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Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/240

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hara-kiri

rel lui avait inspirés. Une joie douce et pénétrante envahissait son âme, faisant vibrer tout le sentimentalisme nerveux de sa nature exceptionnelle, lui donnant le mélancolique désir de mourir ainsi, puisqu’il ne pourrait mériter jamais l’amour de cette enfant.

Tout à coup, il entendit la voix mutine de Solange qui lui disait :

— Vous ne souffrez pas, au moins ?

— Non, mademoiselle. Mais, pourquoi me demandez-vous cela ?

— Pourquoi ?… dame !… écoutez… Mme de Barrol nous a dit ce qui vous était arrivé ce soir…

— Ah ! madame de Barrol… Alors c’est le vicomte qui m’a trahi…

— Justement… il paraît qu’il n’a rien à lui refuser.

— Savez-vous que c’est très méchant, ce que vous dites là, mademoiselle ?

— Vraiment !

Elle fixait sur le prince ses grands yeux interrogateurs. La première fois qu’elle l’avait vu, elle ne l’avait pas remarqué. Maintenant, elle savait son histoire, à peu près ; on lui avait raconté l’amour de Cora, le duel à Maisons-Laffite, l’attentat de la soirée. Ce jeune homme au teint brun, aux traits presque européens avec des détails de lignes rappelant l’Oriental, venant de si loin, menant la vie à grandes guides et se