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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/97

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MESSIANISME, APRÈS L’EXIL : ZACHARIE


et sera le chef d’un règne pacifique qui s’étendra d’un bout du monde à l’autre, 9-10.

2. La prophétie suivante, x, 3-xi, 3 — x, 1-2, n’a pas de contenu prophétique — est tout à fait parallèle à la précédente. Il y est relevé en particulier que la puissance de l’Egypte et de l’Assyrie sera détruite et que Juda et Israël seront reconduits en Palestine.

3. xi, 4-17 + xiii, 7-9. — Ici le prophète raconte qu’il a reçu de Jahvé la mission d’accomplir deux actes symboliques. D’abord il doit jouer auprès du peuple malmené par ses chefs le rôle d’un pasteur bon et fidèle. Le prophète le fait, mais il est traité de la façon la plus ingrate. Las de son emploi, il demande son salaire ; on ne lui donne que trente pièces d’argent. Sur cela Jahvé l’invite à représenter un mauvais pasteur qui ne pense pas au bien-être de son troupeau, mais à son profit personnel.

En lisant le texte on a bientôt l’impression qu’il ne peut pas s’agir d’un rôle réel dont le prophète serait investi, mais d’une fiction littéraire sous laquelle il raconte le sort d’un bon et d’un mauvais chef du peuple. Quit sont ces chefs ? Par suite des détails de la description, la réponse à cette question est difficile. Le fait le plus obscur et le plus encombrant est celui qui se lit 8 a, où le bon pasteur dit qu’il a fait disparaître en un mois trois pasteurs ; d’après Knabenbauer-Hagen, t. ii, p. 427, il a déjà trouvé plus de quarante explications. Le prophète parle-t-il de pasteurs et d’événements du passé ou de son temps, ou bien les annonce-t-il pour l’avenir ? S’agit-il donc d’histoire ou de prophétie ? Sous les formes les plus variées ces trois possibilités ont trouvé de nombreux adhérents.

Comme le texte se trouve entre deux autres dont le caractère eschatologique est universellement reconnu, il est tout naturel de l’envisager également comme prophétique. D’autant que l’explication historique n’a pas encore pu être donnée d’une façon satisfaisante, et que la phrase 8 a sur les trois pasteurs destitués qui forme la base de l’interprétation historique est presque sûrement une interpolation tardive (8 a interrompt sensiblement la suite des idées ce qui résulte entre autres du fait que le suffixe de bahem en 8 h se rapporte aux brebis de 7 et non aux trois pasteurs. Aussi Duhm, Marti, Nowack, Sellin tiennent-ils la phrase 8 a pour une glose). Mais l’interprétation prophétique admise, le bon pasteur ne peut pas être un roi historique quelconque ; il ne peut être que le pasteur suprême lui-même, Jahvé, ou son représentant à la fin des temps, le Messie ; car d’après xi, 10, le bon pasteur avait conclu un pacte tout à fait extraordinaire avec tous les peuples pour qu’ils ne nuisent pas à Juda et il va le rompre par suite de la désobéissance de celui-ci. Précisément dans ce verset le prophète pense surtout à Jahvé ; mais dans la suite il passe peu à peu à son représentant eschatologique. Cela résulte du sort final qu’il annonce au bon pasteur : il sera tué. Dans le texte actuel cette prédiction de xiii, 7-9, se trouve séparée de la description des deux actes symboliques. Mais les exégôtes modernes reconnaissent à peu près unanimement qu’il faut rattacher xiii, 7-9 au chapitre xi. Beaucoup pourtant supposent à tort qu’il y est question de la mort du mauvais pasteur. Il ne peut s’agir là que du bon pasteur. Jamais Jahvé ne nommerait le mauvais pasteur « mon pasteur », xiii, 7, et jamais il ne dirait à son sujet : « je frapperai le pasteur et les brebis seront dispersées » ; car ce n’est que la mort du bon pasteur qui cause la dispersion du troupeau.

