Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
1421
1422
MESSIANISME, L’ÉPOQUE DES ROIS : DAVID


phecy, dans Hebraica, 1887 ; van Hoonacker, Quelques observations critiques sur les récits concernant Bileam, 1888 ; Volck, Bileam, dans Prolest. Realencyclopadie, 1897, t. iii, p. 227-232 ; E. Palis, Balaam, dans Dicl. de la Bible, 1895, t. i, col. 1390-1398 ; A. v. Gall, Zusammensetzung und Herkunft der Bileamperikope, Num., 22-24, 1900 ; Fr. Wobersin, Die Echtbeit der Bileamsprùche, Num., 22-24, 1900 ; H. C. Ackermann, Concerning the nature of Balaam’s vision, dans Angl. theol. rev., 1919-20, p. 233 sq.


III. Les idées messianiques au temps des anciens rois, surtout de David et de Salomon. —

1° Les promesses faites à David par rapport à son royaume (II Reg., vii, 16). —

Le messianisme préprophétique a atteint son point culminant sous le roi David. La royauté, bien qu’elle ait été d’abord envisagée comme contraire à la théocratie, devint bientôt un véhicule très important des idées messianiques. C’est ce qui arriva surtout sous le second représentant de la dignité royale, le pieux David. Lui que plus tard les prophètes aimèrent à présenter comme le type du Messie, il reçut d’importantes révélations sur l’avenir glorieux de sa dynastie, de son peuple, et sur le Messie lui-même.

Lorsque David voulut construire à Sion un temple à Jahvé, celui-ci lui fit savoir par le prophète Nathan que cette entreprise devrait être réservée à son fils. Mais, en récompense de sa bonne volonté, le Très-Haut lui révéla, par la bouche du même voyant, que sa dynastie subsisterait toujours : « Ta maison et ton royaume seront stables devant moi toujours ; ton trône sera solide à tout jamais. » II Reg., vii, 16.

D’après ces paroles, Dieu donna à David l’assurance qu’il fonderait, par opposition à Saiil, une dynastie, et que cette dynastie aurait une durée illimitée par suite de la protection spéciale du Très-Haut. Par là s’ouvrit pour Israël, en tant que gouverné par les descendants de David, une nouvelle perspective de gloire. Les bénédictions accordées par Dieu aux descendants d’Abraham, après avoir été, par les prédictions de Jacob, attribuées spécialement à la tribu de Juda, se concentrèrent sur la maison royale d’Isaïe. Le destin du règne de Dieu sur la terre sera dorénavant lié à celui de la dynastie davidique.

Tel est le sens de II Reg., vii, 16. Comme la plupart des passages précédents, cet oracle n’est qu’implicitement messianique.

Tandis que plusieurs critiques, Cornill, Budde, Gressmann, Nowack, Mowinckel, Sellin même, nient l’authenticité de ce texte, d’autres, surtout Kittel, Dieckmann, Procksch, Gunkel, Dùrr, Dhorme, Kônig, en défendent par des arguments décisifs l’origine davidique.

On trouve un écho de l’oracle de Nathan dans le cantique, II Reg., xxiii, 1-7, qui contient les dernières paroles de David. Dans ce testament, comme on l’appelle d’ordinaire, le pieux roi dit : « Ma maison n’est pas petite devant Jahvé, car il a conclu avec moi une alliance éternelle », 7-5. L’origine davidique de ce passage est encore plus contestée que celle du précédent. Naguère pourtant Causse, Les plus vieux chants, p. 153, a défendu pour ce testament l’opinion traditionnelle.

P. Dhorme, Les livres de Samuel, 1910 ; A. Schulz, Die Bûcher Samuel, 1920 ; W. Caspari, Die Samuelbùcher, 1926 ; Ch. Dieckmann, Die erste Weissagung vom Davidsohn, 1903 ; O. Procksch, Die lellen Worle Davids, Il Sam., XXII 1, 1-7, dans Alllestamentliche Sludien R. Kittel dargebracht, 1913, p. 112-125 ; L. Rost.Di’e Ueberlieferung von der Thronnachfolge Davids, 1926.

2° Oracles de David, Ps., n et cix (hébr. ex). — Beaucoup plus importants que cette promesse faite à David au sujet de sa dynastie sont les oracles qu’il prononça lui-même dans les Psaumes.

