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Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/137

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hara-kiri

Il appela le chasseur pour faire avancer un fiacre.

En quittant le salon de Baratte et dès qu’elle fut entrée dans la voiture, la colère de la jeune femme se calma un peu. Elle fondit en larmes. C’est qu’elle en tenait sérieusement, pour le prince. Si leur liaison eût encore duré quelque temps, peut-être s’en fût-elle fatiguée elle-même. Mais cette façon de la quitter publiquement, après un souper, pour aller coucher avec une autre l’exaspérait, la mettait hors d’elle-même. Et, dans l’impossibilité de se venger momentanément, elle pleurait.

Sosthène Poix profita de cette détente pour jeter sa propre adresse au cocher. Cora ne s’en était pas aperçue. Mais, quand la voiture fut arrêtée et qu’en voyant le jeune homme descendre elle comprit son dessein, elle s’écria irritée :

— Non, pas ici, chez moi. Vous êtes fou, je crois. Donnez mon adresse…

Sosthène, stupéfait, insista vainement. Alors, très penaud, il remonta dans le fiacre. Vraiment Cora n’était pas gentille. Puisque le prince la trompait, pourquoi ne lui rendrait-elle pas la pareille ! Il n’y avait rien de bête comme de le faire à la vertu. Depuis longtemps il l’aimait, lui ; elle verrait, il était très-gentil.

Et il approchait de la jeune femme sa bouche pleine encore d’exhalaisons alcooliques, Elle s’é-.