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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/494

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MONOPHYSITE (EGLISE COPTE), SACREMENTS


longtemps le baptême et de ne l’administrer qu’à l’église. Au témoignage de missionnaires catholiques, si un enfant en danger de mort ne peut être porté à l’église, le prêtre se contente de faire sur lui les onctions de l’exorcisme, de réciter quelques prières et de le bénir. Un de leurs canons dit que, si l’enfant vient à mourir, les onctions de l’exorcisme (ou même l’une d’entre elles) lui tiennent lieu de baptême. Cf. P. du Bernât, Sur la religion des cophtes et sur leurs rites ecclésiastiques (lettre écrite vers 1711), dans Lettres édifiantes et curieuses concernant l’Asie, l’Afrique et l’Amérique, édit. L. Aimé-Martin, t. i, Orléans, 1875, p. 583. La pratique habituelle est que l’enfant mâle soit baptisé le 40e jour après sa naissance, la petite fille, le 80e jour seulement. Jadis, au témoignage d’Ibn Sabà, La perle précieuse, c. xxx, p. 672, le baptême ne s’administrait qu’une fois l’an, le vendredi, sixième jour de la sixième semaine du carême (qui n’est point le Vendredi saint, comme l’a dit Vansleb, p. 83). On fixa ensuite le 40e et le 80<> jour de la naissance « de peur que la mort ne privât les enfants du royaume divin ».

Le baptême n’est pas réitéré. Il existe cependant un rite de réconciliation des apostats qui ressemble fort au baptême : on fait sur le pénitent une triple infusion d’eau baptismale bénite suivant le rituel, en disant : Ego te lavo in nomine Patris, etc. ; puis on récite les oraisons prescrites pour l’administration du sacrement de pénitence. Cf. Vansleb, op. cit., p. 189 ; Denzinger, op. cit., 1. 1, p. 46. Le patriarche de Constantinople, saint Méthode († 847), enrichit l’euchologe byzantin d’un rite analogue, et c’est peut-être aux Byzantins que les coptes l’ont emprunté.

Il est difficile de préciser la doctrine des coptes sur la validité du baptême conféré par les hérétiques, leurs sources canoniques renfermant sur ce point des affirmations contradictoires. Us ont sûrement admis la validité du baptême de certains hérétiques, celui des gaïanites, par exemple. Du reste le cas de recevoir des prosélytes d’autres sectes chrétiennes s’est rarement présenté pour eux. Il y a eu cependant des cas de rebaptisation. Cf. Renaudot, Hist. pat. Alex., p. 194-198.

2. La confirmation. — Les coptes ont le rite sacramentel de la confirmation, mais comme il est toujours administré après le baptême, ils ne le distinguent pas pratiquement de ce dernier sacrement, sauf lorsqu’ils le réitèrent à un hérétique, conformément au 7e canon du deuxième concile œcuménique (=Lettre à Marlyrius d’Antioché).

Le chrême ou myron des coptes est à base d’huile d’olive et de baume, mais il est mêlé, comme celui des autres Orientaux, de beaucoup d’autres ingrédients et essences odoriférantes. Le P. Louis Villecourt a publié récemment, en traduction française, les curieux documents renfermés dans un manuscrit arabe du xiv° siècle intitulé : Le livre du chrême. Cf. Un manuscrit arabe sur le saint chrême dans l’Église copte, dans la Revue d’histoire ecclésiastique, t. xvii et xviii, p. 501-514 ; 1-19 ; La lettre de Macaire, évêque de Memphis sur la liturgie antique du chrême et du baptême à Alexandrie, dans le Museon, 1923, t. xxxvi, p. 3342 ; Le livre du chrême, dans le Muséon, 1928, t. xîi, p. 49-80. Ces documents nous apprennent non seulement la liste et la dose des matières entrant dans la composition du chrême, mais aussi le rite, le lieu et le jour de sa consécration dans l’Église copte. Jusqu’au temps du patriarche Macaire, 59e patriarche (933-953), cette consécration avait lieu d’abord à Alexandrie, puis au couvent de Saint-Macaire, au désert de Scété, le vendredi de la sixième semaine du carême ( = le vendredi avant le dimanche des Rameaux). Elle était suivie de la consécration de

