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Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/201

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hara-kiri

— Ah ! c’est comme ça que tu me traites… Eh bien ! écoute, tu t’en repentiras. Tu as éprouvé ce que j’étais capable de faire, mais ce n’est rien… Tu verras… je me vengerai…

Elle sortit avec un geste de menace.

Alors, Fidé se laissa tomber sur un fauteuil, en proie à un grand abattement. Il pensait aux événements de la journée, à Cora, à Estourbiac, à Juliette Saurel, et un immense dégoût l’envahissait. Les souvenirs de la patrie, des vertus natales, lui revenaient à l’esprit avec une étrange intensité, sous les blessures de cette civilisation occidentale qu’il avait jadis désiré connaître. Ainsi donc, tant de merveilles extérieures, tant de raffinements, tant de joies attirantes à la surface, cela aboutissait au fond à une pareille perversité des caractères ! Des femmes soudoyaient des gens pour le faire tuer, promettant comme récompense leurs vénales amours. Des hommes, des écrivains appelés à diriger l’opinion, prostituaient leur plume et leur honneur en de telles aventures. Et les protestations d’amour délicat étaient des comédies. Et les lèvres roses mentaient sous leur apparence d’indignation passionnée. En vérité, mieux valait alors la barbarie des ancêtres. Honte sur cette nation corrompue ! Taïko-Naga avait bien raison et ses haines se trouvaient justifiées : Mieux valait mille fois la simplicité des