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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/95

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MESSIANISME, APRÈS L’EXIL : ZACHARIE


tions, les Israélites, sous la direction du gouverneur Zorobabel et du grand prêtre Josué, reprirent les travaux.

Quelques semaines plus tard, à cause de la déception provoquée par la comparaison du nouvel édifice avec le temple de Salomon, Aggée fit une seconde fois entendre sa voix pour encourager et rassurer ses compatriotes. Il leur dit que « sous peu » Jahvé ébranlerait le ciel et la terre, la mer et le continent ainsi que les nations ; alors les trésors de tous les peuples seraient apportés à Jérusalem pour orner le nouveau temple qui deviendrait par là plus glorieux que l’ancien, ii, 1-9. L’indication chronologique » sous peu » est en hébreu exprimée par « encore une fois, bientôt cela », en grec seulement par « encore une fois ». Tandis que van Hoonacker préfère la leçon des LXX et regarde « sous peu » comme une glose, Smend, Wellhausen, Marti, Nowack, Kittel prennent — avec plus de raison, nous semble-t-il — « encore une fois » pour une addition. Dans tous les cas ahat, que van Hoonacker traduit par « la prochaine fois », a plutôt, comme Marti le remarque justement, le sens de « d’un coup », « tout à coup », et la proximité du bouleversement est clairement annoncée dans le quatrième oracle par la promesse que Zorobabel y sera sauvé.

Comme, sur ces promesses, les Israélites travaillèrent avec ardeur au temple, le prophète leur annonça, deux mois plus tard, que Jahvé bénit dès maintenant leurs champs, ii, 10-13, et adressa surtout un oracle magnifique à Zorobabel : « Quand il ébranlera l’univers et quand il renversera les trônes, les chars, les chevaux et les cavaliers des royaumes », Jahvé pro. tégera son serviteur Zorobabel et lui donnera une position éminente ; il fera de lui « comme un anneau à cachet », c’est-à-dire, selon la remarque de Sellin, son vizir dans son royaume, ii, 21-23. Ce rôle Zacharie allait le déterminer encore davantage.

iv. zacharie. — 1° Les chapitres I-VIII. — Ce qu’Aggée annonçait ainsi d’une manière brève et sobre, Zacharie, dans le même dessein et à la même époque, le développa avec une imagination exubérante. Dans les huit célèbres visions qu’il eut en la nuit du 24 février 519, il donna aux espérances messianiques une expression toute nouvelle et un éclat particulièrement brillant.

D’abord il aperçoit dans une vallée couverte de myrtes des cavaliers célestes revenir d’une course à travers la terre ; il les entend rapporter à « l’ange de Jahvé » qui les avait envoyés qu’il y a partout repos et tranquillité. Parce que cet état est contraire à celui de bouleversement qu’Aggée avait prédit comme inauguration du temps messianique, l’ange de Jahvé qui est en même temps le gardien do. Jérusalem et de Juda, intercède auprès de Dieu pour ses protégés. Immédiatement il est autorisé à publier la nouvelle consolatrice que, malgré l’apparence contraire, le Seigneur brûle de zèle pour Jérusalem et Sion et qu’il est mécontent des nations ; le temple, la ville sainte et toutes les autres villes seront rebâties et déborderont d’opulence, i, 14-17.

En second lieu Zacharie voit quatre cornes brisées par quatre forgerons : elles représentent le monde païen abattu à tel point qu’il ne pourra plus nuire à Israël, i, 18-21 (hébr. ii, 1-1).

