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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/43

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MESSE DANS.LA LITURGIE, LA MESSE CELTIQUE


eum et illuminamini, iste paupcr clamavit et Dominus exaudivit eum, et surtout : Gustate et videte quoniam suavis est Dominus. Dom Cagin, Paléographie musicale, t. v, p. 22-25, a réuni les principaux témoignages de cette tradition. Il est intéressant de constater que la Gaule l’avait conservée. Le Pseudo-Germain, après d’autres, nous le rappelle, mais en insistant pour démontrer que ce chant qu’il appelle Trecanum est un acte de foi en sa Trinité. — Et, en effet, trois versets qui se répétaient d’une certaine façon et se terminaient sans doute par la doxologie trinitaire, comme dans le mozarabe, enseignaient à ceux qui recevaient la communion « que le Père est dans le Fils, le Fils dans le Saint-Esprit, l’Esprit-Saint dans le Fils, et de nouveau le Fils dans le Père. » D’autres chants pour la communion accompagnèrent celui-ci ou s’y substituèrent, ainsi la belle hymne sancti venite des liturgies celtiques. Ailleurs, chez les Mozarabes et les Orientaux, on récite le symbole de Xicée-Constantinople à ce moment. C’est toujours la préoccupation qui est à noter, de faire précéder la participation au corps et au sang du Christ, d’un acte de foi, car l’eucharistie est par excellence le mystère de l’union au Christ, et par lui entre les fidèles dans la foi et la charité.

Après la communion on dit une oraison dont le texte aussi est variable. Les postcommunions conservées dans les livres de la liturgie gallicane sont aussi à étudier, car elles expriment la foi de ces liturgies dans la présence réelle et dans les effets du sacrement sur l'âme.

Après ces prières avait lieu le renvoi des fidèles comme dans les autres liturgies. C’est l’Ile missa est, dans la liturgie romaine, le Missa acta est, In pace dans le missel de Stowe, le Procedamus in pace, in nomine Domini dans le rit ambrosien, une formule plus solennelle chez les Mozarabes. Dans les liturgies orientales, il y a d’autres formules de renvoi. Ce n’est que tardivement dans certains rites, qu’on eut l’idée d’ajouter après ce renvoi, la lecture de l'évangile de saint Jean et d’autres prières qui enlèvent à la formule toute sa portée.

Les livres de la liturgie gallicane. — Comme nous l’avons dit, les oraisons de la messe gallicane ne sont pas invariables comme celles des liturgies grecques et orientales, elles peuvent changer chaque jour. De là l’origine des collections qu’on en a faites, et qui sont un recueil de première importance pour l’histoire théologique de ces liturgies. Ce sont les Messes de Mone, le Missale gothicam, le Missale gallicanum velus, le Missale Francorum, le Missel de Bobbio. Comme nous avons déjà donné tous les renseignements nécessaires au sujet de cette littérature dans l’article Liturgie, col. 807 sq., nous n’avons qu'à y renvoyer. En outre quelques fragments de livres gallicans ont été publiés dans ces dernières années dans diverses revues. On en trouvera le relevé très complet dans l’article de dom Leclercq, Gallicanes (Liturgies) du Diction, d’arcliéol.


IX. La messe dans les liturgies celtiques. —

Y a-t-il en réalité une liturgie celtique au sens où il y a une liturgie mozarabe, une liturgie gallicane, une liturgie romaine ?

Il faut répondre par la négative. Des usages partituliers, des prières quelque nombreuses qu’elles soient, des rites empruntés de droite et de gauche ne suffisent pas à former une liturgie originale. Les anciennes théories qui cherchaient à ces usages une origine orientale et opposaient l'Église celtique aux Kglises latines et notamment à l'Église romaine, théories dont on trouve lés dernières traces dans Warren, sont aujourd’hui bien démodées. L'étude de tous ces fragments liturgiques qui a été très poussée dans ces cinquante dernières années, tend de plus en plus à démontrer que la liturgie celtique ou plutôt les liturgies celtiques, terme adoptée pour rendre compte des divergences qui existent dans les usages liturgiques des églises établies en Irlande, dans les Iles Britanniques et sur le continent européen, ne sont qu’un mélange de rites et de formules empruntés par ces Églises soit aux Églises gallicanes, soit à l'Église romaine, soit même à l'Église mozarabe ou aux Églises orientales. La statistique de tous ces textes assez nombreux a été dressée avec une patience et un soin remarquables dans l’article Celtiques (Liturgies) du Diction, d’arche’ol., par dom Gougaud. Nous citerons plus loin quelques autres travaux sur ce sujet qui méritent d'être consultés. Nous ne signalerons ici que les documents les plus importants pour la messe : le premier est le missel de Stowe, le second celui de Bobbio. On trouve aussi dans les fragments publiés par Bannister et d’autres, quelques prières de la messe dont nous tiendrons compte dans l’exposé qui suit.

