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CYBÈLE

riels en ce delta que d’une part les nouvelles alluvions du grand fleuve tendaient toujours à agrandir, mais que d’autre part le niveau montant de la mer submergeait de plus en plus. Et dans cette lutte entre les deux éléments, c’était l’eau qui l’avait emporté sur la terre, de telle sorte qu’elle recouvrait maintenant l’ancien sol de Damiette, de Port-Saïd et de cette antique Alexandrie dont le fanatique Omar employa jadis la fameuse bibliothèque à chauffer six mois durant les bains publics de la ville.

L’Espérance plana bientôt sur le pays, et, virant au sud, se dirigea vers la capitale qui n’était plus la cité arabe d’autrefois et de laquelle il ne restait également que le souvenir. Les conditions climatériques redevenues celles du temps des premiers Pharaons, avaient fait reculer le désert et rendu fertiles toutes les régions de l’Égypte sans compter que le Nil arrosait de nouvelles étendues de terres, grâce au grand barrage qui, des cataractes, le déviait déjà en plusieurs branches et élargissait ainsi considérablement le delta, simple répétition d’ailleurs de ce qui s’était vu à l’époque du grand Sésostris, le même qui apparut dans sa nudité de momie aux savants contemporains de Marius, qui découvrirent son sarcophage et eurent l’insigne honneur de dépouiller le célèbre monarque de ses royales bandelettes trente-six fois séculaires.