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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/441

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    1. MOLINISME##


MOLINISME, CONTROVERSES AU XVII* SIÈCLE

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îiistne du thamisme. Art. Jansénisme, col. 511-514.

Les meilleurs défenseurs du molinisme à cette époque furent G. de Henao, dans sa Scientia média historiée propugnata, Lyon, 1055, et Salamuiiquc, 16(55, puis dans sa Scientia média theologice dejensa, I" partie, Lyon. 1674, II' partie, Lyon, 1676 ; etThyrse Gonzalez, Selectarum disp. 1, De sr.ip.nfia média, ., , Salamangi^, t<>80.

5° A Reims, l’ordonnance de Le Tellier (1697). — Dans l'énorme production littéraire qui touche au molinisme pendant le dernier quart du xviie siècle, il faut faire une place à part, en raison de son retentissement, à une ordonnance de l’archevêque de Reims, Charles-Maurice Le Tellier, le 15 juillet 1697.

Un jésuite de cette ville, Gabriel Thirioux, avait soutenu publiquement, le 5 décembre 1696, des thèses e î faveur de Molina. Texte dans Serry, App., col. 360.'564. Il avait affirmé que sa doctrine, qui explique par la science moyenne l’accord de la liberté humaine et de la grâce divine « est également éloignée des erreurs de Calvin et des autres sectaires de ce temps que de l’opinion des pélagiens », puis il avait conclu, sur un ton de triomphe, citant un obscur Maurolicus, que, combattue par tant d’adversaires de toute sorte, discutée avec tant de soin devant les papes, elle avait été trouvée, après tant d'épreuves, « plus pure que l’or au sortir du creuset ». Un autre jésuite avait montré, le 17 du même mois, devant le même public, l’accord de la doctrine de Molina avec saint Augustin. Ce fut l’occasion de l’Ordonnance en forme d’instruction, pour la faculté de théologie de Reims, que publia l’archevêque le 15 juillet. Texte traduit en latin dans Serry, Append., col. 319-348.

Le Tellier s'élève vivement contre l’argumentation qui consiste à conclure du silence de Paul V, « qui trouva à propos de surseoir au jugement qu’il avait projeté de rendre », que ce pape a approuvé absolument la Concordia de Molina ; il ne veut pas qu’on expose le Saint-Siège « aux calomnies des protestants qui l’accusent mal à propos d’avoir abandonné l’ancienne doctrine de saint Augustin sur la grâce, pour embrasser les nouvelles doctrines de Molina », et « qu’on donne de si grands éloges à une doctrine qui, dès son origine, a été regardée tout au moins comme suspecte ». Il condamne en conséquence, comme « fausse, téméraire, scandaleuse, captieuse et induisante en erreur », la proposition de Thirioux dont nous avons indiqué plus haut le sens. Sans vouloir taxer le molinisme de semipélagianisme, il s’efforce, dans toute son ordonnance, de détourner les maîtres de sa Faculté des « vaines inventions des théologiens », c’est-à-dire de Molina, de Lessius et de leurs adeptes, et il leur recommande de chercher la lumière sur les vérités de la foi, dans l’humble méditation de l'Écriture, l'étude attentive de la tradition et la pureté de la conscience.

Les molinistes répliquèrent par une remontrance intitulée : Monitio supplex lllustrissimo Remensium archiepiscopo facta, super décréta edito die 15 juin Ki ! >7, occasions duarum thesium theologiearum, in collegio societatis Jesu ejusdem urbis habitarum, diebits Set 7 deeembris 1606. L’archevêque riposta par nne requête au Parlement contre les jésuites. Bossuel présenta t’ordonnance au roi le 6 octobre ; et nous savons par sa correspondance qu’il l’approuvait. Journal des savants, 18 nov. 1697, p. 433-439 ; d’Avrigny, Mémoires chronologiques et dogmatiques, 17.'f'.>, t. iv, p. 91-103 ; Urbain et Lévesque, Correspondance de Bossuet, l. viii, p. 416 et 127. Les jésuites demandèrent grâce et en furent quittes pour faire amende honorable. Texte dans Serry, préf., p. i.

