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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/636

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MURNER


frummen herren geredt hat und in den druch hat lassen kummen, s. 1., s. d.

9. Le 28 mai 1528, Murner publia les actes de la disputation de Baden. Il n’édita toutefois que la relation du colloque entre Eck et les réformateurs, telle qu’au moment même elle avait été écrite par un des quatre notaires, Jean Huber de Lucerne : Die disputacion von den XII orten einer loblichen eidtgenoschaft zu Baden im ergow irer statl gehalten und vollendet.

10. Après la publication par les réformateurs des actes du colloque de Berne de 1527, Murner imprima une traduction latine des actes de Baden, augmentée d’un extrait du traité de Faber, de ses propres conclusions, de 148 mensonges tirés des écrits d’Œcolampade et d’une foule d’observations blessantes, insérées dans le texte officiel : Causa helvetica orthodoxie fldei, Lucerne, 25 août 1528. Il publia aussi, la même année, un résumé des sermons qu’il avait prononcés contre la thèse sur la messe qu’on avait soutenue à Berne : Die gols néglige mesz von got allein erstiflt ein stàdt und lebendigs opfler, fur die lebendigen und dodten, Lucerne, 12 décembre 1528. Il faut mentionner encore la publication d’un appel de Murner contre le colloque de Berne, suivi d’un exposé des motifs de son abstention : Appellation und bernofj der hochgelôrlen herren und doclores Johannis Ecken, Johannis Fabri und Thome. Murner, fur die XII ôrler einer loblichen Eydtgnosschaft wider die vermeinte disputation zu Bern gehalten, Lucerne, 1528.

11. Enfin, en 1529, il envoya une lettre aux cantons catholiques pour les exhorter à ne pas se laisser déshonorer par les hérésies évangéliques et luthériennes. C’est : Ein sendbrieff der acht christlichen orl einer loblichen Eidlgnosschaft, Lucerne, 1529.

Autres ouvrages.

Citons encore quelques

ouvrages qui se rapportent plus ou moins à la théologie.

1. Invectica contra aslrologos, Strasbourg, 1499. Cet écrit, qui est un des premiers, sinon le premier, que Murner ait rédigé, constitue une réponse à certains astrologues qui avaient prédit à l’empereur Maximilien une défaite dans la guerre contre les Suisses. Il y soutient que, quand il s’agit de choses contingentes, dépendant du libre arbitre, les astres sont sans influence. On ne peut donc rien pronostiquer. — 2. Tractatus perutilis de pilhonico contraclu, Fribourg, 1499. C’est un traité sur la paralysie produite par la sorcellerie. Il invoque des arguments empruntés à Aristote, à Albert le Grand et à Duns Scot pour exposer sa théorie sur la Providence, sur les causes des phénomènes et sur les effets qui paraissent fortuits. Dieu peut permettre à des sorciers de faire des pactes avec le diable et de devenir ainsi ses instruments. Ce traité a été réimprimé dans le Malleus maleficarum, t. ii, Francfort, 1588 et 1600, p. 351 sq. — 3. Nova oratio ad capilulum provincie superioris Aiemanie in ecclesia majori civitalis Solodorensis perorala, s. 1. ni d. Engage ses confrères à mener la vie des anges, qui brûlent d’amour pour Dieu, qui brillent par l’intelligence et qui observent la justice. — 4. Arma palientie contra omnes seculi voluplales, Francfort, B. Murner, 1511. — 5. Ritus et celebratio phase judeorum, s. 1., s. d. — 6. Benedicile judeorum uti soliti sunt anle et post cibi sumptionem benedicere et gralias agere, Francfort, 1515. Il a fourni aussi une traduction allemande de ce dernier travail, Der juden benedicile wie sy gott den herren loben und imumb die speysz dancken, Francfort, Murner, s. a.

