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Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/20

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hara-kiri

veilles de la vieille Europe et surtout de ce Paris unique au monde, où les femmes étaient plus enivrantes que partout ailleurs et pareilles à des fées, où se trouvaient des chemins de fer en chaque endroit et où l’on passait dans les rues sur des chars immenses et rapides.

Il parlait des cafés tapissés de glaces, des énormes monuments de pierre, auprès desquels les plus beaux palais de bambous paraîtraient des jouets d’enfants, des bals publics où l’on tourne en des danses plus entraînantes que le chiri-fouri. Il décrivait minutieusement ces choses auxquelles il trouvait toutes les infinies beautés de la patrie absente. Et, à la peinture de ces félicités, Fidé sentait s’éveiller dans son cœur le désir intense de partir sur un de ces gigantesques paquebots qui allaient là-bas, dans les pays féeriques, aussi formidables, comparés aux petites jonques de Yokohama, que la civilisation occidentale elle-même est supérieure à la civilisation japonaise.

Il disait ses aspirations à l’officier, et en même temps les craintes que lui inspirait cet inconnu qui l’attendait au-delà des mers. Durand le rassurait, répondait que ce voyage est aujourd’hui sans péril et que les Français accueillent avec courtoisie les étrangers. En même temps Fidé songeait au prestige qui l’accompagnerait dans