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Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/291

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hara-kiri

tresse les valeurs dépréciées, prétendant en avoir trouvé le placement. La malechance voulut qu’il fît au même moment d’assez fortes pertes au jeu et aux courses. À la suite de toutes ces belles opérations, le vicomte se trouva à la tête de vingt-cinq mille livres de rentes, sans compter les dettes. Or, il dépensait environ deux cent mille francs par an. Résolument, il divisa ce qui lui restait en cinq parts, aimant mieux continuer à vivre joyeusement et se brûler la cervelle après, que de se ranger et faire des économies, comme un bourgeois. D’ailleurs, il comptait sur la chance et le hasard, ces dieux suprêmes des décavés.

Il se livrait à ces calculs mélancoliques, lorsque le prince vint le trouver un jour à son hôtel. Tous deux avaient des mines longues d’une aune. Malgré la gravité de leurs préoccupations, le vicomte ne put s’empêcher de sourire :

— Nous avons l’air de deux condamnés à mort, mon pauvre cher.

Fidé s’affaissa, sans répondre, sur une chaise longue et se plongea la tête entre les mains.

— Eh bien ! rien de nouveau ? interrogea Valterre.

— Rien. Et vous ?

— Rien non plus. Je suis en train d’hériter de moi-même… Je mange ma dernière succession… Dites-moi donc où en est votre procès ?

En quelques mots, Fidé le mit rapidement au