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Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/17

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hara-kiri

ration devant le spectacle bizarre qui s’offrait à lui. Il n’avait jamais vu d’autre grande ville que Kioto, la vieille cité des mikados, aujourd’hui abandonnée, avec des rues tranquilles et mortes, menant à des temples désertés par leurs prêtres.

Ballotté dans son norimon, il considérait d’un œil ébahi les files de petits ponts, les gens pressés courant les bras écartés, les cangos rapides et les minces habitations de bambous, qui laissaient apercevoir, par leurs cloisons relevées, de jolies femmes aux dents noires, sortant du bain et se dorant les lèvres ou croisant leurs nattes avec les longues épingles d’écaille, puis d’autres accroupies, prenant le thé ou mangeant le riz dans les tasses légères.

Sur une petite place, des soldats, vêtus à la nouvelle mode, manœuvraient aux commandements d’un jeune todjin à fine moustache, grand, bien fait, les cheveux coupés ras. C’était le premier étranger que voyait Fidé. Il fit arrêter les porteurs et longtemps il le regarda, allant, venant, l’air, énergique, la voix forte, habituant ses hommes aux mouvements réguliers de la tactique européenne.

Le norimon de Fidé était riche. Sa belle robe de soie verte serrée à la taille, ses pantalons bouffants, son manteau léger en soie violette la plus fine, dénotaient un samouraï.