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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/617

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    1. MOZARABE (MESSE)##


MOZARABE (MESSE), LA PRÉPARATION

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La messe des fidèles.

1. La préparation immédiate.

— L’offertoire comprend au Missale mixtum les oraisons suivantes qui accompagnent les divers actes du prêtre, offrande de l’hostie et du calice, préparation du calice et de la patène sur l’autel, etc., Acceptabilis sit ; Ofjerimus tibi ; Hanc oblationem… et omnium ofjerentium ; In spiritu luimilitatis ; Adjuvate me, fratres, (toc. cit., col. 112).

Offertoire. — Le sacrificium qui suit ces prières répond à l’offertoire. Saint fsidore emploie les deux mots comme synonymes. Dans la lettre ad Ludifr. citée plusieurs fois, il dit sacrificium ; dans le De ofjic, t. I, c. xiv. il dit ofjertoria. Les gallicans ont ici aussi un chant, sonus.

Ceux qui ne devaient pas assister au sacrifice ayant été renvoyés, les diacres enlevaient le pallium qui avait jusqu’ici couvert l’autel, et y étendaient le corporal. Quis fidelium, dit saint Oplat, nescial in peragendis mysteriis ipsa ligna altaris linleamine operiri. Cont. Parmen., 1.V1. Ce linge, appelé quelquefois aussi palla corporalis, et fait de pur liii, recouvrait l’autel tout entier. C’est un usage général qui se trouve attesté pour l’Egypte, pour les Gaules, pour l’Afrique et pour Rome aussi bien que pour l’Espagne. Isid. de Péluse, Lp., cxxiii, ad Dorotheum comilem ; Grégoire de Tours, Hist., t. VII, c. xxii ; Optât de Milèvc, Contra Parmen., 1. VI ; Ordo romanus, dans Mabillon, n, n. 9. Cf. P. L., t. lxxxv. col. 339.

Pendant que le chœur chantait le sacrificium, l’évêque, les prêtres et les diacres recevaient les oblations du peuple, le pain et le vin. Les hommes offraient d’abord par ordre de dignité, puis les femmes, puis les prêtres, les diacres, les clercs, et l’évêque lui-même offrait le dernier. De grandes précautions étaient prises pour que ces pains ne fussent pas touchés de la main ; l’évêque et les prêtres les recevaient sur l’offertorium, ou oblatorium, vase d’argent, d’or ou de cuivre ; à Rome Yoblalorium était remplacé par un linge porté par les acolythes. Le peuple lui-même ne devait pas toucher les offrandes avec les mains, mais les offrir clans un linge. Ces pains de pur froment, à l’origine, pouvaient être des pains levés. L’usage des pains azymes s’établit en Espagne comme ailleurs. Cf. La note de Lesley, loc. cit., col. 339.

Quant au viii, il était présenté dans des burettes ou autres récipients. Les diacres le versaient dans un grand calice destiné à cet usage. Les diacres prélevaient sur les offrandes du pain et du vin ce qui était nécessaire pour la communion et gardaient le reste. Les pains destinés à la communion étaient mis sur une patène et la patène sur l’autel ; le vin était mis dans le calice et mélangé d’eau. Il y avait parfois selon les nécessités plusieurs calices et plusieurs patènes sur l’autel. La patène n’était pas donnée au sous-diacre comme dans le ril romain. Les diacres couvraient les oblats d’un pallium qui d’ordinaire était de soie et parfois brodé d’or ; il est appelé cooperlorium, palla ou palla corporalis. Il y avait une oraison ad extendendum corporalia. Les autres oraisons que l’on trouve dans les livres mozarabes pour ces divers actes sont d’âge postérieur, lui Espagne comme en Gaule, comme à Rome, ces divers actes à l’époque primitive ne sont pas accompagnés d’oraisons. P. L., loc cit., col. 3 Kl cl la note de l.csley, ibid.

L’oblation terminée, l’évêque retournait à son trône et se lavait les mains. C’est aussi ici une coutume antique, attestée par les Constitutions apostoliques, I. VIII, c iii, et par Cyrille de Jérusalem, Catech. myst., . En Espagne, c’est le diacre qui servait l’éyé que dans cet office, tandis que le sous-diacre offrait l’eau aux prêtres et aux diacres pour le même usage. L’évêque revenait alors à l’autel, donnait le signal pour arrêter le chant du sacrificium et disait adjuvate

me, fratres, puis récitait V Accedam ad te, qui appartient à la classe des apologiæ sacerdolis, P.L., loc. cit., col. 113, et l’art. Apologies du Diction, d’archéol. Sur les différences entre ces rites et les modifications qu’ils ont subies dans la liturgie mozarabe au Moyen Age, voir la note de Lesley, col. 535.