III. Attitude vis-a-vis du protestantisme. — Peu d’hommes ont été jugés avec autant de rigueur que Murner. Son nom est arrivé à la postérité chargé des imputations les plus malveillantes. Depuis Wimpheling il s’était formé sur son compte une tradition,

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

reprise par les écrivains du temps de la Réforme et acceptée encore, en grande partie, de nos jours. Les uns lui refusent même le talent poétique, d’autres, qui ne le lui contestent pas, lui trouvent un caractère méprisable ; d’autres encore veulent en faire un collaborateur de Luther, au moins dans la première partie de sa carrière ; d’autres enfin, trouvent une contradiction entre ses censures du clergé et son attitude postérieure à l’égard de la Réforme.

Que penser de toutes ces accusations dont Murner a été l’objet au cours des siècles ? Nous tenons à faire remarquer tout d’abord, que l’on ne peut pas prendre à la lettre, comme ses détracteurs l’ont fait généralement jusqu’ici, les passages où il met ironiquement sa propre personne en scène ; que l’on ne peut exagérer ses défauts en fermant les yeux sur ses qualités ; que l’on ne peut aller puiser des détails pour sa biographie dans des brochures qui lui sont hostiles, telles que le Lévialhan, le Karlhaus, etc. Quand on connaît la violence de la polémique du xvi° siècle, on devrait se méfier des personnalités injurieuses dont sont remplis les pamphlets des disciples de Wimpheling, ceux des luthériens et des zwingliens. Nous n’hésitons cependant pas à dire que, si on l’a malmené, il y a eu de sa faute. Il a été d’une nature légère et inconstante, impétueux, frondeur, plein d’une haute opinion de lui-même, amateur de singularités, s’occupant de tout et n’approfondissant rien. Il a heurté les habitudes des savants alors célèbres, il a persiflé sans ménagement leurs idées, quand elles lui ont semblé fausses, et s’est engagé ainsi dans diverses querelles. Toujours prompt à la riposte, il rendait au décuple les coups qu’on lui portait ; par sa jactance, par sa coutume de se mêler de tout sans avoir l’air de prendre les choses au sérieux, par ses railleries mordantes, il s’était fait des ennemis dans tous les camps, même parmi ses confrères. Mais l’âpreté avec laquelle on lui a reproché ses défauts de son vivant, s’explique par le fait qu’il a eu plus d’esprit que la plupart de ceux qui l’ont combattu. Personne n’a été moins pédant à une époque où le pédantisme régnait en maître. Murner est aux antipodes de Wimpheling qui, susceptible et morose, se plaint sans cesse d’être persécuté. Jusqu’à la Réforme, Murner est d’une bonne humeur inaltérable ; quand on l’attaque, il riposte par des satires. Au lieu de dénigrer ses adversaires, il se borne à se vanter plus fort. Il ne devient violent qu’après s’être laissé entraîner dans les luttes de la Réforme. Alors il se fâche, sa colère devient de la fureur, il ne connaît plus d’autre arme pour défendre sa personne et sa cause que l’outrage.

Quant à l’accusation que, dans la première partie de sa carrière, c’est-à-dire jusque 1520, Murner aurait été un collaborateur de Luther, dans la fondation du protestantisme, on peut répondre que, pendant cette période, ethe des origines de la Réforme, le moine franciscain peut avoir vu tout au plus dans Luther un homme indigné comme lui-même de la décadence générale. Mais, quand il vit Luther se déclarer contre les dogmes et les usages traditionnels, il se sépara de lui et lui déclara une guerre implacable. Jusqu’en 1520, Murner a toujours montré un esprit ouvert, curieux, saisissant au premier coup d’oeil les contrastes que présentait la vie de ses contemporains. Malgré la légèreté de son caractère, il a eu la conscience de la justice et le courage de dévoiler les abus et les travers dont il était témoin. Dans la peinture qu’il fait des mœurs du commencement du xvie siècle, il y a d’ailleurs de l’exagération. L’impression générale, cependant, qui résulte de la lecture de ses ouvrages est qu’à bien des égards ce siècle a été une époque de relâchement. A côté de cette impression s’en dégage, toutefois, une autre plus consolante, à savoir que ce

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