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MORALE, APPORT DU NOUVEAU TESTAMENT


d’utilité si elle contient quelques indications concernant le point de vue social.

1° D’une manière générale tous les fidèles sont exhortés a pratiquer la perfection chrétienne. 1. Cette pensée est fortement inculquée par Notre-Seigneur dans le discours sur la montagne. Matth., v, 3 sq. En proposant à tous, comme terme suprême de leurs efforts, la possession parfaite des béatitudes, supposant la pratique excellente des vertus les plus élevées, Notre-Seigneur trace, en quelque sorte, le code de la perfection chrétienne, comme l’indique saint Augustin : Si quis pic sobrieque consideraverit, puto quod inveniet in eo (sermone) quantum ad mores optimos pertinet, perfectum vitæ christiamv modum. De sermone Domini in monte, t. I, c. i, P. L., t. xxxiv, col. 1230. Saint Thomas dit de même : Sermo quem Dominus in monte proposuit tolam informationcm christianæ vitæ continet, in quo perfecte interiores motus hominis ordinantur. Sum. theol., I a -Il ffi, q. cviii, a. 3 ; voir J. M. Lagrange, Évangile selon saint Matthieu, Paris, 1923, p. 77.

Cette pensée, d’ailleurs, ressort évidemment des c. vi et vii, où Notre-Seigneur indique les dispositions principales qu’il requiert dans ceux qui veulent pratiquer cette vie parfaite ; dispositions qui comportent beaucoup plus que l’accomplissement de ce qui est strictement commandé : N’est-ce point ce qu’il déclare en recommandant instamment à tous : la pureté d’intention en toutes choses, particulièrement dans la pratique de l’aumône, de la prière et du jeûne, Matth., vi, 1-19 ; le détachement de toutes les choses de la terre, vi, 19-34 ; le soin d’éviter de juger le prochain, vii, 1-6 ; la demande du secours divin par une prière instante et confiante, vii, 7-11 ; la pratique de beaucoup d’effort et d’abnégation, vii, 13 sq. ?

Saint Paul donne aussi, d’une manière saisissante, une exhortation à la perfection à ses fidèles de Philippes. Phil., iii, 12-15. Pour les entraîner à l’effort constant vers la perfection, il se propose lui-même comme modèle. Il se compare aux célèbres lutteurs des jeux olympiques ; oubliant, comme eux, le chemin déjà parcouru, comme eux, étendant les mains vers ce qui est devant lui, comme eux, marchant sans cesse vers le terme, vers la récompense céleste. Parmi les parfaits, qui que l’on soit, c’est la pensée que l’on doit avoir. Si les Philippiens pensent autrement, Dieu leur fera connaître la pensée qu’ils doivent avoir. Que, dans leur amour pour la perfection, tous soient donc les imitateurs de l’apôtre 1

2. L’exhortation à la perfection est présentée par Notre-Seigneur sous une autre forme, quand il presse tous ses disciples de le suivre fidèlement en se renonçant eux-mêmes et en portant leur croix. Matth., xvi, 24 ; Luc, ix, 23 ; xiv, 27 ; cf. J.-M. Lagrange, Évangile, selon saint Matthieu, p. 332. Cette même idée est souvent exprimée par saint Paul, insistant sur cette notion, que la vie chrétienne est une imitation de celle de Jésus-Christ, et que, pour la réaliser en nous, il est nécessaire de mortifier toutes les inclinations ou aspirations s’opposant à ce règne de Jésus-Christ e n nos âmes.et aussi de combattre contre les aspirations du monde opposé à Jésus-Christ. Rom., vi, 3 sq. ; vin, 5 sq. ; xii, 1 sq. ; I Cor., ix, 25 sq. ; II Cor., iv, 1<> ; (lai., v, 24 sq. ; vi, Il sq. ; Tit., ii, 12 sq.

3. I.’exhortation à la perfection ressort aussi avec évidence de la manière dont Notre-Seigneur exprime.

pour tous les fidèles, le commandement de la charité envers Dieu : Diliges Dominum Deum tutun ex loto corde ttio, ri in Iota anima tua et in Iota mente tua. Malt lii, xxiii, 37. Le fait que le commandement ainsi exprimé ne peut être pleinement réalisé que par la possession de la vision intuitive dans l’autre vie, comme I

l’indique saint Thomas, Sum. theol., II a -II a >, q. xlvi, a. 6, suppose l’effort constant pour se rapprocher, le plus possible, de cette perfection finale.

