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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/529

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Saint-Nicolas-du-Chardonnct, qui se rallié avec quelque éclat, 1846 ; les fameux Cas de conscience de Mgr Parisis, 1847, justifient son programme et enfin l’avènement de Pie IX semble lui assurer l’appui de Rome.

I "ii quatrième projet sur la liberté de l’enseignement déposé en avril 1847 est mal reçu par les catholiques ; le rapport favorable qu’en fait le député Lindières devant la Chambre est meurtri de critiques par Montalembert. Œuvres, t. iv, p. 437. La révolution de février empêcha le projet d’être discuté.

Absorbé par cette question de la liberté de l’enseignement, Montalembert ne se désintéressa pas cependant de la politique extérieure ; la plupart du temps, il y retrouvait l’occasion de défendre l’Église et la liberté.

4. Montalembert et la révolution de 1848. — Lacordairc toujours confiant en la démocratie applaudit à la révolution et fonda l’Ère nouvelle, où devaient se concilier l’Église et la démocratie. Il fut déçu, et le lendemain du 15 mai, il donnait sa démission de député et bientôt après quittait l’Ère nouvelle. Monarchiste et aristocrate, très attaché à l’ordre social, très déliant à l’égard de la démocratie, Montalembert déplora la révolution. S’inclinant devant la victoire des partis avancés, il s’inquièle de limiter les conséquences de cette victoire. Au programme de liberté du parti catholique, il ajoute le maintien de l’ordre. Cf. Univers, 25 février, Lettre sur le nouveau gouvernement, ibid., 28 février et Université catholique, t. xxiv, p. 193 : et il met son parti en garde contre la confusion entre christianisme et démocratie ou encore république. Cf. Quelques conseils aux catholiques. Ami de la religion des 19 et 21 octobre 1848, Université catholique, t. XXV, p. 462-474 ; 16 p. in-8°, Paris, 1848 ; Œuvres, t. IV, p. 489. Dès mars, le Comité directeur s’occupa des élections ; Montalembert rédigea des instructions en son nom : Circulaires des 8 et 15 mars, Œuvres, t. iii, p. 3, et accepta même que fût posée sa candidature dans le Doubs. Sa profession de foi, extrêmement nette, demandait l’ordre et, pour l’Église comme pour toutes les institutions sociales, la liberté. Cf. Œuvres, ibid., p. 11. Le 22 juin, à la veille même des fameuses journées, il combattra une proposition à tendances socialistes du ministre des finances. Université catholique, t. xxv, p. 60 sq. ; Œuvres, ibid., p. 6.

Il ne perd pas de vue la liberté d’enseignement. Il ne peut cependant la faire proclamer dans la Constitution sans des conditions qui pèseront plus tard sur le projet Falloux. Cf. Assemblée nationale. Session de 1848. Discours de M… sur la liberté d’enseignement dans la discussion de l’article 8 du projet de constitution. Séances des 18 et 19 septembre, in-8° et in-18, Paris, 1848 ; Œuvres, ibid., p. 53. C’est encore la liberté d’enseignement qui, lors de l’élection à la présidence, lui fait préférer à Cavaignac qui n’ose s’engager, Louis Napoléon favorable, et c’est pour celui-ci que voteront les catholiques.

5. Le vote de la loi Falloux (1850). - - Pour la même raison, avec le concours de Dupanloup, il amène Falloux, un catholique, mais qui se défie du Princeprésident, à devenir son ministre de l’Instruction publique et des cultes. Enfin, après avoir soutenu le gouvernement et l’Assemblée législative, où le dépar tement du Doubs l’avait renvoyé, dans toutes leurs mesures pour le maintien de l’ordre, BUrtout après la journée du 13 juin, après avoir défondu, à propo ; de la lettre à Edgard Ney, les droits souverains de l’ie IX, ibid., p. 250, connue déjà, une année auparavant, il avait applaudi à la décision de Cavaignac de secourir le pape menacé par la révolution, Œuvres, ibid., p. 102, il voit enfin aboutir vingt années d’efforts. La liberté de renseignement est votée.