l’eau baptismale, puis du baptême des catéchumènes enfin de la célébration de la messe, tous les nouveaux baptisés devant communier. Le patriarche Macaire, sur le conseil de quelques-uns, retarda la consécration jusqu’au jeudi de la Pàque (= le Jeudi saint). Cette pratique devint définitive à partir du patriarche Éphrem, d’origine syrienne (971-974). Tels sont les renseignements fournis par la lettre de Macaire, évêque de Memphis, secrétaire du patriarche Côme III (920-933). Le même affirme aussi, ce qu’a répété Ibn Sabâ au xiv » siècle, que, primitivement (c’est-à-dire peut-être au début de la conquête arabe), le baptême ne s’administrait en Egypte qu’une fois l’an pour les petits comme pour les grands, précisément le jour de la consécration du chrême, c’est-à-dire le vendredi avant le dimanche des Rameaux. Il est difficile de dire si cette coutume de l’unique cérémonie baptismale annuelle a jamais existé et si ce n’est pas une légende.

Quant à la matière prochaine et à la forme de la confirmation, dans le rite copte, voici ce qu’il y a de plus clair. Comme dans le rite romain, il y a une imposition des mains (avec une prière spéciale), distincte de la chrismation proprement dite. La chrismation sur diverses parties du corps : front, narines, oreilles, etc., précède, et chaque onction est accompagnée d’une formule particulière. La formule pour l’onction du front est celle-ci : Unctio gratise Spiritus Sancti. Amen. Cf. Denzinger, op. cit., t. i, p. 209, 221, 231.

Tout prêtre qui administre le baptême donne aussi la confirmation, qui est son complément. D’après la lettre de Macaire de Memphis citée plus haut, lors de la cérémonie primitive de la consécration du chrême et du baptême annuel qui la suivait, c’était le patriai che qui oignait du chrême tous les nouveaux baptisés, indice non équivoque que l’évêque est le ministre ordinaire de ce sacrement de perfection.

3. L’eucharistie.

La croyance des coptes à la présence réelle du corps et du sang de Jésus-Christ dans l’eucharistie ne fait pas de doute. Aux xviie xvin c siècles, les auteurs de la Perpétuité de la foi de l’Église catholique sur l’eucharistie, et spécialement Eusèbe Renaudot, en réunirent de nombreux témoignages. Voir spécialement de Renaudot son savant commentaire des trois liturgies coptes, Liturg. orient, collectio, t. i, passim, et son ouvrage publié en 1711 : La perpétuité de la foi de l’Église catholique louchant l’eucharistie, 1. II et III, édit. Migne, t. iii, col. 120278. Un des témoignages les plus clairs et les plus célèbres est la profession de foi à la présence réelle, que le célébrant récite à la messe avant la communion, et qui revenait aussi autrefois dans le rituel de l’ordination du patriarche : Corpus sanctum et sanguis pretiosus purus, verus Jesu Christi Filii Dei nostri. Amen. Corpus et sanguis Emmanuelis Dei nostri hoc est in rei veritate. Amen. Credo, credo, credo et confileor usque ad exlremum vitæ spirilum hoc esse corpus vivificum Filii lui unigeniti Domini Dei et Salvaloris nostri Jesu Christi : accepit illud ex omnium nostrum domina, deipara, diva et sancta Maria, et unum illud fecit cum divinitate sua sine confusione, commistione aut alteratione. Nous avons dit que cette formule était célèbre. Elle donna lieu, en effet, à deux petites controverses parmi les coptes, non pour la partie qui affirme la présence réelle, mais d’abord pour l’addition des mots : Et unum illud fecit cum divinitate sua, qui fut faite par le patriarche Gabriel Ibn Tarik (1132-1145), au jour de son intronisation au monastère de Saint-Macaire ; ensuite pour l’addition de l’épithète vivificum après le mot corpus, faite sous le patriarche Jean V (1146-1167). Les moines de Saint-Macaire protestèrent contre la première, et ne l’accep-