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Page:Allais - À l’œil.djvu/175

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— Remettez donc votre montre à M. votre oncle. D’ailleurs, vous n’en avez nul besoin au lycée.

Le potache commençait à éprouver de sérieuses inquiétudes pour son horlogerie, quand le bon Sapeck, dont le cœur est d’or, conclut avec une infinie mansuétude :

— Allons, mon enfant, garde ta montre, et qu’elle soit pour toi le symbole du temps qui passe et ne saurait se rattraper : Fugit irreparabile tempus.

Cette histoire de mon ami Sapeck m’est revenue au souvenir, ces jours-ci, à l’épilogue d’une aventure qui m’arriva l’année dernière, et dont le début présente quelque analogie avec la première.

Moi aussi, je fus accosté par un potache. C’était un dimanche après midi, à la fête de Neuilly.

Comme à Sapeck, mon potache me demanda, le képi à la main :

— Pardon, monsieur, vous plairait-il de me rendre un petit service ?

— Si cela ne me dérange en rien[1], répondis-je poliment, je ne demande pas mieux. De quoi s’agit-il ?

  1. Le caractère de M. Alphonse Allais est tout entier dans cette phrase. (Note de l’auteur.)