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Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/94

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hara-kiri

Puis il pensa qu’après tout il serait bien bête de se faire des cheveux blancs, qu’il n’était pas le premier à qui pareille aventure arrivait et qu’il fallait se tirer de là le mieux possible. Il réfléchit un instant, consulta un indicateur des chemins de fer, et, sans sonner son domestique, jeta dans une légère valise du linge et quelques objets de toilette. Il descendit ainsi, après avoir fermé soigneusement la porte de l’appartement, emportant ce qu’il y avait dans son tiroir de valeurs et d’argent, et passa devant son concierge sans mot dire, ayant habitué ce personnage à ne le jamais questionner. Dans la rue, le jeune homme héla le premier fiacre de rencontre, se fit conduire à la gare Saint-Lazare et partit pour Rouen, où il avait de la famille. Saint-Helm, respectant la loi, ne reconnaissait pas les dettes de jeu !

Quant à la Moule, totalement décavé, il sortit du club avec une démarche d’homme ivre, le chapeau à la main, la cravate dénouée, n’ayant plus en poche un sou pour prendre une voiture. Les laquais, endormis sur les banquettes rouges, ne le virent point passer. Il s’en alla par les rues, muet, désespéré… Les laitiers matineux, les balayeurs, les porteurs de journaux tenant sous le bras d’énormes ballots de feuilles humides encore de l’impression, regardaient ce jeune homme élégamment habillé, qui marchait nu-tête par