6° / Rouen, le$ PP. Noël Alexandre et Serry, O. P. et le l'. Daniel, s..1. - A Rouen, l’archevêque Jacques Nicolas Colbeii avait recommandé à son clergé, dans sa Ici Ire pastorale de 1696, 1a lecture de la Théologie du

P. Noël Alexandre, O. P. Ce fut le point de départ d’attaques contre la doctrine morale du dominicain, qui finirent par l’exil de leur auteur, le P. Bufïier, S. J. Voir art. Alexandre, col. 771. Le P. Gabriel Daniel, S. J., qui avait déjà pris à partie le dominicain dans ses Entretiens de Cléandre et d’Eudoxe sur les Lettres au provincial, Cologne, 1694, adressa alors au P.Alexandre une série de dix lettres publiques, dont les cinq dernières concernaient la grâce. Sous la forme d’un parallèle entre la doctrine des jésuites et celle des dominicains, il combattait la grâce efficace par elle-même, comme supprimant la liberté et favorisant le jansé nisme ; les décrets prédéterminants, comme entraînant la nécessité et faisant de Dieu l’auteur du péché. Il défendait par contre la science moyenne, disant que saint Augustin l’avait approuvée. Lettres théologiques au R. P. Alexandre, où se fait le parallèle de la doctrine des thomistes avec celle des jésuites sur la morale et la grâce, Rouen, 1697.

Le P. Alexandre répondit par six lettres, dont les trois dernières se rapportent à la grâce. Il s’efforçait de démontrer que le molinisme s’accorde avec le semipélagianisme ; que la doctrine thomiste est approuvée par l'Église, tandis que celle des jésuites est nouvelle, dangereuse et condamnée par la faculté de Louvain ; que Molina a été condamné par les congrégations De auxiliis. Lettres d’un théologien aux RR. PP. jésuites pour servir de réponse aux lettres adressées au P. Alexandre, 1697.

Les deux lutteurs furent mandés par le chancelier de France, qui, après les avoir entendus séparément, leur imposa silence au nom du roi. De ce fait, la dernière lettre du P. Daniel resta sans réponse. Mais l’année suivante, le jésuite fit réimprimer à Lyon ses lettres et celles de son correspondant, avec une préface où il s’attribuait la victoire. Le P. Alexandre publia alors un Recueil de plusieurs pièces pour la défense de la morale et de la grâce de Jésus-Christ, Delft, 1698.

Quelques années plus tard, à l’occasion d’un livre intitulé : La véritable tradition de l'Église sur la prédestination et la grâce, paru à Liège en 1702, sous le pseudonyme de Louis Marais, un élève du P. Alexandre, le P. Hyacinthe Serry, O. P., déclara tout net que les plus violentes expressions de Marais étaient empruntées aux ouvrages des jésuites. Ce fut, poulie P. Daniel, l’occasion de défendre de nouveau la Compagnie et de s’expliquer sur la manière dont il faut entendre les textes des Pères. Lettres au P. Cloche, général des dominicains, et au P. Serrꝟ. 1705 et 1706 ; et Traité théologique touchant l’efficacité de la grâce, où Ton examine ce qui est de foy sur ce sujet et ce qui n’en est pas ; ce qui est de saint Augustin et ce qui n’en est pas, Paris, 1705.

IV. Les « Histoires des CONGRÉGATIONS Dr. AUXILIIS ». - I. 'argument que l’on tirait depuis longtemps, contre le molinisme, des mémoires inédits de Thomas de Lcmos et de Pcna, doyen de la Hôte, avait perdu beaucoup de son efficacité, depuis le décret d’Innocent X dont il a été parlé plus haut. col. 2174.

Il fut repris soudain, avec une force nouvelle, par la publication de VHistoria congregationum de auxiliis auctore Augustin » Le Blanc, S. 'Th. Doctore, Louvain, 1699. 1. 'auteur, le P. Hyacinthe Serry, O. P., axait lentement élaboré cette histoire à Home, en s’appuyant surtout sur les actes ou mémoires de Coronel, secrétaire de la Congrégation, de François Pefia et de Thomas de Lemos ; et l’on apprit plus tard que Quesnel n'était pas resté étranger à cette publication. !.. de Meyer, préf., p. m sq. ; Schneemann, p. 340-345. L’ouvrage, dédié à saint Augustin, s’ouvrait pal une gravure qui en résume l’esprit : Jésus disant à s( s disciples : Sine me nihil potestis facere Un bénédictin,