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Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/338

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hara-kiri

misère… Elle, oh ! elle aura des rentes et sera dame patronnesse de toutes sortes d’institutions extrêmement morales.

Le prince fut révolté d’entendre traiter ainsi sa maîtresse. Il répondit avec une vivacité que tempéraient pourtant sa reconnaissance et son amitié pour Valterre. Celui-ci, agacé par l’entêtement et l’aveuglement de Fidé, usa de moins de ménagements encore. Ils se quittèrent froidement, avec l’intention réciproque de ne plus se revoir.

Le prince revint tristement à pied vers l’avenue de Villiers. En marchant il réfléchissait aux paroles du vicomte, et tout en se disant qu’elles étaient inspirées par son amitié, il les trouvait complètement fausses, s’appliquant à Juliette. D’ailleurs, il sentait bien qu’il lui eût été impossible de rompre. Plus il vivait auprès d’elle, et plus il l’aimait. La jeune femme savait se l’attacher surtout par les sens. Maintes fois la fantaisie l’avait pris de revoir d’autres maîtresses ; toujours il revenait avec des désirs nouveaux, sentant qu’il ne pourrait trouver nulle part les âpres et furieuses jouissances que lui procurait son amour. En même temps, un sentiment absorbant, terrible, se développait en lui : la jalousie. Il ne l’avait point ressenti pendant la période où ils vivaient en tête-à-tête dans leur solitude. Mais depuis qu’à sa prière, ils revoyaient leurs anciens amis, les