Missa. — Le prêtre avec le Dominus sit semper vobiscum ordinaire dit une oraison appelée il/f’.ssa. C’est la première des sept’oraisons d’Isidore. De offic.J. I, c.xiv, Etherius et Beatus la décrivent en ces termes : Prima oratio admonitionis erga populum est, ut omnes excitentur ad orandum Deum, Adv. Elipand., 1. I. C’est bien une oraison de début, le début de la messe des fidèles, une oraison pour les préparer au sacrifice ; elle varie suivant les fêtes et les époques liturgiques, et s’adresse tantôt aux fidèles, dileclissimi fratres, tantôt à Dieu le Père ou au Christ, P. L., col. 113 ; cꝟ. 346 et 539. C’est tantôt une série d’exclamations pieuses, tantôt encore un chant lyrique en l’honneur du mystère ou du martyr dont l’Eglise célèbre la fête. Le Misssel de Bobbio donne une oraison semblable, mais souvent sans titre ; une fois elle est appelée Missa, comme ici, une autre fois collectio et deux fois Pnefatio. Dans les autres sacramentaires gallicans, elle est appelée pnefatio ou præfalio missse. Le titre à’oratio lui est aussi donné dans le Missale mixtum, P. L., col. 539.

Après l’oraison le peuple dit Amen, et le prêtre ajoute ces mots : Per misericordiam tuam, Deus noster qui es benedictus et vivis et omnia régis in secula seculorum. Amen. Puis en élevant les mains : Oremus, et le chœur répond : Agyos, Agijos, agyos. Domine Deus, Rex eterne, tibi laudes et grattas. Postca dical presbyler : Ecclesiam sanctam catholicam in orationibus in mente habcamus… omnes lapsos captivos, infirmos, alque peregrinos in mente habcamus : ut eos Dominus, etc. Cette oraison est simplement appelée dans le Liber mozarabicus : alia oratio, ou même alia. Cf. p. xxi. Et le chœur répond : Presto eterne omnipotens Deus. Le prêtre continue : Purifica Domine Deus Pater omnipotens… ; il fait mention des prêtres qui offrent, du pape, des prêtres et des autres clercs. Suit la commémoraison des apôtres, des martyrs avec énumération des noms. Le chœur intervient dans toutes ces prières par quelques acclamations. P. L., loc. cit., col. 113 : cf. Liber ordinum, col. 23-1, 235 et 186, 191 et aussi Liber mozarabicus. p. xx. Le Liber ofjerentium qui est appelé chez les mozarabes le petit missel, contient cette prière sous une forme bien meilleure et les notes de Lesley doivent corriger celle qu’il donne col. 113. Le Liber ofjerentium a été. inséré dans le Missale mixtum, P. L., col. 530-569. La Prière des Fidèles est à la col. 539 sq. Ces diverses prières, depuis le premier Per misericordiam tuam… Oremus, semblent pouvoir se ramener à la seconde oraison de la messe que saint Isidore définit : stcunda oratio] iiwocationis atl Deum est, ut clémentes suscipiat preecs fidelium. oblalioncmijue eorum. On y reconnaît en effet les traits principaux de la prière des fidèles ou prière litanique, que l’on retrouve à l’origine dans toutes les liturgies. Les liturgies grecques et orientales l’ont conservée ; elle a disparu à peu près dans la liturgie romaine, sauf dans les oraisons solennelles du Vendredi saint qui nous représentent la prière des fidèles sous une de ses formes les plus antiques et les plus parfaites. Dans le missel mozarabe elle est loin de se

présenter avec la même netteté ; elle y a subi probablement de nombreuses retouches. Voir art. Litanies du Diction, d’archéol. Les expressions mêmes Ecclesiam sanctam catholicam in orationibus in mente habcamus, rappellent celles de saint Fructueux en

259 : In mente me huhcrc neersse est sanctam l’.cclesiam catholicam ab Oriente usque ad Œeidenlem