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Page:Alfred de Vigny - Cinq-Mars, Lévy, 1863.djvu/255

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comme le fut le farouche Amidor. La grande nymphe de cet antre a fait un enchantement… »

L’enchantement de la grande nymphe fut complet sur la princesse, qui eut à peine assez de force pour chercher d’une main défaillante, vers la fin du livre, que le druide Adamas était une ingénieuse allégorie, figurant le lieutenant général de Montbrison, de la famille des Papon : ses yeux fatigués se fermèrent, et le gros livre glissa sur sa robe jusqu’au coussin de velours où s’appuyaient ses pieds, et où reposèrent mollement la belle Astrée et le galant Céladon, moins immobiles que Marie de Mantoue, vaincue par eux et profondément endormie.



CHAPITRE XVI

La confusion


Il faut, en France, beaucoup de fermeté et une grande étendue d’esprit pour se passer des charges et des emplois, et consentir ainsi à demeurer chez soi à ne rien faire. Personne, presque, n’a assez de mérite pour jouer ce rôle avec dignité, ni assez de fonds pour remplir le vide du temps, sans ce que le vulgaire appelle les affaires.
Il ne manque cependant à l’oisiveté du sage qu’un meilleur nom, et que méditer, parler, lire et être tranquille, s’appelât travailler.
La Bruyère.


Pendant cette même matinée dont nous avons vu les effets divers chez Gaston d’Orléans et chez la Reine, le calme et le silence de l’étude régnaient dans un cabinet modeste d’une grande maison voisine du Palais de Justice. Une lampe de cuivre d’une forme gothique y luttait avec le jour naissant, et jetait sa lumière rougeâtre sur