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Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/354

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hara-kiri

— Mangeons, approuva Boumol, qui n’avait pas perdu une bouchée et pas écouté un traître mot de la diatribe de Houdart.

Le poète, ayant la sage coutume de se servir lui-même, retourna dans la cuisine, d’où il revint chargé de victuailles. Du reste, la précaution devenait utile. Le dîner, insuffisant pour les dix-sept personnes qui se trouvaient dans la salle, était servi d’abord à la grande table ; ce qui restait — quand il y avait un reste — venait s’échouer sur la petite, rarement des vestiges parvenaient jusqu’au piano. Grâce aux voyages répétés de Houdart, ils dînaient à peu près convenablement, pourtant, car le poète connaissait les cachettes de la cuisine. Fidé, qui ne se sentait aucun appétit, regardait avec curiosité les efforts que faisaient les trois convives de la petite table pour se procurer des vivres, redemandant des plats, s’efforçant d’attirer la bonne de leur côté. Le vin aussi commençait à manquer. On n’en déposait plus que devant Flora, et les rares bouteilles, en arrivant, se vidaient comme par enchantement. Heureusement, Houdart avait fait sa provision. Le vin étant épuisé, on apporta de la bière. À la petite table, on s’empara de quelques cruchons qui furent dissimulés dans un coin. Le repas, très frugal, tirait à sa fin, au grand ennui de Boumol. Les conversations, s’élevant par degrés, les discussions d’art renforçaient le