèque la compléta, qui compta assez vite une douzaine d’ouvrages. SS. Pie XI donna au P. Schmidt le moyen d’organiser des missions scientifiques chez les primitifs de la Terre de Feu, du centre africain, de la péninsule malaise. Cela ne suffisait pas, et, dès 1912, en collaboration avec le regretté P. Bouvier, S. J., le même savant organisait les Semaines d’ethnologie, Louvain, 1912 et 1913, Tilburg en Hollande, 1922, Môlding près de Vienne, chez les pères de Steil, 1923 ; Milan, 1926. Le but est, par un rapprochement entre les ethnologues et les missionnaires, d’initier ces derniers aux questions d’ethnolegie et de religion comparées, pour pouvoir faire eux-mêmes des observations sur les usages, les cultes, les croyances des peuples qu’ils évangélisent.

Les semaines de missiologie de Louvain.

 Elles

ont été inaugurées en septembre 1923 pour les missionnaires, les sœurs et les aspirants aux missions. Depuis, elles se sont renouvelées tous les ans sous la direction d’un conseil dont le président est le R. P. Ulrix, des pères blancs, et le secrétaire, le P. H. Charles, S. J. L’objet est de mettre en commun, sur un sujet donné, les expériences des missionnaires, en s’attachant de près aux enseignements et aux directions venus de Rome. Les sujets traités jusqu’ici ont été, pour ne parler que de ceux qui ont fourni la matière de compte rendus imprimés, les Aspirations indigènes et les missions (1925), Autour du problème de l’adaptation (1926), Les élites en pays de mission (1927), L’âme des peuples à éoangéliser (1928). La semaine de 1928 réunit 500 participants appartenant à 27 nationalités.

A Louvain encore, s’est constituée une firme d’édition très active pour les missions. Elle a publié déjà des ouvrages de valeur, dont la traduction française du manuel du P. Arens. De là sortent aussi les petites brochures intitulées Xaveriana en français et en flamand, d’allure populaire et vivante, et les Dossiers d’action missionnaire, mensuels, qui finiront par constituer un traité complet de missiologie. Enfin deuxchaires de missiologie ont été fondées à l’Université, dont les premiers titulaires ont été M. G. Goyau et le P. Charles, S. J.

4° En France, il faut signaler les conférences faites à l’Institut catholique de Paris sous la direction de l’Union missionnaire du clergé. Elles ont commencé en 1923-1924, et forment déjà 5 volumes. Celui de 1926-1927 est consacré à L’Islam et les missions. Celui de 1927-1928 à l’action civilisatrice des missiens.

En 1928, les retraites intellectuelles de Juilly, organisées par M. Maurice Vaussard, ont été consacrées à des entretiens sur les missions et les questions missionnaires.

La Société des amis des missions, fondée en 1923, a pour objet de « faire connaître nos missions au grand public qui les ignore, pour les défendre, les recommander à l’occasion, leur créer une atmosphère favorable, et développer les études sur leur histoire et leurs méthodes. Pour cela elle voudrait organiser une bibliothèque publique de missiologie. Elle communique à la presse les études que réclament les questions du jour. Elle fait donner des conférences, publie la Revue d’histoire des missions ; elle a commencé la publication de livres historiques sur ce sujet, documents inédits, mémoires, etc. ; cela sous la direction de M. G. Goyau. Elle a fondé à l’Institut catholique une chaire d’ethnologie et d’histoire des missions, cette dernière confiée à M. Goyau. Enfin elle s’est occupée de célébrer certaines fêtes, le centenaire du cardinal Lavigerie, la réception des évêques chinois, en 1927 et de Mgr Hayazaka l’année suivante.

5° Il y aurait d’autres manifestations de l’esprit missionnaire partout grandissant à signaler, spécialement les Congrès internationaux. Le premier s’est tenu en septembre-octobre 1927 à Poznan (Posen), en Pologne : il comprenait 4 sections, celles des prêtres, des étudiants, des professeurs, des congréganistes. Il a ouvert des perspectives nouvelles au recrutement missionnaire, et travaillé à une organisation toujours plus méthodique des œuvres missionnaires. En septembre 1928 s’est tenu un autre congrès semblable à Wurzbourg.

Conclusion. — Nous avons, dans ce qui précède, essayé de donner une idée des missions catholiques, telles qu’elles fonctionnent et se développent à l’heure actuelle. Nous sommes loin d’avoir tout dit. Mais ce qui ressort de cet ensemble, c’est que, de plus en plus, l’apostolat de l’Église sur ses frontières va s’organisant.

Si la création de la Propagande, en 1622, a été sur ce point une de ces dates qui marquent un tournant, les pontificats de Benoît XV et de Pie X I n’auront pas pour l’histoire une importance moindre. En cette matière, comme en tout, S. S. Pie XI agit en homme qui sait clairement ce qu’il veut, qui le veut énergiquement et prend les moyens pour arriver au but. Il a sa politique missionnaire très arrêtée : pousser avec suite le lotissement des terres à ouvrir devant l’Évangile, appeler le ban et l’arrière-ban des ouvriers disponibles, multiplier les vicariats pour rendre l’occupation plus effective, et venir à la création non pas seulement du clergé, mais de l’épiscopat indigène, afin que les missions fassent un pas de plus vers leur évolution normale, la création d’Églises autonomes trouvant en elles-mêmes leurs ressources essentielles, par ailleurs, dégager de plus en plus les missions de toute espèce de nationalisme étranger, accentuer le supranationalisme de l’apostolat (Lettres aux évêques <le Chine, 15 juin 1928, réduction, pour ne pas dire abolition, du Patronat portugais, etc.).

L’instrument de la pensée pontificale, la Propagande, est fortement dirigé, sûr de lui-même, de ses méthodes, de ses fins, de sa marche. La Propagande tend à concentrer tous ses moyens pour leur donni r