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MOZARABE (MESSE), LA COMMUNION


compliquée, jusqu’à tomber parfois dans la superstition ; ce rite est accompagné d’ordinaire d’un chant confraclio, que l’on retrouve dans la plupart des liturgies ; il est appelé parfois chez les mozarabes Laudes ad confraclionem, cf. Liber ordinum, col. 239, et Liber mozarabicus, p. xxiii. Cf. notre article Fraction dans Diction, d’archéol., et P. L., col. 118 et 557.

Le Pater est récité à la messe mozarabe comme dans la plupart des liturgies, et il est précédé d’un prélude qui varie selon les jours ; c’est à peu près toujours une paraphrase analogue au prélude romain, mais d’ordinaire plus étendu et plus compliqué. Le Pater se termine par un embolisme dont nous parlerons tout à l’heure. P. L., col. 118, cꝟ. 559-561. Chose assez singulière le prélude débute par le mot Oremus chanté par le prêtre. Mais cette rubrique est d’âge postérieur, comme celle qui prescrit Y oremus avant Y Agios. Dans l’Église d’Espagne, à l’époque ancienne, ce n’était pas au prêtre à dire Oremus, mais au diacre, à qui étaient aussi réservées les autres interventions : Fleclamus genua, Erigite vos, I.evale aures ad Dominum, Silentium jacite. Saint Isidore dit des diacres : Hi voces tonitruorum, ipsi enim, clara voce, in modum præconis, admoneat cunclos sive in orando, sive in fleclendo genua, sive in psallendo, sive in lectionibus audiendo, etc. De offic. eccl., t. II, c. vin. Etherius y fait aussi allusion. Adv. Elipand., 1. I. Même usage signalé par le Pseudo-Germain ; cf. col. 1079.

La présence du Pater à la messe dans la plupart des liturgies, au moins à partir du iv° siècle, est un fait bien connu. Cependant en Espagne certains prêtres ne le disaient que le dimanche. Aussi le IV concile de Tolède, can. 10, le proclame-t-il obligatoire chaque jour. La manière de le réciter n’était pas la même partout. En Espagne, le prêtre commence Pater noster qui es in cœlis et le peuple répond : Amen ; ainsi à toutes les demandes. Au Panem noslrum quotidianum da nobis hodie, il répond Quia lu es Deus, et à la fin sed libéra nos a malo. Amen. Le Pater est la septième et dernière des oraisons de la messe selon saint Isidore. De offic, t. I, c. xv. P. L., loc. cit., col. 559 sq.

L’embolisme n’est pas variable, comme chez les gallicans ; c’est une paraphrase de la dernière demande en forme d’oraison litanique.

Liberati a malo : confirmati semper in bono : tibi servire mereamur Deo ac Domino noslro. Pone Domine finem, (le prêtre se frappe la poitrine) peccatis nostris : da gaudium tribuiatis : prebe redemptionem captivis : sanitatem infirmis : requiemque defunctis. Concède pacem et securitatem in omnibus diebus nostris : frange audæiam inimicorum nostrorum : et exaudi Deus orationes servorum tuorum omnium lidelium christianorum in hac die et in omni tempore. Per Dominum, etc., P. L., col. 110.

Le Liberati est chanté comme le Pater ; même usage dans le rit lyonnais et même dans la liturgie romaine au Vendredi saint.

Après l’embolisme, le prêtre prend sur sa patène le fragment d’hostie qui correspond à regnum (voir plus haut la fraction), il le tient sur le calice, et l’y laisse choir en disant : Sancla sanctis et conjunctio corporis Domini nostri Jesu Clirisli : sit sumentibus et polantibus nobis ad veniam : et fidelibus defunctis prestetur ad requiem. De Pâques à la Pentecôte, il dit à la place, et à haute voix trois fois les mots Vieil : leo de tribu Juda radix David, à quoi l’on répond : qui sedes super Cherubim radix David, Alléluia. P. L., loc. cit., col. 119.