Les temps sont passés où une telle affirmation prêtait à sourire à la majorité des critiques. Un retour

vers les positions traditionnelles sur l’origine des Psaumes se marque nettement dans certaines publications récentes, telles que le commentaire de R. Kittel, 1e édit., 1914 et 2e édit., 1922, les Psalmensludien de S. Mowinckel, 1921-1924, l’Introduction à l’Ancien Testament de E. Sellin, 3e édit. 1925, l’étude de Causse sur Les plus vieux chants de la Bible, 1926. Ce dernier surtout, en déterminant les premiers stades de la poésie biblique, ne reconnaît pas seulement des psaumes davidiques, mais même prédavidiques.

Au point de vue messianique, nous revendiquons surtout pour David les psaumes n et cix. Il est vrai que, précisément pour ces deux chants, l’origine davidique en est aussi contestée que la portée prophétique. Pour maintenir l’une et l’autre, il faut braver les attaques les plus variées de presque tous les exégètes modernes. Il nous semble pourtant que nous sommes en mesure d’y répondre, et qu’en attribuant ces deux psaumes au plus ancien temps royal et en les interprétant comme messianiques au sens strict du mot, nous rendons justice à leur véritable caractère. En tout cas nous nous fondons sur des arguments non moins scientifiques que nos adversaires.

Le ps. ii montre les peuples avec leurs princes en révolte contre Jahvé et son oint, le roi de Jérusalem ; ils veulent se débarrasser de leur domination comme d’un joug insupportable. Le Très-Haut, « qui siège dans les cieux » se rit de leur insurrection et les confondra dès qu’il lui plaira. Son oint publie solennellement qu’il a été institué comme roi à Sion par Jahvé lui-même (LXX et Vulgate). Le jour de son intronisation, Dieu lui a dit : « Tu es mon fils ; c’est aujourd’hui que je t’ai engendré. » Par suite Jahvé l’a invité à prendre part à son gouvernement ; il lui a donné les nations pour héritage et les extrémités de la terre pour propriété ; il l’a autorisé à briser les peuples rebelles comme des vases de terre avec son sceptre de fer. Le psaume se termine par un conseil que le psalmiste donne aux princes, le conseil de servir Jahvé avec crainte pour ne pas périr par suite de sa colère.

Il ne peut être question dans ce psaume d’un roi quelconque de Jérusalem auquel on l’aurait adressé le jour de son avènement. Le poète aurait vraiment trop exagéré en lui ouvrant la perspective d’un règne mondial. Étant donné que David est nommé par Jahvé son fils, II Reg., vii, 14 ; ps. lxxxviii (Vulg.), 28, et que dans l’Ancien Orient la royauté est conçue comme ayant une origine religieuse, il a pu dire de lui-même qu’il est engendré par Jahvé. Bien que le terme « engendrer » ait primitivement et d’ordinaire un sens physique, il ne semble pas exprimer ici une véritable génération. Cette acception métaphorique se rencontre aussi dans des locutions semblables de la littérature babylonienne, voir Paffrath, Der Tilel « Sohn der Gottheit » dans Orientalistische Sludien, t. i, 1917, p. 157 sq. ; Landersdorfer, Eine sumerische Parallèle zu Psalm 2, dans Biblische Zeitschrifl, 1923, p. 34 sq. ; Kaupel, Psalm 2 und die babylonischen Kônigslieder dans Théologie und Glaube, 1923, p. 39 sq. En employant le style de cour reçu de son temps, le psalmiste aurait pu faire au roi des compliments plus ou moins exagérés tels que nous en trouvons dans ps. lx, 8, « qu’il trône à jamais devant la face de Dieu », et dans ps. xx, 5 ; III Reg., i, 31 ; mais il n’aurait jamais pu lui annoncer qu’il serait le maître absolu de l’univers. Un tel vœu ne s’explique ni par la fierté nationale des Israélites, comme le suppose Zenner, Die Psalmen nach dem Urtext, herausgegeben von H. Wiesmann, 1906, p. 120, ni par le style somptueux des cours orientales, comme le suggère Gunkel, Die Psalmen ûbersetzt und erklàrt, 1920, p. 9.

Pour cette raison, Kittel, Duhm, N. Peters, Weltfriede und Propheten, 1917, p. 8, en partie Bertholet,