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MONTALEMBERT


talembert demeura avec lui, moins par obstination d’esprit que par attachement. Le 9 juin l’encyclique aux évèqucs polonais blâmant une révolte que l’Avenir avait exaltée — Montalembert tout le premier — n’éclaira pas Lamennais. Il annonça qu’il allait reprendre la publication de l’Avenir, puisqu’on ne lui répondait pas, et avec Montalembert gagna Munich. C’est là qu’ils reçurent, le 30 août, la réponse qu’ils avaient, pour ainsi dire, obtenue de force, l’encyclique Mirctri vos. Le 12 septembre 1832, une Déclaration de MM. les rédacteurs de V « Avenir », datée de Paris, le 10, annonçait la disparition de l’Avenir et la dissolution de l’Agence générale. Cf. loc. cit., t. vii, p. 454.

Pris entre sa fidélité catholique et son attachement pour Lamennais qui s’achemine vers la révolte, Montalembert passe dans le trouble les années 1832-1834. Il voit avec indignation Lacordaire, un moment revenu à la Chênaie, en fuir définitivement le Il décembre 1832 ; quand parut, en mai 1833, la traduction qu’il a faite du livre de Mickiewicz, Le livre des pèlerins polonais, à laquelle il a mis une préface passionnée, Œuvres, t. iv, p. 164, il lui est douloureux d’être blâmé par plusieurs, par Lacordaire en particulier, et plus encore bientôt, par Grégoire XVI dans son bref du 9 octobre 1833 à l’archevêque de Rennes sur l’attitude de Lamennais ; enfin il s’efforce d’arrêter le maître sur la pente de la défection, lui donnant des conseils de sagesse et de modération, soit à la Chênaie, soit surtout d’Allemagne où il se rend dès août 1833, le détournant de ressusciter l’Avenir pour reprendre la lutte uniquement sur le terrain politique et social ; plus encore de publier les Paroles d’un croyant, et quand parut l’encyclique Singùlari, lui conseillant de se soumettre. Pour lui, qui, soumis de cœur aux décisions de Rome — il a même ordonné de racheter l’édition de sa traduction des Pèlerins polonais — n’a pas encore donné l’expression publique de cette soumission afin de ne pas s’opposer à Lamennais et de le ramener plus facilement avec lui, le 8 décembre 1834, de Pise où il se trouve alors, il envoie au cardinal Pacca un acte catégorique d’obéissance aux deux encycliques.

A l’Avenir, Montalembert donna les articles suivants qu’il signe de ses initiales, Ch. de M. : 1° à propos du soulèvement de la Pologne, auquel il applaudit au nom de la religion et de la liberté : Révolutions de Pologne, n. 58, 12 décembre 1830, loc. cit., t. i, p. 403-406, et Œuvres, t. iv, p. 123 ; le Moniteur de Toulouse ayant attaqué cet article où il avait dit : L’insurrection de la Pologne est sainte », il publie, le 25 décembre, Avenir, n. 71, ibid., t. a, p. 19-21, une réponse véhémente : Sur notre article de la Pologne ; le même article ayant été attaqué par le Globe, qui lui opposait un mandement où l’archevêque de Gnesen condamnait l’insurrection, l’Avenir, n. 71, 26 et 27 décembre, publia, mais non sous la signature de Montalembert, une Réponse au Globe sur nos sentiments touchant la Pologne, loc. cit., p. 34-35. 2° Montalembert consacra ensuite a l’Irlande d’O’Connell une suite de trois articles, intitulés Du catholicisme en Irlande, lettre Au Rédacteur de l’Avenir, n. 77, 81, 93, des 1°, 5 et 17 janvier 1831, ibid., p. 72-81, 135-146, 213254 ; Œuvres, t. iv, p. 127, et publié à part : Association lyonnaise pour la dé/ense de la liberté religieuse. Lettre sur le catholicùme en Irlande, 33 p. io-8°, Lyon, 1831 quillet). Le 13 juin 1831, il fera dans l’Avenir, n. 210, loc. cit., t. v, p. 1-1, un appel en faveur de l’Irlande occidentale, ravagée par la famine, Souscription pour l’Irlande, non signé mais qui est de lui. Cf. Œuvres, t. iv, p. 164. 3° Dans l’intervalle, le Il janvier, ù propos de l’ordonnance portée, le jour de Noël précédent, par le ministre de l’intérieur Mérillon d’abattre la croix érigée et de fermer le ci netlére ouvert par les missionnaire ! du Mont-Valérien, il publia : Les

tombeaux du Calvaire, n. 83, ibid, t. ii, p, 201-20 1 ; Œuores,

t. iv, p. 168. 4° a propoi du sac de Saint-Germain-l’Auxerrois et des profanations qui Suivirent le 21 février, dans un article La croix, n. 128, ibid., t. iii, p. 103-108, il proteste contre ces attentats faits contre I >ieu au nom de la liberté,

