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Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/36

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hara-kiri

tre les genoux relevant l’étoffe, un petit chat jaune, roulé en boule, dormait au chaud.

À chaque instant, de nouveaux arrivants, excités par la pose abandonnée de la femme et par les promesses de sa chair, lui chuchotaient, en passant, des grivoiseries et, sous prétexte de caresser le chat, glissaient la main sous les jupes.

Elle, sans s’émouvoir, sans même relever les yeux, tant le livre l’intéressait, repoussait la main hardie, d’un petit coup sec sur les doigts, avec un haussement d’épaules. Parfois elle grommelait :

— Fichez-moi donc la paix !

Et le petit chat jaune, tordant son joli museau, allongeait ses pattes douces, bâillait et se remettait à dormir.

À la fin, autour de la jeune femme, un groupe s’était formé. Ceux-là étaient des habitués du Cancan : des étudiants ès-bières, des journalistes tintamarresques, des peintres inconnus, des musiciens vadrouilleurs, des acteurs d’avenir sans présent, des poètes s’éditant à leurs frais ou ne s’éditant pas du tout. Tous faisaient partie d’une société littéraire et artistique de la rive gauche, donnant le samedi des soirées où, sous prétexte d’art, on buvait des bocks en récitant des poésies pimentées ou des scies d’atelier. Dans la semaine, ces artistes qui s’étaient baptisés du nom de