Aller au contenu

Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/369

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
360
hara-kiri

vous entre le souteneur qui, tous les soirs, vend la possession d’une femme et Laban qui livre pour toujours sa fille en échange de sept années de services ? Or, combien y a-t-il de Labans dans notre société, avec cette circonstance aggravante que Jacob est vieux, catarrheux, obèse, glabre, et qu’il achète au poids de l’or une vierge qui cède, sans amour et sans volonté, à l’autorité paternelle ? Dites, entre le souteneur et le père qui vend la main de sa fille, quelle est la différence ? Il y a la distance d’un sacrement, c’est-à-dire rien. Tous deux vendent une femme, l’un à terme, l’autre définitivement. Tous deux sont des alphonses, seulement les pères en question le sont avec privilège. Ce sont des alphonses patentés. Ils ont la marque et sont garantis par L’État. Les autres sont conspués. Où est donc la justice ?

« Et telle est la sottise de notre monde bourgeois qu’on a étendu cette qualification injurieuse d’Alphonse à l’amant qui accepte de l’argent de sa maîtresse. Citez-moi quelque chose de plus drôle : Un homme reçoit d’une femme des faveurs qui se chiffrent dans un autre milieu et qui, souvent même, appartiennent à un mari. Or, cet homme refuserait avec indignation de donner la main à un pauvre diable entretenu par une maîtresse riche, belle et qui n’appartient à personne, elle. Et quand elle serait laide, cette maîtresse ?