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Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/437

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hara-kiri

Une lueur intense se projetait au loin. Il fallait attendre que l’incendie s’éteignit de lui-même.

Le lendemain, par une fatalité inexplicable, le feu éclatait à Yokohama, sur plusieurs points à la fois. La lutte, cette fois, fut plus sérieuse. Toutes les pompes des équipages fonctionnaient, de concert avec les corps nationaux. On s’efforçait surtout de préserver les bâtiments de pierre du gouvernement et de la cité européenne. Mais le fléau, une fois encore, demeurait vainqueur. Bientôt les édifices s’écroulaient dans un épouvantable fracas et, à la place qu’ils occupaient, s’élevaient, avec une force nouvelle, des torrents de poussière, de flamme et de fumée.

Dans les rues embrasées, au milieu des bambous fumants et de l’air irrespirable, un vieillard en costume de Samouraï, courait, impassible, brandissant un grand sabre de combat. Il se dirigeait vers le quartier européen. Arrivé auprès du port, là où se réfugiaient les habitants terrorisés, courant à perdre haleine, ses yeux brillèrent d’un éclat infernal et, poussant des cris sauvages qui se perdaient dans l’horrible rumeur de l’incendie, il s’élança à la rencontre des fuyards. Sous sa lame meurtrière, maniée avec rage, les hommes, les femmes tombaient, atteints mortellement et, dans ce carnage, il semblait retrouver toujours des ardeurs nouvelles, hurlant d’une voix farouche :