Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/627

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

2547

MUNOZ (GILLES-SANCHEZ) — MURATORI

2548

C’est au sujet de sa légitimité, comparée à celle de .Martin V et à celle du mystérieux Benoit XIV, que le comte d’Armagnac questionna Jeanne d’Arc, au lendemain de la délivrance d’Orléans, mai 1429. Mais dès ce moment ie pontificat de Clément VIII touchait à sa fin. Le cardinal Pierre de Foix, envoyé à Alphonse V par Martin V, réussissait à rétablir la paix entre le roi d’Aragon et le pape de Rome, mai 1429. Clément VIII n’avait plus que la ressource d’abdiquer, il le fit de bonne grâce le 20 juillet 1429 ; le 14 août il était réconcilié à l’Église, et recevait en compensation l’évèché de Majorque ; il y mourut en 1446 ou 1447, après avoir refusé le siège de Gérone qu’on lui avait offert en 1431.

Tout l’essentiel sur ce personnage, avec indication des sources dans N. Valois, La France et le grand schisme d’Occident, t. iv, Paris, 1902, p. 450-474.

É. Amann.
    1. MUNOZ Jean-Baptiste##


2. MUNOZ Jean-Baptiste, polvgraphe espagnol (1745-1799). - Né à Museros^ près de Valence, il fit à Madrid de brillantes études, et dès l’âge de vingt ans était nommé professeur de philosophie à Valence. Il y fit une petite révolution en substituant l’enseignement des théories newtoniennes et d’une façon plus générale de la philosophie moderne au vieux peripatétisme thomiste. C’est l’idée qui inspire une dissertation de concours parue à Valence en 17(59 : De recto philosophiez recenlioris in theologia usu. Du même esprit témoigne le De scriplorum gentilium leclione et profanarum disciplinarum studiis ad christianæ pielatis normam exigendis, Valence, 1768 ; les Instilutiones philosophiæ, Valence, 1768 ; les préfaces mises en tête des œuvres latines de Louis de Grenade, en particulier des Colleclanea moralis philosophiæ et de la Rhétorique ecclésiastique. En 1779, il fut chargé par le roi Charles III d’écrire l’histoire des découvertes et des conquêtes des Espagnols dans le Nouveau Monde. Mais les immenses travaux entrepris par l’auteur n’aboutirent qu’à la publication du t. i de Vllisloria dcl Nuovo-Mundo, Madrid, 1793 ; l’œuvre n’a pu être continuée. Munoz mourut en 1799.

Monatliche Correspondenz, Gotha, octobre 1800, t. ii, p. 408-412 ; Jôcher-Rotliermund, Gelehrten Lexikon, t. col. 192 ; Feller-Pérennés, Biographie universelle, t. ix, p. 65 ; Michaud, Biographie universelle, à Mugnoz, t. xxix, p. 51*1 ; G. Ticknor, History of spanish lilerature, 2e éd., t. iii, Londres, 1803, p. 328 su. ; Hoef er, Nouvelle biographie générale, t. XXXVI, col. 950.

É. Amann.
    1. MURATORI Louis-Antoine##


MURATORI Louis-Antoine, théologien et érudit italien (1672-1751). — 1. Vie. IL Œuvres.