Ensuite apparaît au prophète un jeune homme qui, un cordeau en main, court pour mesurer la Jérusalem future ; un ange l’arrête en lui annonçant que Jérusalem n’aura plus besoin de mur parce que d’une part les hommes et les animaux y seront tellement nombreux, que toute enceinte serait trop étroite, parce que d’autre pari, Jahvé lui-même entourera la ville sainte comme d’une muraille de feu, tout en faisant paraître sa gloire au milieu d’elle, ii, 1-G a (h. 5-10 a). A

cette vision sont rattachées, probablement après coup, par le prophète lui-même, les exhortations suivantes : Que les Israélites dispersés dans le monde, surtout ceux qui se trouvent encore à Babylone, se hâtent de revenir. Que l’on se réjouisse parce que Jahvé viendra demeurer au milieu de Jérusalem, entouré non seulement des Israélites, mais aussi de nombreux peuples qui se rallieront à lui. Que toute l’humanité se taise ; car déjà le Seigneur s’apprête à quitter le ciel et à venir sur la terre, ii, 6 b -13 (10 b -17).

Par la quatrième et la cinquième vision — le texte primitif en est modifié par des paroles postérieures de Zacharie et par des gloses — il est révélé au prophète que les deux chefs de la nouvelle théocratie qui sera incessamment établie, savoir le grand prêtre Josué et le prince royal Zorobabel, jouiront d’une protection spéciale de la part de Jahvé. Zacharie aperçoit d’abord le grand prêtre placé en habit souillé devant le tribunal de l’ange de Jahvé et accusé par le diable. Mais, au lieu d’être condamné, Josué est revêtu d’habits de fête et reçoit la mission de gérer les affaires du temple, et le droit de prendre rang parmi les anges, m, l-8 a. Tout de suite après, Zacharie apprend que la position privilégiée de Josué est partagée par Zorobabel. Il lui est montré un candélabre d’or à sept lampes, flanqué et alimenté de deux oliviers, et il lui est révélé que ces deux arbres représentent les deux oints qui se trouvent comme serviteurs devant le Seigneur de toute la terre, iv, 1-5, 11-14. Comme les oliviers fournissent l’huile au candélabre, ainsi le gouvernement de ces deux chefs procurera la prospérité au nouvel État. (Nous supposons donc avec Knabenbauer-Hagen, t. ii, p. 333, que le candélabre est le symbole du peuple théocratique ; dans ce cas, iv, 10 b, est une glose ; si par contre, comme le supposent van Hoonacker, Nowack, Marti, Sellin, le candélabre représentait Jahvé, il faudrait alors regarder le ꝟ. 12 comme secondaire. Nous ne nous rangeons pas à l’opinion de ces auteurs, parce que dans ce cas la raison pour laquelle Josué et Zorobabel sont représentés par deux oliviers ferait complètement défaut.)

Les deux visions suivantes se rapportent à la purification du pays. Non seulement les pécheurs disparaîtront, mais aussi toutes les impiétés qui sont la source de leurs péchés. Le premier fait est symbolisé par un immense rouleau couvert de malédiction, qui vole au-dessus des coupables pour causer leur mort et la destruction de leurs propriétés, le second par une femme renfermée dans un épha, mesure de capacité, et transportée de Palestine en Babylonie. Il y aura donc une sainteté parfaite dans le nouvel Israël, , v, 1-4, 5-11.

Pour clôturer toute la série de ces révélations nocturnes, la huitième vision, vi, 1-8, revient à la première. Zacharie observe que la tranquillité actuelle des peuples, qu’il avait signalée comme incompatible avec l’avènement du règne messianique, sera remplacée par une grande agitation : quatre chars attelés de chevaux se mettent en route vers les quatre coins du monde, en particulier vers le pays septentrional, c’est-à-dire la Babylonie, pour y apporter l’esprit de Jahvé. Cet esprit de Jahvé ne signifie pas uniquement comme on l’a interprété autrefois et comme le fait encore van Hoonacker, le jugement exécuté sur les païens, ni seulement, comme le supposent d’ordinaire les exégètes modernes, par exemple, Marti, Nowack, Sellin, le zèle excité chez les Juifs de la dispersion pour les ramener, mais les deux ensemble, comme Knabenbauer-Hagen, t. ii, p. 351, l’a bien reconnu. (Inutile de rattacher avec Sellin et Nowack, 15° à viii, 1-6.)

L’enseignement que Zacharie donne de cette façon si originale sur le temps messianique est en outre illustré par une action symbolique, vi, 9-15. Il reçoit l’ordre de