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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/39

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MESSE DANS LA LITURGIE, LA MESSE GALLICANE


Le Kyrie eleison est chanté ensuite par trois enfants, et une seule fois. Nous avons parlé ailleurs des recherches qui ont été faites récemment sur le Kyrie eleison et sur son usage ; nous nous contentons de renvoyer à cet article Kyrie eleison dans Diction, d’urehéol.

Le chant de la prophétie dont il est question ensuite est le chant du Bcnedictus. Ce point est désormais acquis, et la eolleclio posl propheliam dans les livres gallicans est l’oraison qui suit. Sur la portée de ce cantique à la messe, nous pouvons renvoyer aussi à notre article Cantiques (évangéliques), du Diction, d’archéol.

Ici s’insère une première lecture. Selon le Pseudo-Germain elle est tirée des prophètes ou des livres historiques, de l’Apocalypse pendant le temps pascal ; aux fêtes des saints, on lit leurs actes, gesta sancto-’rum conjessorum ac marlyrum in solempnitatibus eorum. L’usage d’une leçon prophétique a disparu presque complètement dans la messe romaine dès le ve siècle ; il a été maintenu plus longtemps à Milan, et les livres gallicans confirment le témoignage, sur ce point, du Pseudo-Germain. Le rit mozarabe a aussi conservé l’antique usage de cette lecture.

On aura remarqué aussi l’importance de la lecture à la messe des vies des saints, point confirmé aussi par Grégoire de Tours et par les livres gallicans. Même usage en Espagne et à Milan.

La seconde lecture de la messe est tirée des Actes des apôtres et des épîtres. Après ces deux leçons, chant du cantique des trois enfants dans la fournaise, Benedictus es, appelé aussi Benedictio. Le fait est aussi confirmé par les mêmes témoignages. L’importance attachée à ce rite est démontrée par ce fait que le Concile de Tolède de 633 présidé par saint Isidore, établit que « dans toutes les églises d’Espagne et de Gaule, en la solennité de toutes les messes, ladite hymne sera chantée dans la chaire du lecteur ». Seulement dans la liturgie mozarabe l’hymne s’insérait entre la première et la seconde lecture. Le chant du Benedictus es au samedi des quatre-temps dans l’Église romaine est une vieille tradition qui rappelle cet usage. Dans le Missel de Bobbio il est fait mention d’une collecte post benedictionem, mais il semble que ce soit ici une dérogation à l’usage attesté par plusieurs témoins d’un répons chanté, qui doit être identifié avec le psallendum, le versus ou clamor, ou psalmellus ; à Rome on avait, après les lectures, le répons et l’alleluia, remplacé parfois par le Tractus. Le concile de Tolède que nous avons cité interdit l’usage qui s’était introduit dans quelques églises d’Espagne de chanter des laudes entre l’épître et l’évangile. Sous ce nom il faudrait entendre avec saint Isidore, l’alleluia. Dom Wilmart, op. cit., col. 1072.

Le Pseudo-Germain note ici la reprise du chant de l’agios ou Trisagion. C’est une innovation dont on ne trouve pas d’autre exemple à cet endroit de la messe, dans aucune liturgie ; le but de ce chant à cette place était de donner une plus grande solennité à la lecture de l’évangile qui va suivre. C’est ce que souligne l’auteur de notre document en ces termes qui sont à remarquer. Egreditur processio sancti evangelii velut potentia Christi triumphanlis de morte, cum prædictis armoniis et cum septem candclabris luminis… ascendens in tribunal analogii… clamantibus clericis : Gloria tibi, Domine. Le tribunal analogii désigne un ambon ou tribune élevée et décorée, d’où aussi l’évêque prêchera, et sur laquelle il paraît comme un juge sur son tribunal. L’acclamation Gloria tibi, Domine, ou le Gloria Deo omnipotenti, dont parle Grégoire de Tours, répond à l’annoncé du diacre Leclio sancti evangelii.

