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Page:Alhaiza, Cybèle, voyage extraordinaire dans l'avenir, Georges Carré, 1904.djvu/326

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CYBÈLE

mier tressaillement de l’immense massif glaciaire ne devançait que de très peu sans doute l’effondrement total et final, et l’irrésistible poussée de tout un océan qui, refluant vers le nord, allait sur le coup rompre et déplacer le centre d’équilibre du globe. Un tel avertissement changea aussitôt en deuil public les réjouissances qui duraient encore. Un morne silence succéda aux cris joyeux et aux retentissants accords des orchestres. Il n’y eut plus chez chacun d’autre pensée que celle de l’effroyable événement qui semblait ne devoir plus tarder de s’accomplir.

Quand, au matin, Marius entra chez son voisin Alcor, celui-ci n’était plus dans son appartement. Quelque soin pressé l’occupait sans doute déjà au dehors, et alors le jeune homme s’aperçut que le professeur avait dû passer une nuit blanche. Le lit n’était pas défait et la table de travail était encombrée de papiers et de livres en désordre, au milieu desquels se voyait une vieille bible ouverte, sur laquelle il jeta d’abord distraitement les yeux, puis qu’il regarda de plus près. La page en vue commençait au chapitre VI de la Genèse, où se lisait ce passage : « Dieu dit : J’exterminerai de dessus la terre, l’homme que j’ai créé ; j’exterminerai tout, depuis l’homme jusqu’aux animaux, depuis tout ce qui rampe sur la terre jusqu’aux oiseaux du ciel, car je me repens de les avoir faits. »