(>. Scission du parti catholique (1850). — Mais la loi Falloux est une loi de transaction ; elle accorde non la liberté absolue, mais une liberté qui suffit à l’Église et qui ne blesse ni le droit commun ni même l’Université. A ce litre elle ne satisfait pas les catholiques intransigeants qui se placent au seul point de vue des droits absolus de l’Église, sans tenir compte des circonstances. A leur tête est Mgr Parisis, en attendant Louis Veuillot, deux auxiliaires de la veille pour Montalembert. Ils appellent les foudres de l’Église sur ceux qui ont fait voter la loi et qui l’approuvent, les libéraux catholiques, en particulier sur Dupanloup et sur Montalembert qui le 17 janvier axait essayé de convaincre tous les adversaires de la loi. Cf. Discours de M… dans la discussion générale du projet de loi sur l’enseignement, 17 janvier 1850, in-8°, et in-18. Paris, 1850 : Œuvres, ibid., p. 340. l’ie IX put bien imposer aux intransigeants d’accepter la loi ; l’unité catholique ne se reforma point, loin de là. D’autres questions accentueront même la scission. Cf. Libéralisme, col. 578 sq.

3° Dernière période (1850-1870). — Dès lors, Montalembert, toujours fidèle à la devise Dieu et liberté, se retrouve, un peu comme à ses débuts, obligé de lutter non seulement contre les ennemis de l’Église et de la liberté, mais contre des catholiques.

1. Ses rapports avec le pouvoir.

Pour l’ordre social que menacent toujours les socialistes, Montalembert continue d’abord à soutenir le Prince-président. Cf. Assemblée nationale. Discours de M… prononcés dans les séances des 22 et 23 mai 1852, Œuvres, ibid., p. 426. Pour la même raison et parce qu’il espère obtenir du Prince des concessions pour l’Église et pour la liberté de l’enseignement, il ne se tourne pas contre lui après le coup d’État. Mais, en janvier 1852, devant l’absolutisme qui s’organise, la confiscation des biens de la famille d’Orléans et la déception de ses espérances, Montalembert. s’il accepte d’entrer au Corps législatif, comme député de Besançon, parle toujours en opposant qui regrette le régime représeti tatif. Cf. Corps législatif. Session de 1852. Discours île M… dans la discussion générale du budget. Séance du 22 juin 1852, 16 p. in-8°, 1852. Il parle avec la même indépendance à l’Académie française, où il a été élu le 9 janvier, au fauteuil de Droz. Discours prononcé à l’Académie française par M…, le 5 février 1852, Œuvres, ibid., p. 550. Mais c’est surtout dans la fameuse brochure. Des intérêts catholiques au XIXe siècle. in-8°, Paris, 1852 (octobre) ; 2e édit. en novembre ; 3 édit.. revue et augmentée, in-12, décembre ; Œuvres, t. v, p. 3, que Montalembert manifeste sa pensée : « Que les catholiques, dit-il, sans faire d’opposition systématique, gardent une attitude réservée et indépendante. Tous les progrès de l’Église depuis un demisiècle, elle les doit à la liberté et au gouvernement parlementaire. Plût au ciel que ce régime fût celui de tous les pays ! » C’est à la fois pour visiter les représentants de la monarchie parlementaire en France, les princes d’Orléans, et pour voir en action le régime parlementaire sur sa terre d’élection, qu’en 1855 il se rend en Angleterre. De ce voyage naîtront les articles De l’avenir politique de V Angleterre dans le Correspondant des 25 nov, et 25 déc 1855, puis ln-18, Paris, 1856 ; 2e édit., in-12, 1856 ; S° édit., augmentée d’un article paru dans le Correspondant du 25 avril 1856 : La paix et la pairie à vie en Angleterre, articles où il agitait des questions politiques, sociales et religieuses. Il renouvellera ce voyage en 1858. et donnera alors au Correspondant du 25 octobre 1858, un article plus connu encore et qui lui valut un procès devant la justice française et une condamnai ion a trois mois

de prison pour attaques contre le régime Impérial : Un

débat sur l’Inde au Parlement anglais, publié à pari,