Le bon pasteur sera donc tellement méconnu par son peuple qu’il sera finalement mis à mort. Mais alors le grand jugement viendra sur Juda, deux tiers

en seront exterminés et la troisième partie qui reste sera purifiée comme l’argent et l’or sont purifiés par le feu, et c’est celle-ci qui s’unira à Jahvé. Si donc le bon pasteur est le Messie, le mauvais pasteur doit être un ennemi qui sera son adversaire par excellence. Plusieurs Pères ont pour ce motif pensé à l’Antéchrist, voir Sellin, p. 512.

4. xii, 1-xiii, 6 ; xiv. — Conformément à la prédiction, xi, 10, que le pacte conclu avec les païens pour les retenir d’attaquer les Israélites sera rompu, les deux dernières parties du Deutéro-Zacharie décrivent le siège de Jérusalem entrepris par toutes les nations.

D’après la description des chapitres xii et xiii, les ennemis seront arrêtés par Jahvé devant les portes de la ville sainte, leurs chevaux frappés d’aveuglement et les cavaliers de folie. Sur Israël par contre Jahvé répandra un esprit nouveau. La suite en sera la conversion du peuple élu qui s’exprimera par un repentir amer et universel du meurtre du bon pasteur : « ils regarderont vers celui (LXX) qu’ils ont percé ; ils le pleureront comme on pleure un premier-né… le pays se lamentera chaque famille à part », xii, 10 sq. Le deuil universel prouve que celui qui a tué été injustement est un chef du peuple. Puisque le prophète vient de prédire qu’on tuera le Messie, il ne peut y avoir de doute que la victime à cause de laquelle on mène le deuil ne lui soit identique, Knabenbauer-Hagen, Orelli, Procksch, Haller, Sellin, Nowack. Cette explication n’est pas rendue incertaine par le fait que le texte hébreu actuel, à la place de « ils regarderont vers celui qu’ils ont transpercé », porte « ils regarderont vers moi qu’ils ont transpercé ». Comme dans l’acte symbolique du chapitre xi le bon pasteur que le prophète doit représenter est autant Jahvé que le Messie, la présence de ce « vers moi » (elai) est fort compréhensible. Mais parce qu’il ne peut pas être dit de Dieu qu’il a été transpercé et qu’on lit aussitôt « Ils le pleureront » et non « ils me pleureront », vers moi est une addition postérieure faite par un scribe qui par suite du chapitre xii pensait en même temps à Jahvé et à son lieutenant. Van Hoonacker, p. 683, préfère la leçon de l’hébreu et traduit ainsi : « ils élèveront leurs regards vers moi. Celui qu’ils ont transpercé, ils se lamenteront sur lui. » Il maintient donc « vers moi », conformément à son explication de l’allégorie du bon pasteur : celui-ci est pour lui uniquement Jahvé. Mais la manière dont il rattache en conséquence « qu’ils ont transpercé » à « ils se lamenteront sur lui » n’est guère possible grammaticalement. La meilleure preuve que sa conception n’est pas exacte, c’est qu’il ne peut donneraucune explication de « celui qu’ils ont transpercé ». Il se tait complètement au sujet de cette victime.

Nous retrouvons donc dans le Deutéro-Zacharie, sous une autre forme, la prophétie du Deutéro- [sale sur le serviteur de Jahvé. Ici et là le représentant eschatologique de Dieu est d’abord méconnu et mis à mort par le peuple et plus tard seulement reconnu et vénéré. Comme la mort du Serviteur devient, dans Isaïe, un, la cause du salut de ceux qui l’ont ainsi maltraité, dans Zacharie, xiii. le moment où le peuple se tourne avec amour et repentir vers sa victime si vénérable devient le point de départ de sa purification : alors s’ouvrira une source miraculeuse dans laquelle tous ceux qui sont souillés par le péché pourront se laver, alors toute idolâtrie et tout prophétisme cesseront, xiii, 1-0.

La seconde description de l’invasion, xiv, contient quelques traits assez différents de ceux de la première : Les ennemis réussiront à pénétrer dans la ville où ils pilleront les maisons et souilleront les femmes. La moitié des habitants sera conduite en exil. Alors seulement Jahvé se lèvera pour repousser