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Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/185

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hara-kiri

mandant au cocher de suivre à distance.

L’endroit choisi par le vicomte était assez éloigné. Il fallait, pour y arriver, suivre un sentier serpentant à travers champs, près de la Seine. Le coup d’œil était très pittoresque : au premier plan, le fleuve, égayé du mouvement des chalands et des toueurs avec, derrière, le rideau vert du champ de courses de Maisons, limité par la teinte plus sombre des futaies du parc. À gauche, la tache blanche énorme du château, puis, en face, les grandes arches du pont, découpant, par dessous, des coins panoramiques ; à droite, les contours de la rivière méandreuse se perdaient en de lointaines perspectives dans les tonalités fondues des terres. Tout au loin, du même côté, un monticule énorme, abrupt, dominait l’horizon de sa masse grisâtre. Au coin d’une allée gazonneuse, un bac était établi, avec sa cloche immobile, attendant les clients qui la mettent en branle pour appeler le passeur.

Les jeunes gens, réunis en deux groupes, marchaient silencieusement au milieu de cette gaîté calme des champs. Si le landau se fût trouvé par devant, on eût pu croire, à considérer leur aspect lugubre, qu’ils suivaient un enterrement. Estourbiac, dans le but de réagir, essaya de lancer quelques plaisanteries. Mais elles n’eurent aucun succès. Boumol ne l’écoutait pas et Levrault ne se fût point, pour un empire, départi de sa