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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/539

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MONTAZET


venir auprès de lui les plus hardis d’entre eux, en partieulier l’oratorien Valla, et il fit souvent appel à la plume de l’avocat Mey. Il modifia tous les livres de piété et d’instruction religieuse : catéchisme (1767), bréviaire (1776), manuel de philosophie et de théologie (1780 et 1783), rituel (1787). Son gouvernement épiscopal, surtout durant les dernières années, fut fort troublé par les excès de quelques fanatiques à Lyon et les excentricités des frères Bonjour à Fareins. En 1757, il avait remplacé le chevalier de BoulTlers à l’Académie française. Il mourut à Paris le 2 mai 1788. Les écrits composés par Montazet ou signés par lui sont très nombreux, et sont presque tous inspirés par des idées jansénistes. On peut citer son Mandement sur la pénitence, Il février 1757, dont les Nouvelles ecclésiastiques font un éloge enthousiaste (8 mai 1757, p. 77-78). Lettre de l’archevêque de Lyon, primat de France, à l’archevêque de Paris, in-4- Lyon, 1760, dans laquelle Montazet veut prouver que son ordonnance en faveur des Hospitalières du faubourg Saint-Marcel à Paris est absolument irrépréhensible, que ses procédés à l’égard de l’archevêque de Paris ont été aussi honnêtes et aussi respectueux que sa conduite a été régulière ; 1° l’archevêque de Lyon a pu juger cette affaire, parce que l’Église de Lyon a une juridiction primatiale sur celle de Paris, et que l’Église d’Autun a droit d’exercer cette juridiction durant la vacance du siège de Lyon ; d’autre part, les religieuses Hospitalières avaient droit de recourir à la primatie ; 2° l’archevêque de Lyon a dû juger, parce qu’il en a été requis ; 3e enfin il a bien jugé suivant les règles (Nouvelles ecclésiastiques du 16 janvier 1761, p. 10-11). En 1763, il publia un mandement contre les thèses du P. Berruyer (Nouvelles ecclésiastiques du 2 mai 1763, p. 73-76). En 1767, Montazet publia un Catéchisme du diocèse de Lyon, qui fut attaqué par la Critique du catéchisme en forme de dialogues ; entretiens sur le nouveau catéchisme de Lyon entre un vicaire général, un curé et un oralorien. Dans les trois entretiens, le curé s’applique à montrer que le catéchisme reproduit les propositions de Quesnel. Cette Critique a été attribuée à un jésuite nommé Arnaud. Pour répondre à cette attaque, Montazet publia un Mandement et instruction pastorale portant condamnation d’un libelle intitulé : Critique du catéchisme en forme de dialogues, imprimée sans nom d’auteur, ni d’imprimeur et sans aucune désignation du lieu de l’impression, in-12, Lyon, 1772 (Nouvelles ecclésiastiques du 3 octobre 1673, p. 157-160 et du 18 décembre 1776, p. 203-201). Ce mandement, daté du 6 novembre 1772, insiste sur quelques questions particulièrement visées par la Critique : obligation de rapporter à Dieu toutes nos actions, des vertus chrétiennes, nécessité d’un commencement d’amour de Dieu dans le sacrement de pénitence, de la grâce efficace, du sacrifice de la messe, de la fête de l’Immaculée < onception sur laquelle l’Église n’a rien défini ; enfin Montazet proteste contre les opinions nouvelles qu’on voudrait introduire, contre les jugements téméraires, les déclamations et les calomnies dirigées contre lui. Ce mandement, dans lequel Montazet prétend n’être que l’apologiste de saint Augustin, fut rédigé par le P. Lambert, dominicain (Ami de la religion, t. xxii, p. 167) et par Gourlin (ibid., t. xxiv, p. 382). Il provoqua une réponse intitulée : Les vrais sentiments du clergé du diocèse de Lyon, adressés en /orme de lettres au rédacteur de Mgr l’archevêque, pour servir de réplique à son nu m de me ni donné le 6 novembre 1772. Un Mandement contenant des instructions sur la pénitence et des dispenses de carême, in-4° et in-12, Lyon, 1768, parut le 15 janvier 1708 et forme une protestation contre la facilité à accorder l’absolution : 1° la conversion du cœur, sans laquelle il n’y