L’évangile est d’ordinaire suivi d’un chant. Le Pseudo -Germain nous dit qu’on reprend ou que l’on continue le Trisagion entonné avant l’évangile. A

Milan, l’évangile était suivi du Dominus vobiscum et d’un triple Kyrie avec une antienne ; en Espagne on chantait une antienne avec alléluia. A Rome, le pape saluait le diacre du Pax tibi, puis disait le Dominus vobiscum et ï’Oremus. L’homélie d’ordinaire suivait l’évangile.

Ici se placent les prières litaniques que l’on peut rattacher à I’avant-messe, au moins dans l’usage des Gaules, puisque on ne renvoyait les catéchumènes qu’après ces prières.

Le Pseudo-Germain décrit ainsi cette prière : precem [psallunt levita ?] pro populo, audita [apostoli] preedicatione, levitæ pro populo deprec(a)ntur et sacerdotes prostrati unie dominum pro peccatis populi interced (u)nt.

Il n’est pas douteux qu’il ne faille reconnaître ici la litanie diaconale dont il a déjà été question dans les pages précédentes, et qu’on ne doit pas confondre, comme l’a fait Duchesne et d’autres après lui, avec la prière des fidèles. Dom Wilmart après Edmond Bishop a insisté sur ce point. Cf. Ed. Bishop, Observations on the lilurgy of Narsai, p. 117-121 ; Journal of theological Studies, 1910-1911, t.xii, p. 406-413 ; et Lilurgica liislorica, p. 122, 124 ; Connolly, Journal of theological Studies, 19191920, t. xxi, p. 219-232 ; dom Wilmart, art. cité, col. 1075. Duchesne, dans sa 5e édit. des Origines du culte chrétien, p. 211, n. 2, discute l’attribution à Gélase du Dicamus omnes. La prière diaconale et la prière des fidèles présentent des analogies et appartiennent, croyons-nous, au genre des prières litaniques, mais elles se distinguent cependant par certains caractères qu’il faut énoncer ici, parce que la question a son importance.

La prière des fidèles est une prière récitée après le départ des catéchumènes par les seuls fidèles et qui fait donc partie de la messe des fidèles. Cette prière s’appelle indifféremment la prière de l’Église, la prière commune, la prière des fidèles. En Occident, notamment à Rome, elle est récitée de la façon suivante ; le pontife invite les fidèles à la prière ; le diacre intime l’ordre de fléchir les genoux ; l’évêque prononce la prière, les fidèles répondent par Y Amen. Bishop remarque finement à ce propos que cette prière porte le cachet de l’Église romaine, où l’autorité ecclésiastique maintient toujours ses droits ; la part des fidèles y est réduite au minimum, tandis qu’en Orient l’initiative du peuple chrétien est bien plus large. De telle sorte que la prière des fidèles à Rome serait plus justement nommée la prière pour les fidèles. Nous avons un type bien conservé de cette prière dans les Oraliones sollemnes du vendredi saint. Mais toute autre trace en a disparu dans la liturgie romaine. La prière des fidèles, sous une forme analogue, a existé dans les liturgies gallicanes au vie siècle, à preuve un texte d’un concile de Lyon sous Sigismond (516-523) qui fait allusion à Yoralio plebis quæ posl evangelium legitur. Concilia sévi merovingici, p. 34. Mais elle a disparu depuis, comme à Rome, et l’on ne trouve plus dans les recueils de la liturgie gallicane que des litanies diaconales imitées de celles de la liturgie byzantine.

Ces litanies ou Siaxovixâ sont récitées par le diacre, et font partie de l’avant-messe. A chaque invocation du diacre, le peuple répond Kyrie eleison, et à la fin le célébrant conclut par un oraison. Ce type de prière, créé sans doute à Antioche, fut adopté à Constantinople et de lu transporté à Rome et en Gaule au ve siècle. La supplicatio lilanim dont il est question dans la règle de saint Benoît. les preecs deprecationes letanim, le Kyrie (le la messe romaine en sont dérivés.

De cette prière diaconale dont nous avons dit ailleurs l’origine et les destinées, plusieurs exemples existent dans les livres gallicans encore, ainsi le