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Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/214

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hara-kiri

filles, qui se sont mariées assez tôt, avaient une dose d’innocence au moins égale, mais, avertie par l’expérience, la duchesse a dû prendre ses précautions à temps.

— Est-ce une de celles-là que nous avons rencontrée au Salon ? demanda le prince. Elle m’a paru fort belle…

— Non, c’est la troisième, mademoiselle Solange de Maubourg. Elle est encore libre, quoique fort courtisée, ajouta le vicomte en souriant, et si l’envie vous prend de vous mettre sur les rangs… nous voici arrivés, je vous présenterai…

Ils étaient dans la rue de Lille. Au coin du boulevard Saint-Germain, des sergents de ville faisaient placer les voitures sur deux files. Elles arrivaient de tous côtés en grand nombre, comme pour une réception dés ministères. Dans la foule brillante des équipages, quelques rares fiacres faisaient des taches poussièreuses, malpropres, piteuses, et par les portières des coupés s’apercevaient des coiffures artistiques, des uniformes brillants d’or et scintillants de crachats, des toilettes claires et des dentelles.

Devant la porte de l’hôtel, de grands laquais à culotte courte, en tenue sévère, recevaient les nouveaux arrivants et les conduisaient aux salons de réception. On traversait une cour centrale, autour de laquelle se dressaient les bâtiments immenses aux larges fenêtres, d’une architecture