Les textes.


1. Le Missel de Stowe.

Sous ce nom de Missel de Stowe, on désigne un manuscrit aujourd’hui conservé à la bibliothèque de l’Académie royale d’Irlande à Dublin sous la cote D, II, 3 (fonds Ashburnham), et qui avait séjourné pendant un certain temps dans la bibliothèque du duc de Buckingham, au château de Stowe ; il passa ensuite dans celle de Lord Ashburnham et enfin à l’Académie royale de Dublin. On a cru jadis que ce manuscrit avait été trouvé en Allemagne au xvine siècle, mais il semble démontré aujourd’hui qu’il n’a jamais quitté l’Irlande. On discute encore pour fixer l'âge et l’origine du manuscrit. Les textes irlandais qui y sont transcrits et quelques autres particularités ne laissent pas de doute sur son origine celtique. Il n’en est pas de même pour l'âge : viie, viiie, ixe siècle ; les paléographes hésitent, mais il est certain qu’il a été encore interpolé jusqu’au xe siècle.

Il a été édité par F. E. Warren en même temps que quelques autres fragments dans son livre The liturgy and ritual of the Celtic Church, Oxford, 1881. Malheureusement, et par suite de circonstances indépendantes de la volonté de l'éditeur, cette édition présente d’assez nombreuses erreurs, notamment une interversion de feuillets qui déroute, dans l’ordinaire même de la messe. L'édition du Rev. Mac Carthy, malheureusement moins abordable, mais de beaucoup supérieure, se trouve dans les Transactions of the Royal Irish Academꝟ. 1886, t. xxvii, p. 135-268. La société Henry Bradshaw a confié une réédition à M. [George F. Warner, The Stowe missal, edited by G. F. Warner, t. i, fac-similé, Londres, 1906 ; t. ii, texte, introduction et index, London, 1915. Voir quelques nouveaux renseignements sur le manuscrit de Stowe et son histoire, par E. Gwynn et T. F. O’Rahilly dans Revue celtique, 1927, t. xxxvii, p. 403 sq., et t. xliv, p. 254 sq. Le Missel contient l’ordinaire et le canon de la messe, et des oraisons d’une messe des apôtres et des martyrs, d’une messe des saints et des vierges, de messes pour les pénitents, pour les morts, et d’un ordo bavtismi. C’est le fragment le plus complet et le plus étendu que nous possédions jusqu’ici sur la liturgie celtique. Dans lec. m du livre cité de Warren, sous ce titre Reliquia 1 celticæ lilurgicie, on trouvera quelques autres fragments sur la messe. De son côté H. Marriott Bannister a publié des fragments intéressants dans Journal of theological Studies, t. v, 1903, p. 49-75 ; 1908, t. ix, p. 414-421. Voir aussi un fragment publié par J. Loth, Revue celtique, t. xi, 1890, p. 135-151, et contenant entre autres la litanie du samedi saint. Pour le reste nous renvoyons à l’article de dom Gougaud déjà cité, col. 2971 sq.

2. Le Missel de Bobbio.

Si le Missel de Bobbio publié d’abord par Mabillon était vraiment celtique, il serait un témoin de cette liturgie plus important encore que le missel de Stowe. Mais, s’il a inconstestablement subi des influences irlandaises, en raison de ce fait que l’auteur qui l’a rédigé écrivait soit à Luxeuil, soit dans quelque autre lieu soumis aux mêmes influences, il semble bien plutôt un missel gallican, et encore faut-il dire que le rédacteur a souvent fait des