a point de vraie pénitence, demande plus de temps et d’efforts qu’on n’en emploie à réconcilier les pécheurs ; 2° la conversion du cœur, quand elle est réelle, produit nécessairement des effets dont la prétendue pénitence des pécheurs n’est pas suivie. L’excessive facilité avec laquelle ils s’imaginent rentrer en grâce avec Dieu rend leur pénitence légitimement suspecte, et le peu de fruit qu’elle produit achève d’en prouver la fausseté. » La pénitence doit être un baptême laborieux. Il acheva l’exposé de ses principes dans deux mandements pour le Jubilé (Nouvelles ecclésiastiques du 19 septembre 1770, p. 151-152 et du 18 décembre 1776, p. 202-203). Ordonnance portant règlement pour le chapitre de l’église primatiale de Lyon sur réquisitoire du promoteur, in-4°, Lyon, 1773, et in-12, 1774. Cette ordonnance, datée du 30 novembre 1773. parle de la résidence des chanoines, de leur assistance aux offices et, en général, de leurs devoirs. Le chapitre de Lyon qui se prétendait exempt de l’Ordinaire, fit appel comme d’abus en 1774 ; le Mémoire pour les doyens, chanoines et chapitre, comtes de Lyon, in-4°, Lyon, 1774, attaque la conduite de Montazet, tandis que le Mémoire pour le syndic du chapitre donne « le tableau et preuves des révolutions qu’ont éprouvé (sic) dans l’église primatiale, ou par le fait du chapitre ou de son agrément, le culte extérieur, les rits, les usages, les cérémonies et les livres liturgiques. En 1776, Montazet publia un nouveau Bréviaire que le chapitre accepta le 13 novembre 1776 ; cependant un écrit intitulé : Motifs de ne point admettre la nouvelle liturgie attaqua le bréviaire de Montazet ; cet écrit, il est vrai, fut condamné au feu le 7 février 1777, après réquisitoire de Séguier (Nouvelles ecclésiastiques du 27 mars 1777, p. 49-52>. L’ouvrage le plus célèbre de Montazet fut son Instruction pastorale sur les sources de l’incrédulité et les fondements de la religion, in-12, Lyon et Paris, 1776 ; les sources de l’incrédulité sont la passion et l’ignorance ; les fondements de la religion sont l’insuffisance de la raison et la nécessité d’une révélation. Les incrédules rejettent la religion à cause de ses mystères, mais les mystères prouvent la grandeur de Dieu que nous ne pouvons comprendre et, d’ailleurs, la soumission que Dieu exige de nous, en nous proposant les mystères est non seulement juste, mais encore salutaire, parce qu’elle abaisse notre orgueil ; enfin il faut remarquer la doctrine admirable de Jésus-Christ et la beauté de la morale chrétienne (Nouvelles ecclésiastiques du 16 octobre 1776, p. 165-168). Ce mandement célèbre fut rédigé par le P. Lambert dominicain. Dans son discours à la rentrée du Parlement, le 12 novembre 1777, Montazet laissa paraître le gallicanisme qu’il avait déjà exposé dans ses mandements de carême de 1768 et 1769, dans lesquels il protestait contre les maximes ullrainontaincs et rappelait les quatre articles de 1682.

En 1780, Montazet donna aux élèves de son séminaire un nouveau manuel de théologie, rédigé par Joseph Valla, sous le titre : Institutiones théologienad usum scholarum accommodâtes, 6 vol. in-12, 1780, dont le P. Valla fit lui-même un résumé en 2 vol. C’est la fameuse « Théologie de Lyon ». Elle fut rééditée à Lyon en 1781 et en 1787, puis à Vence en 1787, et elle se répandit en Allemagne, en Espagne, en Portugal et en Italie ; elle l’ut Introduite en Toscane par Ricci en 1788 et condamnée par l’Index le 17 décembre 1792 ; en 1793, le grand-duc de Toscane, Ferdinand, la fit retirer de ses États, à la demande du nonce, Louis BulTo, et de l’évcquc de Fiésole, Mancin. Une critique de cette théologie parut en 1785, sous le titre : Observations sur la théologie de Lyon, en quatre lettres dans lesquelles l’auteur anonyme (abbé Pey) signale des rélicences et des insinuations qui rendent cette théologie très suspecte de jansénisme.