Œuvres, t. iv, p. 172 ; puis, comme dans un article Aux

catholiques du 18 février, n. 125, ibid., p. 76-82, Lamennais s’est montré dur et blessant à l’égard des légitimistes, le 6 mars, par son article A ceux qui aiment ce qui fut, n. 141, ibid., p. 192-199 ; Qiuvres, ibid., p. 179, il essaie d’adoucir la parole très dure du maître. 5° Il s’interrompt dans ses luttes politiques pour donner ensuite les deux articles connus : Littérature, Xotre-Dame de Paris j>ar Victor Hugo, n. 177 et 194 ; Il et 28 avril, ibid., t. iii, p. 465-473, et t. iv, p. 100-105, Œuvres, t. vi, p -loi. Le roman avait paru le 13 lévrier. 6° Le 16 avril, nouvel article en laveur de la Pologne. Se terminant, après une adresse à la Pologne, par une supplication a la sainte Vierge, il est intitulé : Une prière, n. 182, ibid., t. iii, p. 488-494 ; Œuyres, Ibid., 187. 7° Du catholicisme en Suède, n. 216, 20 mai, ibid., t. IV, p. 292-304 ; Œuvres, ibid., p. 192.8° SaintGermain-l’Auxerrois, n. 69, 12 juillet, ibid., t. V, p. 284-289 ; à propos d’une proposition de loi qui entraînait la démolition de cette église pour l’ouverture d’une rue. 9° La loi, n. 290, 31 août, ibid., p. 442-449, article dont le titre dit le sujet ; Œuvres, ibid., p. 202. 9° Littérature, Du catholicisme dans la littérature allemande, Xovalis, n. 328, 9 septembre, ibid., t. VI, p. 189-203 ; Œuvres, t. vi, p. 387. 10° Pour finir, Le douze septembre, n. 331, ibid., p. 206-210, Œnures, t.iv, 21 1. Le 26 juillet 1831 l’Agence générale avait appelé les catholiques a signer une pétilion en faveur d’une intervention aux côtés de la Pologne, n. 283, ibid., t. v, p. 387-390 ; mais la prudence avait paralysé le gouvernement. Le 12 septembre, anniversaire de la victoire que sous les murs de Vienne, cent quarante-huit ans auparavant », par la Pologne, - Dieu et la liberté avaient remportée sur la barbarie et le despotisme », la Pologne soulevée pour Dieu et la liberté expirait abandonnée par l’Kurope que son antique victoire avait sauvée.

Dans le Correspondant, il avait donné les articles suivants : 16 et 23 novembre 1830, Du mouvement et de la résistance en Angleterre, Œuvres, t. iv, p. 86 ; 14 décembre, De l’intolérance du parti qui se proclame vainqueur. Œuvres, ibid., p. 102 ; 21 décembre, Du procès des ministres, ibid., p. 109 ; 28 décembre, De l’impiwtialité ministérielle et de l’intervention des écoliers dans le gouvernement représentatif, ibid., p. 114.

III. Années de repos (1834-1836). — En août 1833, Montalembert, las de la vie publique et de ses difficultés, avait gagné l’Allemagne. Il s’arrêta à Munich, il y revit ceux qu’il avait rencontrés avec Lamennais en 1831, Schelling, Raader, F. Gôrres et se lia avec Dôllinger. Sa pensée était d’écrire un grand ouvrage sur les Pèlerinages d’un catholique au dix-neuvième siècle..Mais, venu à Marbourg un 19 novembre, il conçut le dessein d’écrire la vie de sainte Elisabeth, et pour la beauté poétique de cette vie, et parce que cette sainte appartenait à ce Moyen Age chrétien que Victor Hugo lui a appris à voir et à aimer et sur lequel il vient encore d’écrire. Cf. Du vandalisme dans l’art. Lettre à M. Victor Hugo, Revue des Deux Mondes, 1° mars 1833 et Œuvres, t. VI, p. 7. L’Histoire de sainte Elisabeth de Hongrie, duchesse de Thuringc, in-8°, Paris, 1836, aura douze éditions du vivant de l’auteur. La 9*, 2 in-8°, t. vu et viii des Œuores, 1X6 1, sera suivie d’une Notice sur saint Anselme. En 1841, il donnera un Abrégé de l’histoire de sainte Elisabeth de Hongrie, in-18, Paris.

Le 16 août 1836, après un séjour en Italie auprès d’Albert et d’Alexandrine de la Ferronnays, il épousera une descendante de sainte Elisabeth, la fille du comte Félix de Mérode, Il retournera ensuite en Italie, et, à Rome, il aura trois audiences de Grégoire XVI.

IV. La vie politique. Montalembert, chef des

LIBÉRAUX CATHOLIQUES FRANÇAIS (1837-1870).

1° Les premières années de la oie parlementaire (183718 12°. Le Il mai 1835, Montalembert, qui venait d’atteindre ses vingt-cinq ans, put prendre place a

la Chambre des pairs. Il y parla pour la première fois -si on ne tient pas compte du discours à propos dr l’école libre — dans la discussion « les lois de.septembre. Mais c’est seuleinent en 1837, après son mariage et son retour à Paris, qu’il entre vraiment

dans la vie parlementaire.