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c’était la première fois qu’on le priait de servir de témoin. Cela le rehaussait à ses propres yeux et comblait un de ses plus vifs désirs. Il se redressa et revint, jugeant convenable de prendre une figure d’enterrement.

Estourbiac fit la présentation :

— Monsieur Julien Boumol, universitaire et homme de lettres.

— Monsieur Albert Levrault, étudiant.

Ils se saluèrent, le jeune gommeux glissant un regard surpris sur la tenue de Boumol, qui manquait totalement de correction. Le journaliste se mit en devoir d’expliquer à ses témoins leur mission.

— Si nous prenions une absinthe ? proposa le pion. On cause mieux.

Ils entrèrent chez Ledoyen et retinrent un cabinet, puis Estourbiac reprit ses explications. L’affaire était peu grave, seulement le prince avait été inconvenant à son égard et il voulait lui donner une leçon. Ayant le choix des armes, il préférait le pistolet. Vingt-cinq pas lui paraissaient une distance convenable… avec tir au commandement. En somme, il ne voulait pas tuer son adversaire, seulement lui, apprendre à vivre… Quant au lieu du combat, cela lui était indifférent, pourvu que ce ne fût pas trop loin de Paris…

— Vincennes, interrompit Boumol. Il y a là un