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CYBÈLE

donnés l’un à l’autre si naturellement que les fiancés n’eussent pu dire quel jour cela leur était arrivé. Pas de soupirs inutiles, pas de coquetteries, pas de jalousie non plus. Il y eut bien cependant le jeune monsieur Camoin, le juge de paix, qui s’était de son côté follement épris de Jeanne et que sa passion entraina à d’insistantes démarches presque humiliantes pour un magistrat ; mais le cœur de Jeanne ne put que le plaindre, car ce cœur appartenait irrévocablement à Marius, et celui-ci le savait si bien qu’il avait fini lui-même par prendre aussi en pitié ce rival malheureux.

Le moment solennel approchait. Numa vraiment n’arrivait pas trop tôt, car le mariage se célébrait pas plus tard que le lendemain. L’église et la mairie étaient prévenues, les invitations aux intimes étaient lancées, les détails du banquet savamment étudiés, tous les meubles anciens des appartements restaurés et bien en place, tout enfin revu et mis en ordre parfait sous l’œil vigilant de la vaillante Martine qui, depuis huit jours, était sur les dents.

À quelques pas de là, au premier étage d’une autre habitation dont les fenêtres donnaient sur un jardin contigu à celui de la maison Foulane, ce qui faisait un assez vaste espace couvert de verdure et de grands arbres, était une chambrette de jeune fille à laquelle Marius pensait bien souvent. Une