Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
373
374
THÉOLOGIE. L’AGE D’OR DE LA SCOLASTIQUE

n’est qu’une Summa magislralis. Robert Grossetête, Epistulæ, éd. Luard, p. 346-347 ; Roger Bacon, Opus minus, éd. Brewer, p. 328 sq., texte amélioré par A. -G. LiUle dans Arch. francise, hist., 1926, p. 808 sq. Mais le mouvement est donné. Le triomphe de la quæstio sera la Somme de saint Thomas ; on sait que celle-ci est essentiellement à base de « questions », chacune des parties que nous appelons « article » et qu’il vaudrait mieux appeler question étant construite sur le type du problema aristotélicien, et l’ensemble étant organisé, divisé et articulé d’une manière systématique et rationnelle. L’enseignement par mode de lectio. que saint Thomas pratiquera d’ailleurs, pour sa part, quotidiennement et qui nous a donné des commentaires scripturaires, est ici abandonné pour des raisons pédagogiques. Nous avons vraiment une œuvre de « théologie », une science humaine de la Parole de Dieu, ainsi que nous le verrons plus loin.

Pour l’ensemble du XIIesiècle. — E. Michnud, Débuts de la méthode théologique au XII » siècle, dans le Correspondant, t. xxxiv, 1867, p. 122-152 et les ouvrages généraux de M. Grabmann, J. de Gliellinck, Paré-Brunet-Tremblay, É. Gilson.

Sur Anselme de Laon et son école. — J. de Gliellinck, The Sentences <>/ Anselm oj Laon and their place in the codi/ication o/ theology during the xiith Century, dans The Irish theological quarterly, t. vi, 1911, p. 127-4 il ; Fr. Bliemetzrieder, Autour de l’oeuvre d’Anselme de Laon ; Trente-trois pièces inédites de l’oeuvre d’Anselme île Laon ; Théologie et théologiens’te l’école épiscopule de Paris avant Pierre Lombard, respectivement dans Recherches de théol. ancienne et médiévale, 1. 1, 1929, ». 450-483, t. ii, 1930, p. 54-79, et t. iii, 1931, p. 273-291.

Sur l’entrée de la « Logica nova » d’Aristide. — B. Gevcr, l lie ulteii lateinischen Uebersetzungen deraristotelischen Analutik, Topik und Elenchik, dans Philos. Jahrbuch, t. xxx, 1917, p. 23-43 ; Ch.-H. Haskins, Versions oj Aristotle’s l’osterinr Amdutics, dans Studies in the Uistory <>/ Médiéval science, 1921, p. 223-211 ; Fr. Bliemetzi iedei, rVocA einmal die alte lateinische Vebersetiung der Analytica posteriora des Aristoteles, dans Philos. Jahrbuch, t. xxxviii, 1925, P. 230-249, et t. xi., 1927, p. 85-90.

Sur Abélard. - K. Kaiser, Abélard critique, 19U1 ; Th. Heitz, La philosophie et la foi dans l’ouvre a" Abélard, dans Revue des sciences philos, et théol., t. i, 1907, p. 703-727 ; G. Robert, Abélard créateur de la méthode et de la théologie scolastiques, ibid., t. iii, 1909, p. 60-83 ;.1. Cottiaux, La conception de la théologie che : Abélard, dans lievue d’hist. ., t. xxviii, 1932, p. 217-29.>, 533-551 et 788-828.

Sur Gilbert de La Porrée et Alain de Lille. - M.-l). Chenu, Un essai de méthode théologique au XII’siècle, dans Revue des , philos, et théol., t. xxiv, 1935, p. 258-267.

Sur la « Quæstio ». M. Grabmann, Einfûhrung in die Summa théologies, des ht. Thomas von Aquin, Fribourg, 1919 i La Somme théologique de saint Thomas d’Aquin. Introduction historique et pratique, tr. Ed. Vansteenberghe, Paris, 1925) ; 11. Finie-, NicolaUS I rivet, seine QuodUbet und llones ordinarlee, dans Festgabe (-1. Bæumker, dans Beilrdge…, 1923, p. 1-63 ; 1’. Glorieux, La littérature quodlibétique de : <.u d 1., 0, Paris, 1925 ; l’. Mandonnet, Introduction aux s. Thomse Aq. quastiones disputâtes, Paris, 1925, i. i. p. 1-12 ; Saint Thomas créateur de la dispute quodllbélique, dans Kevin des sciences philos, et théol., t. x, 1 928, p. 177-506, et t. xvi, 1927, p. 5-88 ; L’enseignement de la Bible selon l’USagi de Paris, dans Repue thomiste, 1929, p. 189-519 ; F. Blanche, Le vocabulaire de l’argumentation et lo tructurt’l’article dans les oiinriujes de saint Thomas, dans Revue des sciences philos, et théol., i. xiv, 1925, p. 107187 ; ai. Dentpf, Die Hauptformen mlttelallerltcher Weltantchauung, 1925 (sui la naissance des Sommes théologiques) ; i :. Geyer, lier Begrifl der tcholastlschen Théologie, dans Synthèse n in der Philosophie der Gegenwart. Festgabe t. Dyrofl, Bonn, 1926, p. 112-125 ; l. Lacotnbe, The I llones o cardinal Stephen Langlon, dans the Seul Scholas llcltm, i. iii, 1929, p. 1-18 ; <. Lacombe ci A. Landgraf, même titre, ibid., p. 113-158, 61 t. i, p. 115-164 ; l’. Philippe, L’plan des Sentences de lierre Lombard d’après saint Thomas, dans liall. thomiste. Juillet 1932, Noies et connu., p. 131*-154* ; I. Warichez, Les Dlsputaliones de Simon de Tournai, texte medii, Louvain, 1932, Intr., p. sxiii sq. ; R.-M. Martin, Œuvres de Robert de Melun, t. i, Quaritiones de Divina pagina. Texte inédit, Louvain, 1932, Intr., p. xxxiv sq. ; l’are, op. cit., p. 123 sq. ; Fr. Stegmuller, Les Questions du Commentaire des Sentences de Robert Kilwardby, dans Recherches de théol. une. et med., t. vi, 1934, p. 55-70 et 215228 ; A. Landgraf ; Quelques collections de Quæstioncs » de la seconde moitié du XII’siècle, ibid., t. vi, p. 368-393, et t. vii, 1935, p. 113-128.