Le Sancla sanctis est une ancienne formule orientale, à laquelle fait déjà allusion saint Cyrille de Jérusalem et qui est conservée dans la plupart des liturgies orientales. Elle perd ici un peu de sa force parce qu’elle est dite à voix basse, et qu’elle fait partie d’une oraison de commixtion. Lesley suppose avec raison qu’autrefois le Sancla sanctis se disait à haute voix

en Espagne et en Gaule, comme chez les orientaux, et qu’il était suivi comme en Gaule du Treeanum, chant en l’honneur de la Trinité. Chez les orientaux aussi le Sancta sanctis est une doxologie. P. L., loc. cit., col. 561, note a. Remarquer que dom Martène a relevé dans deux manuscrits d’Angers une formule Sanctum cum sanctis, et Sancla cum sanctis et commixtio, etc., De ant. Eccl. rit., t. I, c. iv, art. 9.

Quant à la formule de Commixtion, il faut naturellement ajouter et sanguinis, à corporis, comme le suggère le polantibus nobis ; elle correspond à celle du canon romain : Hœc commixtio et consecratio corporis et sanguinis, etc., et à celle du canon ambrosien qui est presque semblable. Le rite de commixtio lui-même est ancien et commun à la plupart des liturgies, mais ici comme pour la fraction, il existe une grande variété d’usages. Nous nous contentons de renvoyer à notre article Messe où nous avons signalé ces différents usages. On pourra lire aussi la note où Lesley rapporte ces rites et les compare, loc. cit., col. 561, note b. Cf. aussi Liber ordinum, p. 239-241, et Liber mozar., p. xxiii.

Bénédiction. Le rite de la bénédiction, en Espagne comme en Gaule, est après le Pater. Le diacre avertit le peuple : Humiliait vos benedictioni. Dominus sit semper vobiscum. bj. Et cum spiritu luo. Le prêtre bénit alors par une formule variable et qui est entrecoupée cVAmen comme le Pater. En voici un exemple :

Illustret vos unigenitus fdius Dti lumine adventus sui : qui vos redimere non dedignatus est precio sanguinis proprii. P". Amen. Accingat vos virtutibus pacis : et ditet muneribus copiosis. P". Amen. Ipsumque Dominum semper habeatis protectorem : quem omnipotens pater suscitabit de tribu Juda victorem. R. Amen. Per misericordiam ipsius Dei nostri : qui est benedictus et vivit et omnia régit in secula seculorum. Amen. P. L., col. 119.

Il y a quelques différences pour la forme extérieure de cette bénédiction entre les Églises des Gaules et celles d’Espagne, mais le fait d’une bénédiction à ce moment leur est propre, et le rite chez les unes et les autres présente des analogies frappantes. L’Église d’Afrique avait aussi la coutume des bénédictions épiscopales, comme on peut le voir par la lettre du concile de Carthage à Innocent I er contre Pelage et Célestinus, et par la lettre ci.xxix de saint Augustin à Jean de Jérusalem. Mais ni la liturgie romaine, ni les liturgies grecques et orientales ne suivent cet usage. On trouve à la vérité des formules de bénédictions épiscopales dans les recueils romains, mais ce sont des additions gallicanes. Le VIe concile de Tolède rappelle la pratique d’Espagne par ces mots : Ut post orationem dominicam et conjunclionem panis et calicis, .benedictio in populum sequatur, et tum demum sacramentum corporis et sanguinis Domini sumatur. Canon 18, P. L., col. 592, note b.

Communion. — La communion dans la liturgie mozarabe comprend un ensemble de rites et de formules qu’il faut d’abord décrire : salut au peuple par le Dominus sit semper vobiscum ; chant du Gustate et videle et autres versets, doxologie : Gloria et honor Patri. Pendant le chant du Gustate, le prêtre prend la particule d’hostie qui répond au mot gloria, la tient sur le calice en récitant Panem celestem, puis il dit : Mémento pro morluis et récite les oraisons suivantse :

Domine Deus meus : da mini corpus et sanguinem Pilii tui Domini nostri Jesu Christi ita sumere : ut per illud remissionem omnium peccatorum niercar accipere : et tuo sancto spiritu repleri Deus noster : qui vivis, etc. Ave in evum sanctissima caro Christi in perpetuum summa dulcedo : panem celestem aceipiam, etc.

Il fait le signe de la croix avec l’hostie, consomme

la particule qu’il avait en main, couvre le calice et

, consomme les autres fragments de l’hostie en suivant