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Page:Alhaiza, Cybèle, voyage extraordinaire dans l'avenir, Georges Carré, 1904.djvu/117

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CYBÈLE

C’est dans cet état flottant entre l’illusion et la notion réelle des choses, que notre ami ouvrit le lendemain les yeux, tandis qu’un gai soleil déjà haut sur l’horizon dardait entre les rideaux, sur le tapis de sa chambre, de beaux rayons d’or qui l’invitaient à se lever, ce qu’il fit tout en gardant cette moiteur de pensée qui suit d’ordinaire les grandes fatigues et les longs affaissements. Dès qu’il fut habillé, il alla vers l’appartement de son voisin Alcor, mais le professeur, plus matinal, était sorti depuis longtemps. Trop nouveau dans cette maison pour oser se présenter seul, il resta accoudé à la galerie intérieure, d’où se découvrait l’ensemble de l’habitation. Au-dessous de lui s’étalait une assez grande cour dallée de marbre et garnie de plantes rares entourant la vasque gracieusement ornementée du milieu, le frais patio entrevu lors de l’arrivée. Trois des côtés étaient occupés par le principal corps de bâtiment et par deux ailes formant angles, et, du côté non bâti, se voyait une grille superbe, chef-d’œuvre de serrurerie artistique où une porte ouverte donnait accès à un vaste jardin dont le fond était coupé net par une belle rangée d’ifs sombres ; puis, au delà encore s’élevait une majestueuse et verte frondaison d’autres arbres de grandes essences.

Or ce jardin, cette clôture d’ifs, ces grands arbres du fond, et jusqu’à une échappée de mer bleue qui