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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.2.djvu/87

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DISSENTERS — DIVINATION

établie n’est pas l’église épiscopalienne, mais le presbytérianisme. Le nom de non-conformistes fut donné aux membres des sectes qui, en 1062, repoussèrent l’Acte d’uniformité. Il apparaît officiellement pour la première fois dans l’Acte des cinq milles, par lequel il était défendu aux non-conformistes de s’approcher à plus de cinq milles d’aucune des villes dans lesquelles, avant l’Acte d’uniformité, ils avaient exercé leur ministère (1666). Cf. W. Holden Hutton, The english church from the accession of Charles I to the death of Anne, Londres, 1903, p. 188 sq., 203 sq.

Chacune des sectes dissidentes devant avoir son article dans le Dictionnaire, il est inutile de les énumérer ici.

J. de la Serviêre.

DISTRACTION. Voir Attention, t. i, col. 2215 sq.

DITHÉISME. Voir Manichéisme.

DIVINATION. — I. Définition et distinction. II. Historique. III. Prohibitions. IV. Degrés de culpabilité,

I. Définition et distinction. — 1o Par divination on entend, en général, la prédiction de choses futures ou cachées. Cf. S. Thomas, Sum. theol., IIaIIo, q. xcv, a. 1.

1. Parmi ces choses futures ou cachées, il en est que l’on peut facilement connaître dans leurs causes, quand celles-ci produisent toujours et nécessairement leurs effets. Ainsi, par exemple, en étudiant la marche des astres, les astronomes annoncent, longtemps à l’avance et avec une certitude mathématique, les éclipses de lune ou de soleil, qui auront lieu pendant une série indéfinie de siècles. En cela, rien que de très naturel.

2. Il est d’autres choses futures dont la connaissance est moins absolue, mais qui ne sont pas néanmoins complètement inaccessibles aux investigations humaines. Ce sont celles qui résultent de diverses causes ne produisant pas toujours et nécessairement leurs effets, mais les produisant d’ordinaire, et sauf des exceptions plus ou moins nombreuses. L’expérience, le coup d’œil, la perspicacité permettent alors de faire à leur égard des conjectures, plus ou moins fondées, et qui se réalisent ou ne se réalisent pas, selon leur degré de justesse. Un médecin habile, par exemple, peut prévoir quelles seront vraisemblablement les conséquences d’une maladie, et si elle se terminera par la guérison ou par la mort ; un tacticien, quelle sera l’issue d’un combat ou d’une longue guerre ; un politique, quelles seront pour une grande nation les suites des transformations sociales qui s’opèrent en elle, etc. En cela encore, rien que de très naturel ; mais chacun voit que les connaissances de ce genre sont sujettes à de nombreuses et profondes erreurs.

3. Enfin, il est des choses futures dont la connaissance échappe totalement à l’esprit humain : ce sont les futurs contingents qui dépendent de la volonté libre des créatures intelligentes. La liberté se détermine par elle-même. Dans des circonstances identiques, elle peut produire des effets absolument contraires ; comme, dans des circonstances diverses, elle peut produire des effets identiques. L’homme ne connaît ces futurs contingents libres, que lorsqu’il les voit réalisés. Dieu seul les connaît à l’avance, et d’une certitude absolue, car lui seul voit, dans son éternité, les choses futures, comme si elles étaient présentes. Cf. S. Thomas, Sum. theol., Ia, q. xiv, a. 13 ; q. lvii, a. 3 ; q. lxxxvi, a. 4.

Cette connaissance des futurs libres a toujours été regardée, chez tous les peuples, comme un attribut exclusif de la divinité. Dans l’Ancien Testament, Dieu lui-même en appelle à ce témoignage irréfragable contre les faux dieux des gentils : Annuntiate qusc ventura sunt in futuro, et sciemus quia dii estis vos ; bene quoque aut maie, si potestis, facite, et loquamur, et videamus simul. Is., xli, 23.

