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Page:Alhaiza, Cybèle, voyage extraordinaire dans l'avenir, Georges Carré, 1904.djvu/39

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CYBÈLE

que Cyrano eut l’occasion de l’apprendre à ses dépens, car on le prit et on le dressa à faire des culbutes et des grimaces pour amuser le public, ne trouvant bon à rien de mieux un homme de son espèce, ce qui n’empêcha pas celui-ci de noter une foule de remarques curieuses dont il nous instruisit à son tour, telles que l’aptitude des Sélénites à se contenter d’odeurs pour toute nourriture, et l’usage de tout payer en monnaie de bel esprit, c’est-à dire par des poésies de leur façon, plus ou moins bien tournées. Marius qui s’inquiétait déjà des moyens par lesquels il pourrait se faire comprendre des habitants s’il lui était donné d’accoster, se rappelait heureusement que le même Cyrano de Bergerac avait lui aussi constaté que là-bas le langage n’est autre que de la musique, mais chez les classes cultivées seulement, le peuple n’exprimant ses pensées que par des signes et des contorsions. Or, dans les deux cas il se sentait rassuré, car notre ami était un musicien passable, et quant aux gestes, n’était-il pas de ce midi où la langue des signes accompagne toujours, si même elle ne devance pas la parole ?

Il y a même eu des explorateurs de plus haut vol encore que ceux dont nous venons de parler et qui ne sont pas sortis des régions sublunaires, témoin ce Micromégas dont la mirifique histoire a été rela-