Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/210

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
201
hara-kiri

timent religieux, avait pu réunir dans une communauté de but ces personnalités dissemblables.

Tout en lisant le programme de la soirée, le vicomte soulignait chacun des titres de remarques railleuses. Il conclut en disant que sa cousine n’offrait pas des divertissements catapulteux, qu’on allait se rendre malade à s’amuser tant que ça. Mais Partisane, très digne, répondait que c’était idiot, d’accord, mais qu’il fallait avant tout le bien de l’Œuvre, que les catholiques, les gens du monde, devaient s’unir pour résister au torrent révolutionnaire qui rompait ses digues. Et puis, la duchesse avait toujours été de mœurs très sévères, elle ne voulait pas suivre la mode et faire venir des cantatrices chez elle.

Partisane, emporté par l’ardeur du discours, moralisait.

Taïko-Fidé s’étonnait d’entendre causer ainsi ce sceptique, ce joueur, ce blasé, qui, n’ignorant aucune des corruptions de Paris, menait une vie dissolue et parlait ensuite de principes et d’institutions nécessaires. N’ayant jamais étudié le caractère politique des Français, il ne comprenait pas trop ce qui signifiaient les phrases de Partisane. Il cherchait dans la nation fort tranquille et en apparence d’opinion unanime, le torrent révolutionnaire et ne le voyait point. Il se demandait pourquoi ces gens qui vivaient fort tranquillement de leurs rentes s’occupaient du peuple, lequel les