Si donc, ajoute saint Thomas, Sum. theol., II a II 3 -’, q. xcv, a. 1, des hommes ont la présomption de connaître et d’annoncer à l’avance les futurs contingents libres, et cela, sans que Dieu les leur révèle, ils s’attribuent manifestement une puissance qui n’appartient qu’à Dieu. Ils usurpent la divinité, se prétendent divins, et c’est pour ce motif qu’on les appelle divins, ex hoc divini dicuntur. Cf. S. Isidore, Etijm., 1. VIII, c. ix, P. L., t. LXXXII, col. 312. Ils se présentent à leurs admirateurs comme remplis de la divinité. Cependant, ils ne cherchent qu’à les tromper par leurs mensonges, leur prédisant ce qu’ils ne peuvent aucunement connaître. Cf. S. Augustin, De civilate Dei, 1. VII, c. xxw ; 1. XXI, c. vi, vii,.P. L., t.XLl, col.223, 716. Voilà pourquoi le mot divination, dit saint Jérôme, est toujours pris en mauvaise part. In Michseam, 1. I, c. iii, P. L., t. xxv, col. 1236 sq. Cf. Schmalzgrueber, Jus ecclesiasticum universum, 1. V, tit. xxi, De sortilegiis, n. 6, 6 in-4o, Rome, 1843-1845, t. v, p. 808.

2o Il ne faut pas confondre, en effet, la divination et la prophétie. Dans celle-ci, selon l’expression de saint Paul, I Cor., xii. 8. 10 ; xiii, 2, 8, les hommes sont illuminés par la lumière même de l’Esprit de Dieu. Dans ce cas, dit saint Thomas, loc. cit., ce n’est pas de la divination, car ce n’est pas l’homme qui devine, c’est-à-dire qui fait un acte divin, non ipse divinat, id est quod divinum est, facit ; mais, par un don de Dieu, il reçoit en lui ce qui est divin, sed magis quod divinum est suscipit.

3o Au sens strict du mot, la divination est donc l’acte par lequel, sans le secours de Dieu, on prétend connaître et annoncer ce que Dieu seul peut savoir ; soit qu’il s’agisse de futurs contingents libres ; soit qu’il s’agisse de pensées secrètes, qui, elles aussi, ne sont connues que de Dieu seul, car lui seul scrute les consciences et les cœurs. III Reg., viii,39. Cf. Suarez, Dereligione, tr. III, I. II, c. vii,n. 2 sq., Opéra omnia, 28 in-4o, Paris, 1856-1878, t. xiii, p. 499.

II. Historique. — 1o Dans l’antiquité. Chez tous les peuples de l’antiquité, en Orient surtout, la divination jouait un grand rôle, et les devins pullulaient. La crédulité à leur égard était telle, que leur profession devint extrêmement lucrative. Selon un mot de Sophocle, les devins étaient, avant tout, des hommes d’argent : τὸ μαντικὸν πᾶν φιλάργυρον γένος. Antigone, 1055. La Bible fait aussi plusieurs fois allusion à leur cupidité. Num., xxil, 7 ; Mich., iii, 11. Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, 3 in-8o, Paris, 1895-1899, t. i, p. 780.

1. À la cour des rois d’Égypte, ils avaient rang parmi les principaux officiers. Ils formaient la classe sacerdotale des ἱερογραμματείς, savants, ou scribes sacrés. On les regardait comme les maîtres des secrets du ciel. Par suite, ils étaient chargés d’interpréter es songes, de prédire l’avenir, d’annoncer, au nom de la divinité, s’il fallait, ou non, commencer telle ou telle entreprise, et si elle aurait un bon ou mauvais résultat. Cf. Gen., xli, 8-25 ; Is., xix, 11 sq. ; de Hummelauer, Comment, in G e ne si iii, in-8o, Paris, 1895, p. 545 ; Maspero, op. cit., t. i, p. 145, 213, 281.

2. À Babylone, comme en Égypte, les devins formaient une haute caste sacerdotale, ayant une place privilégiée à la cour, entourant le roi, et exerçant pour son compte l’art de la divination. Le roi les consultait, avant de commencer une guerre, et pour tous les actes un peu importants concernant l’État, ou ses intérêts personnels. Cf. Dan., i, 20 ; ii, 2, 4, 10, 13, 27 ; iii, 8, 48 ; iv, 3, 4, 6 : Ezech., xii,24 ; xiii, 6, 23 ; xxi, 21, 26, 27 ; xxii,28 ; xx.xiv, 5 ; Is., xlvii, 12 ; Jer., xiv, 14 ; XXVII, 9 ; xxix, 8 ; l, 35 ; ii 57 ; Xahum, ni, 4 ; S. Jérôme, In Ezech., vii, 21 : In Daniel., II, P. L., t. xxv, col. 206, 502 ; Diodore de Sicile, Hist., 1. II, 29 ; Oppert, Histoire de Chaldée et d’Assyrie, in-8o, Paris, 1868 ; Lenormant, La divination