VI. L’âge d’or de la scolastique. La théologie sous le régime de la métaphysique.

Cette nouvelle période est extrêmement féconde au point de vue de la théologie, et les positions concernant l’objet et la méthode de celle-ci sont particulièrement discutées. La théologie est-elle une science, est-elle spéculative ou pratique, quel est exactement son « sujet » ? Cependant, au delà de ces discussions techniques, un débat d’une très grande importance se poursuit : c’est, en gros, le débat entre aristotélisme et augustinisme. Nous verrons successivement : 1. Aristote maître de pensée rationnelle ; 2. La ligne augustinienne ; 3. Positions et débats d’école ; 4. Le xive siècle. La critique théologique ; 5. Appréciation sur la scolastique.

I. ARISTOTE MAITRE DE PENSÉE RATIONNELLE.

La troisième « entrée » d’Aristote.

La réalité nouvelle qui s’impose à la théologie au xiiie siècle est la philosophie d’Aristote. Cette philosophie s’est d’abord limitée à VOrganun, c’est-à-dire à un enseignement portant sur les instruments et les voies de la pensée. Il est vrai que, au cours du xiie siècle, des éléments de la philosophie proprement dite d’Aristote commencent à pénétrer dans les ouvrages de théologie : Simon de Tournai met celui-ci au dessus de Platon, il connaît, outre VOrganon, le De anima, peut-être quelques fragments de la Métaphysique et commence à faire un certain usage des catégories aristotéliciennes dans le classement des notions, en morale par exemple. J. Warichez. op. cit.. p. xxiv-xxv et xxix. À la fin du siècle, un Pierre de Poitiers fera de même une place à la Métaphysique d’Aristote, Grabmann, op. cit., t. ii, p. 508 ; Etienne Langton à l’Éthique, ibid., p, 499, tandis que le Stagirite aura déjà reçu, chez.Jean de Salisbury, le titre sous lequel il sera cité dorénavant tant de fois, « le Philosophe ». Ibid., p. 447, n. 1. Mais il ne s’agit, en tout cela, que d’utilisai ions sporadiques. Ce changement, qui commence dans une bonne mesure chez un Guillaume d’Auxerre ou un Philippe le Chancelier, au début du xiir 5 siècle, sera l’œuvre d’Albert le Grand et de saint Thomas. Il supposera d’ailleurs une connaissance beaucoup plus complète des œuvres philosophiques d’Aristote que cille dont on pouvait jouir au XIIe siècle.

Malgré des recherches très actives, l’histoire exacte des traductions latines des œuvres du Stagirite et. comme on dit, de l* entrée d’Aristote en Occident comporte encore des lacunes et des Incertitudes, On trouvera dans la Ce éd. de l’Histoire de la philosophie médiévale de M. De Wulf, t, i, 1931, p. 84-80, el t. ii, 1930, p. 25-38, un résumé de ce qui esi acquis a ce jour, avec la bibliographie afférente.

Il existait, avant 1200, outre des traductions anonymes des Llbri naturales d’Aristote (Physique, I>< anima, Dr sensu et sensato, De memoria et reminiscenlla, De morte rt vitaj, une traduction des 1. II et III de l’Éthique d icomaque, nommée l.thicu vêtus, et deux traductions successives, ou peut-être davantage encore, du début de la Métaphysique Jusqu’au 1. I II. c. i. nommées Metaphysica l’cinsiissimu ei Metaphysica velus. Deux vagues de traductions nouvelles se produisent entre 1200 ci 1210.1 ne première, de traductions généralement anonymes et faites sur le grec, amené entre 1200 et 1210 un texte latin « le la Métaphysique, excepté le I. XI ; Vers 1215, des traductions du De anima. De soinno et vlgllla, De generationt ci corruptlone ; vei s 1 2201230, [’Hthtca nova, c’est-à-dire le 1. 1 de’Éthique » r (coinaquc, ei des fragments des 1. in et suivants ; enfin, ’les uloses ei des commentaires < Adam de Bocfeld et anonymes) 1 m’seconde vague est formée de traductions t. nie de l’arabe, en partlcullei pal Michel Scot, a Tolède, avant 1220