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Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/384

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hara-kiri

avec un sourire demi-moqueur, demi-hautain. Elle vend du lait. C’est une fort belle laitière… Elle semble née pour cela.

— Vous êtes très méchante, ce matin.

— Non… énervée… Aussi, je me sauve…

Il l’embrassa encore longuement, et elle s’envola sans bruit.

L’expérience commençait bien, vraiment. Si maintenant il lui demeurait encore un doute, c’est sûrement qu’il possédait une belle dose d’optimisme… Il marcha. Au bout de l’hôtel, dans un boudoir toujours fermé, était un portrait de Madame de Barrol, par Dillon. Longtemps, il le regarda. Le beau visage ovale de Marguerite, saillant du cadre, lui souriait. Il lui sembla que la comtesse l’appelait. À cette heure, la paresseuse ne devait pas être sortie. S’il allait la voir ? Vite, il se décida et fit atteler sa voiture.

La comtesse habitait, sur le boulevard Beauséjour, un véritable nid de jolie parisienne, un petit hôtel enfoui sous des lierres qui laissaient voir seulement l’encadrement fouillé des baies. Un perron monumental montait au premier, allongeant ses rampes ornées de balustres et de vases polychromes en faïence de l’Inde. Des fenêtres du salon, par dessus les rails du chemin de fer de ceinture où les locomotives passaient en sifflant, se voyaient la file des hôtels et les verdures du