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Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/40

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hara-kiri

bourgs. D’une violente secousse, elle se dégagea et fit face à l’assaillant, auquel elle envoya une bordée d’injures.

Les spectateurs, se tenant les côtes, aplatis dans les chaises, étalés sur les banquettes, riaient, riaient. C’était un délire. Ah ! on s’amusait ! Il ne fallait pas sitôt les priver du spectacle. Du geste, de la voix, on excitait les combattants qui, du reste, n’avaient pas besoin d’encouragements.

Mais Joséphine trouvait que ça avait assez duré. Elle s’interposa et, tirant la femme par sa manche :

— Jeanne, ma fille, va t’assoir à ma place. C’est le seul moyen pour qu’ils ne t’embêtent pas. Tu vois bien qu’ils sont tous saoûls…

La bande protesta :

— Oh ! Joséphine !…

Jeanne, reprenant son livre et, d’un coup du plat de la main, remettant en place sa robe et ses jupes froissées, se dirigeait déjà vers le fond. Pendant ce temps, la patronne s’approchait du petit, moitié riant, moitié décontenancé, et lui faisait la morale :

Il était fou de penser à des choses pareilles… devant le monde, encore ! Il ne savait donc pas que cela pouvait déconsidérer son établissement ?… De jolies manières !… Et bien, merci ! si c’était comme ça qu’on se conduisait en Chine !

Et, pour le faire tenir tranquille, elle lui envoya chercher un bock. Lui, hébété, découvrait ses