I. Vik.

Né à Vignola, aux environs de Modène. le 21 octobre 1672, Louis Antoine Muratori fil ses humanités au collège des jésuites de Modène, de 1685 à 1689. Destiné de bonne heure à l’état ecclésiastique, il avait reçu la tonsure et les deux premiers ordres mineurs en janvier 1688 ; toutefois au sortir du collège, il hésita quelques temps entre l’étude du droit et celle de la théologie. Le 16 décembre 1691, il était reçu docteur in ulroqnc jure, mais il avait pourtant en même temps que le droit étudié les sciences sacrées ; l « ’18 décembre, en effet, il était ordonné diacre, le 21 septembre de l’année suivante, 1695, il recevait la prêtrise. Mais déjà à ce moment il avait quitté.Modène. Le P. Benedetto Bacchini, bibliothécaire du duc de Modène, avait, en effet, remarqué ses particulières dispositions pour les recherches érudites, et l’avaii encouragé à suivre cette voie. Jji 1695, le jeune Muratori, à peine âgé de vingt -trois ans, entrait comme docteur à la célèbre bibliothèque anibrosicnne de Milan. Dès les années suivantes, il se faisait connaître par la publication d’un certain nombre d’inédits. Mal gré les séductions que présentait pour lui le séjour à proximité de la bibliothèque ambrosienne, il avait gardé néanmoins la nostalgie de son pays natal. Dès le début de 1700, il négociait avec le duc de Modène pour rentrer en cette ville en qualité de bibliothécaire et d’archiviste de l’État ; l’affaire était réglée en août, au moins pour ce qui concernait la bibliothèque, et Muratori venait s’installer à Modène ; enfin en 1702 on lui confiait en même temps le soin des archives. De modestes charges ecclésiastiques vinrent s’ajouter peu à peu à ces occupations. Nommé en 17Il prieur et recteur de Saint-Agnès, à Ferrare, il administrait ce bénéfice par un vicaire ; mais quand il eut obtenu, en 1716, la prévôté de Santa-Maria délia Pomposa, à Modène, il s’installa dans la maison prévôtale et remplit avec ponctualité et zèle les obligations de son ministère. Pieux, charitable et très régulier, ce prêtre avait une très haute conscience tant de ses devoirs professionnels que des obligations intellectuelles, que lui créaient et sa situation et les admirables dons de son intelligence. Travailleur infatigable malgré une santé souvent débile, il ne connut guère le repos. Sa vie n’est plus que l’histoire de ses ouvrages, de ses relations scientifiques, des quelques voyages qu’il est obligé de faire pour ses travaux. Il mourut pieusement le 23 janvier 1751 dans la maison prévôtale de Santa-Maria.

IL Œuvres. - L’œuvre littéraire de Muratori est énorme ; à côté de lui pâlissent presque les grands érudits de la France du xviie siècle, les Mabillon, les Montfaucon, les Baluze. Il semble qu’avec lui l’Italie veuille se réveiller d’un long sommeil qui a commencé avec la fin de la Renaissance, et reprendre la maîtrise intellectuelle qu’un instant elle a exercée au début des temps modernes.

D’une fécondité prodigieuse, il est en même temps d’une universalité étonnante. Rien chez lui du spécialiste jalousement confiné dans sa profession, rien du bibliothécaire exclusivement éditeur û’Anecdola. Muratori a su dire son mot dans les questions d’ordre littéraire, aus ?i bien qu’en philosophie, en droit, en théologie, en histoire, même en science et en médecine ; il est intervenu dans une foule des problèmes de son époque, y compris les problèmes économiques. Ce savant modeste, cloîtré en sa bibliothèque de Modène, d’où il n’est guère sorti, a été consulté par presque tout ce que l’Europe de son temps a compté d’illustrations, y compris le pape Benoît XIV qui l’honorait de son amitié. Son Epistolario récemment édité comprend plus de 6000 pièces d’une inouïe diversité.

Il ne saurait être question ici d’énumérer toutes les productions de Muratori (pour les catalogues de ses œuvres voir la bibliographie). Nous laisserons celles qui se rapportent exclusivement à la littérature profane ; nous ne ferons qu’indiquer les productions strictement historiques, parce qu’elles touchent plus ou moins à l’histoire ecclésiastique ; nous accorderons un peu plus d’attention à celles qui se rapportent à l’ancienne littérature chrétienne, à la philosophie ; enfin nous insisterons sur quelques publications strictement théologiques, d’autant que la mention qui en a été faite à divers endroits de ce dictionnaire risquerait d’induire en cireur sur le vrai caractère de ces œuvres.

1° Œuvres historiques. L’est à elles que Muratori doit la grande réputation dont il jouit aujourd’hui encore, dans le monde de l’érudition.

1. Éditeur de textes, Muratori a mis au jour avec l’aide de divers collaborateurs une quantité énorme de documents, encore enfouis dans les bibliothèques de son temps : lieruin itttlicurum svriptores ub urmo une christianw -~>oo ad 1600, quorum polissima pars nuiH primum in lucem prodil ex Ambrosianse, Esten-