4. Outre ces exhortations générales à la perfection chrétienne, Notre-Seigneur donne fréquemment une exhortation particulière à la pratique de quelque vertu à son degré le plus parfait. C’est ainsi qu’il recommande à tous les fidèles d’être parfaits dans la pratique de la charité fraternelle : Estote ergo perfecti sicut et Pater vester cœleslis per/ectus est. Matth., v, 48 2° D’une manière très spéciale, Notre-Seigneur exhorte ceux qui veulent sincèrement être parfaits, à le suivre de plus près en pratiquant les conseils de pauvreté volontaire, de chasteté parfaite et d’obéissance parfaite, Matth., xix, 21 ; voir J.-M. Lagrange » Évangile selon saint Matthieu, Paris, 19’13, p. 376 ; Conseils évangéliquks, t. iii, col. 1177 sq. ; Chasteté, t. ii, col. 2321 sq. Cet enseignement de Notre-Seigneur est reproduit par saint Paul, du moins pour le conseil de chasteté parfaite, I Cor., vii, 25 sq., voir Chasteté, t. ii, col. 2322.

3° Au point de vue social, notons surtout cette instante et fréquente recommandation, que la pra tique de la perfection chrétienne doit contribuer au bien de tout le corps mystique de Jésus-Christ par le bon exemple, par une aide effective à l’apostolat, par la prière et par la pratique du sacrifice. Sur la doctrine du corps mystique de Jésus-Christ, voir Église, t. iv, col. 2150 sq. ; Jésus-Christ, t. viii. col. 1349 sq.

1. L’exhortation au bon exemple en vue du bien spirituel qui doit en résulter, est donnée à tous les disciples de Notre-Seigneur. Ils doivent être le sel de la terre, Matth., v, 13, en contribuant par le rayonnement de leur foi et de leurs vertus à préserver la société chrétienne et à la rendre plus agréable à Dieu, comme le sel empêche la corruption des aliments et leur donne en même temps plus de saveur. Les disciples de la doctrine nouvelle doivent aussi être la lumière du monde, Matth., v, 14, 16, en faisant resplendir, devant les hommes, l’exemple de leurs bonnes œuvres, afin que le Père qui est dans les deux soit ainsi glorifié.

Même enseignement dans ce grave avertissement de Notre-Seigneur, que tous ceux qui le confesseront publiquement, devant les hommes, par leurs œuvres, par leurs exemples ou de quelque autre manière, seront glorifiés par lui devant son Père. Ils recevront avec le témoignage de leur fidèle service, la récompense méritée. Au contraire ceux qui renieront Notre-Seigneur devant les hommes, il refusera lui aussi de les reconnaître devant son Père. Ils seront ainsi exclus de la récompense céleste. Matth., x, 32 sq. En dehors de ce qui est l’objet d’un strict précepte, on trouve encore ici une exhortation à pratiquer habituellement le bon exemple d’une vie pleinement conforme à la foi chrétienne.

C’est aussi l’enseignement de l’apôtre saint Paul. L’appellation filii lacis donnée aux fidèles de Thessalonique, d’Éphèse et de Philippes, I Thess., v, 5 ; Eph., v, 8 ; Phil., ii, 15, rappelle le conseil donr.é par Notre-Seigneur à tous ses disciples, Matth., v, 14, 16, d’être, par l’exemple de leurs bonnes œuvres, la lumière du monde. La même pensée se retrouve dans le passade où saint Paul demande aux nouveaux convertis de T lie ssaloniquc d’elle des modèles pour tous les croyants en Macédoine et en Achaïe. I Thess., i, 7. De même aussi, dans plusieurs textes où l’apôtre insiste sur la préoccupation habituelle que l’on doit avoir de ne point se rechercher sol-même, mais de donner l’édification au prochain, Loin., xv, 1 sq. ; I Cor., x, 32 se[., et d’être un exemple ad cas qui foris sunt. Col., iv, 5. Mais c’est surtout dans l’épître aux